La rentrée des classes s’annonce pour ce jeudi 15 septembre. Alors que le SEW/OGBL estime que les enseignants ne sont ni suffisamment valorisés ni déployés en nombre adéquat, retour sur les nouveautés à connaître pour cette rentrée 2022/2023.
Une «voie express» pour devenir enseignant
Comme énoncé dans notre édition de samedi, le concept des «Quereinsteiger» reste fortement contesté par les syndicats d’enseignants. Pour faire face à la pénurie de personnel enseignant, le ministère de l’Éducation nationale offre aux détenteurs d’un bachelor (bac +3), obtenu dans une matière enseignée à l’école, la possibilité de profiter d’une «voie express» pour devenir enseignant.
La nouveauté est que les bacheliers concernés peuvent devenir enseignants à plein titre après avoir suivi une formation pédagogique complémentaire d’un an, dispensée à l’université du Luxembourg.
«Être enseignant au Luxembourg est un métier difficile. En misant sur des enseignants n’ayant pas suivi des études spécifiques, on risque une perte de qualité de l’enseignement. Les “Quereinsteiger“ sont des théoriciens dans un seul domaine, mais doivent enseigner une plus large panoplie de matières», fait remarquer Joëlle Damé, la présidente du SEW/OGBL. La situation serait d’autant plus cocasse que des enseignants qualifiés sont retirés des classes pour travailler dans l’administratif.
Le syndicat dénonce aussi le fait que les chargés de cours, qui disposent eux d’une grande expérience pratique, soient privés de cette «voie express» pour devenir des enseignants attitrés.
«Nous avons besoin de personnes compétentes dans les salles de classe. En accordant plus d’importance à la formation spécifique, mais aussi en écoutant davantage les enseignants, on pourra revaloriser le métier», conclut la cheffe de file du SEW/OGBL.
L’aide aux devoirs et l’«e-bichelchen»
À partir de cette rentrée scolaire, les élèves fréquentant une structure d’accueil (maison relais, foyer scolaire) après les cours en classe pourront profiter gratuitement d’une aide aux devoirs. «Les enfants qui n’ont pas d’endroit où faire leurs devoirs en toute tranquillité à la maison ou pour lesquels la barrière linguistique ne permet pas l’aide des parents ne doivent pas être désavantagés dans leur parcours scolaire», avance le ministère de l’Éducation nationale.
Si le syndicat des enseignants (SNE) se dit «soulagé» que cette nouvelle tâche ait été confiée au personnel des structures d’accueil, le SEW/OGBL «doute fortement de l’apport de cette mesure, qui n’est en fait rien d’autre que l’ancien modèle des études surveillées».
Le principe même d’une aide aux devoirs n’est pas rejeté par le syndicat. «Or le concept développé n’est pas réfléchi jusqu’au bout. Il s’agit d’un emballage trompeur. Le vrai appui des élèves en difficulté doit se faire en classe, par le personnel qualifié», martèle Joëlle Damé, la présidente du SEW/OGBL.
L’aide aux devoirs est accompagnée de l’arrivée du carnet de classe électronique (e-bichelchen). Ce nouvel outil est également vu d’un œil critique par le camp syndical. «Les élèves perdent en autonomie et en sens des responsabilités. En plus, ils sont contraints d’utiliser un outil électronique qui n’est forcément adapté à leur âge», fustige la syndicaliste. Le carnet électronique n’aurait ainsi aucune plus-value par rapport au carnet papier.
L’alphabétisation en français
L’alphabétisation dans les écoles luxembourgeoises se fait depuis des décennies en allemand. Au vu des difficultés rencontrées par des élèves ayant grandi dans un milieu plus francophone, le ministère de l’Éducation nationale s’est décidé à introduire, dans le cadre d’un projet pilote, l’alphabétisation en français.
Ont été sélectionnés dans un premier temps les écoles fondamentales de Larochette, Dudelange (école Deich), Differdange (école fondamentale Oberkorn) et Schifflange (école Nelly Stein). Ces écoles ont été retenues sur base de la composition hétérogène de leur population scolaire.
Le SEW/OGBL cite des experts qui estiment que le français est la deuxième pire langue pour alphabétiser les enfants. «Mais nous ne voulons pas nous fermer à la discussion. Le ministre devrait toutefois être prêt à écouter aussi les voix plus critiques pour mettre en place un concept cohérent», souligne Joëlle Damé, la présidente du SEW/OGBL.
Elle ajoute que «le succès des écoles internationales ne repose pas forcément sur l’alphabétisation en français, mais sur l’emploi flexible des langues. Cette flexibilité devrait aussi pouvoir être introduite dans les écoles publiques». Se contenter d’offrir l’option d’une alphabétisation en français «n’est certainement pas la solution miracle pour éviter que la langue demeure un facteur d’exclusion».
Dans chacune des écoles sélectionnées pour le projet pilote, une frange d’élèves a été identifiée en amont pour pouvoir bénéficier de l’alphabétisation en français.