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Consommation et tendances liées aux drogues au Luxembourg


Depuis vingt ans, le Point Focal luxembourgeois de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), assure pour le compte du ministère de la Santé la surveillance épidémiologique des phénomènes liés aux drogues illicites et aux toxicomanies. Son dernier rapport établit que la consommation de drogues au Grand-Duché a beaucoup changé ces dernières années.

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Si la consommation de cannabis reste le premier contact avec l’usage de drogues illicites, l’usage de cocaïne gagne du terrain ces dernières années. (Photo : illustration archives Le Quotidien).

Concernant l’Union Européenne, selon les dernières données de l’OEDT, 80 millions de personnes auraient consommé au moins une drogue illicite au cours de leur vie et on compterait 1,3 millions d’usagers problématiques d’opiacés. L’usage de drogues en Europe reste historiquement élevé. Des évolutions positives sont toutefois constatées dans la baisse des nouveaux usagers d’héroïne, la diminution du recours à l’injection, le recul des décès liés à la drogue et l’utilisation moindre et en régression de l’usage de cannabis et de cocaïne dans certains pays.

> La problématique locale

« Les tendances au Grand-Duché de Luxembourg reflètent dans les grandes lignes celles observées au sein de l’UE, avec néanmoins des variations locales en matière de prévalence plus ou moins prononcées et une tendance à la baisse du taux de prévalence de l’usage problématique de drogues d’origine illicite », indique l’OEDT. Une nouvelle étude représentative en population générale est en cours afin d’actualiser les données.

En matière de surveillance épidémiologique, le nombre d’usagers problématiques de drogues (UPD) équivalait à 5 084 personnes en 2013. Une analyse plus détaillée a permis de constater une diminution du nombre de contacts avec les forces de l’ordre, qui contraste avec une augmentation du nombre d’usagers en traitement.

Par ailleurs, le nombre de patients en traitement aigu en milieu hospitalier a diminué au cours des dernières années, alors que les traitements spécialisés extra-hospitaliers et les traitements de substitution ont gagné du terrain, « ce qui a permis d’atteindre la meilleure couverture nationale en matière de traitement de substitution au sein de l’UE ». Sur la dernière décennie, « la polyconsommation est devenue le comportement prépondérant chez les usagers de drogues ». Toutefois, la pratique de l’injection tend à diminuer au bénéfice de la consommation par inhalation.

> D’un point de vue médical

La concrétisation des plans d’action nationaux a été accompagnée d’une baisse discontinue « mais notable » du taux de décès par surdosage au Grand-Duché de Luxembourg (27 cas en 2007 et 11 cas en 2013 ). Exprimée en nombre de cas de surdose par rapport à la population générale du Grand-Duché de Luxembourg, cette proportion correspondait à 5,9 décès par surdose pour 100 000 habitants âgés entre 15 et 64 ans en 2000, alors qu’en 2013, 2 surdoses aiguës pour 100 000 habitants ont été enregistrées.

Les données médico-légales de 1992 à 2013 confirment que la quasi-totalité des décès impliquait la consommation d’héroïne. Bien que la moyenne d’âge des victimes ait augmenté de façon continue, la proportion de victimes âgées de moins de 20 ans est restée relativement stable. Et depuis l’ouverture de la première salle de consommation supervisée de drogues jusqu’à fin 2014, quelque 1 800 incidents de surdosage ont été gérés et aucune surdose, prise en charge à l’intérieur de cette structure d’accueil, n’a connu d’issue fatale.

En termes épidémiologiques, le taux d’infection au VIH au sein de la population d’UPD se situe autour de 4%. La proportion moyenne d’usagers intraveineux de drogues parmi les personnes nouvellement infectées par le VIH, a suivi une tendance discontinue à la baisse jusqu’à 2011 pour ensuite accuser une tendance à la hausse (2013 : 8,54% et tendance croissante en 2014). La prévalence VHC (hépatite C), qui avait connu une nette progression jusqu’en 2007, semble s’être stabilisée, bien qu’à un niveau fort élevé.

> Organisation et distribution

Au cours des dernières années, des réseaux de distribution organisés ont vu le jour sur le plan national. L’expansion de ces réseaux plus structurés a contribué à une hausse sensible de la disponibilité de drogues illicites, particulièrement en ce qui concerne l’offre de cocaïne. Les nouvelles drogues synthétiques et produits associés (Legal highs) sont également en progression. Un phénomène plus récent consiste par ailleurs dans le fait que les groupements ont davantage tendance à interagir, tandis qu’auparavant, aucune filière criminelle ne cherchait le contact avec les autres groupes.

Par ailleurs, ces derniers tendent à délocaliser leurs points de vente vers des endroits moins visibles de la police, « tels qu’appartements privés ou cafés ». Un indicateur complémentaire de la disponibilité accrue de drogues illicites au niveau national est à voir dans le fait qu’actuellement, « plus de 40% des usagers s’approvisionnent en drogues illicites exclusivement au Luxembourg, alors que cette proportion représentait seulement 15% en 2008 ».

> Moyens d’action mis en œuvre

Le budget global du Ministère de la Santé alloué aux services et programmes du domaine des drogues et des toxicomanies, est passé de 2,066 millions d’euros en 2000, à 9, 531 millions en 2013, ce qui équivaut à un taux de progression de 360%. De façon générale, les dépenses publiques en matière de lutte contre les drogues et les toxicomanies sont actuellement estimées à 38,5 millions d’euros. Les dépenses allouées exclusivement aux traitements des problèmes liés à l’usage de drogues illicites représentaient 16,2 millions d’euros en 2012.

Les moyens investis dans le cadre du plan d’action 2010-2014, actuellement soumis à une évaluation externe, ont permis de lancer une série de projets, parmi lesquels la planification d’un nouveau centre d’accueil pour personnes toxicomanes, incluant une salle d’injection supervisée à Esch-sur-Alzette et dont l’ouverture est prévue pour 2016.

Le Quotidien Web/Communiqué du ministère de la Santé