Nouvelle escalade dans le dossier de l’arsenal nucléaire nord-coréen : Pyongyang a adopté une loi l’autorisant à mener une frappe atomique préventive et déclarant « irréversible » le statut de puissance nucléaire du pays.
Cette annonce intervient dans un contexte de relations intercoréennes tendues. Pyongyang a conduit un nombre record de tests de missiles cette année, et a accusé Séoul d’être responsable de la récente épidémie de Covid-19 qui a frappé le pays.
Cette loi permettra au régime nord-coréen de déclencher une frappe nucléaire préventive « automatiquement » et « immédiatement pour anéantir des forces hostiles » si une puissance étrangère venait à menacer Pyongyang, selon l’agence d’État KCNA.
Par ce nouveau texte, « le statut de notre pays en tant qu’État doté de l’arme nucléaire est devenu irréversible », a déclaré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, selon KCNA.
En juillet, Kim Jong-un avait affirmé que son pays était « prêt à déployer » sa force de dissuasion nucléaire encas d’affrontement militaire avec les États-Unis et la Corée du Sud.
«Hors de question de renoncer»
« Il est totalement hors de question (pour nous) de renoncer à l’arme nucléaire, et il ne saurait y avoir de dénucléarisation ou de négociation », a-t-il déclaré jeudi dans un discours devant le Parlement nord-coréen, selon KCNA.
Ce nouveau texte témoigne de la confiance de Kim Jong-un dans les capacités nucléaires et militaires de son pays, en particulier dans ses missiles balistiques intercontinentaux pouvant frapper les États-Unis, a affirmé Cheong Seong-chang du Centre des études nord-coréennes à l’institut Sejong.
Cette loi « justifie publiquement l’utilisation de l’arme nucléaire par Pyongyang », notamment en réponse à une attaque non nucléaire, a observé Cheong Seong-chang.
Des liens plus étroits avec la Chine et la Russie
La Corée du Nord a procédé à une série record d’essais d’armes cette année, notamment en tirant un missile balistique intercontinental pour la première fois depuis 2017.
Des responsables américains et sud-coréens ont averti de manière répétée que le Nord se prépare à conduire un nouvel essai nucléaire.
La question, non résolue, de l’allègement des sanctions et de ce que Pyongyang serait prêt à céder en retour a mis en arrêt depuis 2019 les négociations entre Washington et Pyongyang.
Pour Yang Moo-jin, professeur à l’université des études nord-coréennes, le nouveau texte réaffirme clairement la position de Pyongyang, qui estime que les négociations sur la dénucléarisation ne sont plus au programme.
« Pyongyang va probablement nouer des liens plus étroits avec la Chine et la Russie contre Washington, et (…) mener un septième essai nucléaire dans un avenir proche », a-t-il avancé.