À TABLE Luka Mladenovic, récent tombeur du 21e mondial, vient d’enchaîner les bonnes perfs. Visiblement, le travail qu’il effectue sur lui-même commencer à porter ses fruits.
Si la plupart des pongistes goûtent désormais à des vacances bien méritées, ce n’est pas le cas de Luka Mladenovic. En effet, celui qui est désormais 241e mondial enchaîne. Après les championnats d’Europe de Munich, il s’est ensuite aligné au tournoi d’Olomouc la semaine dernière, puis a pris la direction de Bergneustadt pour participer au premier match de Bundesliga de son équipe de Mayence, avec qui il est monté au sein de l’élite en fin de saison dernière.
Et c’est lui qui a mis son équipe sur les bons rails en prenant le meilleur en trois petits sets (7, 11, 8) sur l’Égyptien Omar Assar, qui pointe au 21e rang mondial : «Sur le plan du ranking, c’est l’adversaire le plus fort que j’ai battu. Il a fait les JO, c’est un nom en tennis de table. Mais pour autant, je ne dirais pas que c’est ma plus grande victoire en termes de jeu. J’ai fait un match solide, mais pas exceptionnel. Mon jeu lui a posé des problèmes. Je peux être fier de la victoire, mais ce n’est pas comme si j’avais fait quelque chose que je n’avais jamais fait avant», analyse le jeune homme de 23 ans.
Un succès insuffisant
Son superbe succès aura malheureusement été insuffisant, puisque ses coéquipiers se sont tous fait battre et que Mayence a entamé son aventure en D1 allemande par une défaite à l’extérieur.
Mais cette victoire a permis de confirmer que Luka Mladenovic traversait une très bonne passe. Aux championnats d’Europe de Munich, il n’était pas sorti des poules en simple. Et ça l’avait marqué : «C’était un tournoi que j’avais préparé avec l’ambition d’intégrer le tableau principal.» Il avait malgré tout réalisé un beau parcours en double mixte, en compagnie de Ni Xia Lian, avec qui il avait atteint les huitièmes de finale. Et validé son billet pour les Jeux européens de Varsovie, l’été prochain : «C’est quelque chose de très cool. D’ailleurs, je ne savais même pas qu’on s’était qualifiés, je ne l’ai appris qu’un peu plus tard.»
Et ce résultat est d’autant plus encourageant que le duo n’a pas franchement eu l’occasion de s’entraîner ensemble : «On a beaucoup de potentiel. On ne se connaît pas encore très bien, si bien qu’on ne sait pas encore ce qu’il faut jouer pour mettre l’autre dans les meilleures conditions pour rattraper la balle. Je suis sûr qu’avec plus d’expérience et d’entraînement, on peut jouer bien mieux.»
Un déclic après Munich
Mais la déception du simple a fait l’effet d’un déclic dans la tête de Luka Mladenovic : «J’étais très déçu de sortir dès les poules. Du coup, j’ai essayé d’analyser ce qui n’avait pas marché pour avoir le bon état d’esprit pour le prochain tournoi.» Et c’est donc avec une toute nouvelle mentalité qu’il a abordé le WTT Feeder d’Olomouc, en République tchèque, la semaine dernière : «On ne peut pas tout le temps être au top, ça ne peut pas marcher tous les jours.
Mais on peut influencer le mental. Analyser les choses pour faire en sorte de prendre les bonnes décisions qui peuvent permettre de remporter un match. Je ne veux pas perdre parce que je n’aurais pas joué comme il le fallait. Et ça a bien marché à Olomouc», résume-t-il.
En effet, il réussira un parcours parfait en poules (3 victoires) et se qualifiera pour le tableau final, où il cédera en cinq manches assez accrochées (-11, -14, 9, -6, -4) face au Coréen (WR 109), futur lauréat du tournoi : «J’ai eu ma chance mais je n’ai pas su saisir l’opportunité. Maintenant, je n’ai pas de regret, j’ai donné tout ce que j’avais. Je n’avais pas un niveau extraordinaire point de vue ping, mais j’étais costaud dans la tête.»
« Le ping, c’est au moins 50 % dans la tête »
Et, selon ses propres dires, c’est vraiment le plus important : «Le ping, à mon avis c’est au moins 50 % dans la tête, si ce n’est plus. Tout le monde sait jouer. Tout le monde a la technique. Tout le monde a les coups. Dans ces conditions, c’est la tête qui va faire la différence. Si tu es bien dans la tête, tu as la possibilité de jouer à ton plus haut niveau.»
Un travail psychologique de longue haleine, débuté il y a un peu plus de deux ans avec un psychologue du LIHPS (Luxembourg Institute for High Performance in Sport) qu’il connaît depuis qu’il a 12 ans, puisqu’il officiait au Sportlycee : «Je suis content du travail qu’on a fait. Il reste forcément beaucoup à faire, mais j’ai l’impression que je suis sur le bon chemin.»
Demain avec Leo Barreiro, dimanche face à Boll, Qiu et Cie…
N’étant jamais aussi efficace dans son ping que quand il se sent bien dans sa tête, Luka Mladenovic va très bien. Et l’ambiance qui règne au sein de l’équipe nationale n’y est pas pour rien : «C’est vraiment une ambiance phénoménale. Chez les messieurs, avec Eric (Glod), on est très amis et on se réjouit chaque fois que l’un fait une belle perf. On s’entend très bien avec les jeunes qui arrivent. Et avec les filles, on forme une équipe. On est là pour elles et elles sont là pour nous. On se connaît très bien et c’est toujours un plaisir de se retrouver ensemble en compétition. Quand je suis avec l’équipe nationale, je me sens bien. Relax. Et je peux donner le meilleur de moi-même.»
L’équipe nationale fait une pause. Mais pas Luka Mladenovic. Après son premier match en Bundesliga à l’extérieur, celui qui est passé par la Regional Liga avec Mayence avant de progressivement monter les échelons se prépare à accueillir, dimanche à domicile, tout simplement la meilleure équipe d’Europe : le Borussia Düsselforf.
« Un énorme défi »
Avec, dans ses rangs, des joueurs d’exception comme l’ancien n° 1 mondial et multiple champion d’Europe Timo Boll, le récent champion continental Dang Qiu ou encore le Suédois Anton Källberg, actuel 19e mondial : «Ce sera un énorme défi, mais j’adore ce genre de challenges. C’est pour ce genre de rencontres qu’on est montés en Bundesliga. On ne va pas baisser la tête. Je suis très chaud. On verra bien ce qui va en ressortir.»
Avant de se retrouver à table face aux superstars de Düsseldorf, Luka Mladenovic doit remplir une obligation médiatique. En effet, il a été convié vendredi, par la presse locale, à une interview avec un certain Leandro Barreiro, footballeur international luxembourgeois qui évolue au sein de l’équipe de Mayence, en Bundesliga : «Je connais très bien Leo. On était ensemble en classe de la 7e à la 4e et on était même assis l’un à côté de l’autre pendant deux ou trois ans. Il est venu voir mes matches, je suis allé voir les siens. C’est quelqu’un que j’adore et qui n’a pas changé d’un pour cent depuis que je l’ai connu.»