VUELTA Alex Kirsch a profité de cette première journée de repos pour rapatrier tout le monde en Espagne pour faire un premier point après trois étapes aux Pays-Bas.
Quel bilan tirez-vous après ces trois premières étapes?
Alex Kirsch : On est franchement assez contents. Sur le chrono par équipe, on a assez bien géré avec une équipe composée de spécialistes et de deux grimpeurs. On espérait terminer à la quatrième ou cinquième place, mais un de nos spécialistes a crevé après 1 km, dans ces conditions, la huitième place est correcte.
Et les deux suivantes, deux deuxièmes places avec Mads Pedersen?
Oui, c’était bien. D’autant mieux que ces deux étapes étaient les deux sur lesquelles on pensait avoir le moins de chance. Mads préfère les étapes plus dures, plus vallonnées. Et là, on joue deux fois la victoire, donc c’est très bien. On a fait un bon boulot d’équipe.
Est-ce que vous auriez pu faire encore mieux?
Je ne pense pas. Lors de la première arrivée au sprint (NDLR : samedi), le seul petit truc, c’est que j’ai décidé de prendre la roue d’un Arkea qui remontait sur la droite en me disant qu’il allait me mettre dans les conditions idéales pour lancer Mads. Mais dès que j’ai pris sa roue, il s’est relevé, du coup, on était un peu loin. Après, j’ai réussi à bien gérer, je suis parti lentement puis j’ai progressivement accéléré. Et dimanche, c’était un peu plus compliqué. Il y avait de longues lignes droites et vent de face. C’était un leadout différent, mais j’ai trouvé la bonne roue pour Mads. Je l’ai mis dans celle de Bennett (NDLR : l’Irlandais de la Bora, vainqueur des deux étapes samedi et dimanche). Je pense qu’il aurait même pu gagner si McLay ne l’avait pas bloqué, l’obligeant à freiner avant de reprendre son sprint. Sans cela, il l’emportait.
Chaque fois qu’il parle, Mads Pedersen loue votre travail. Et visiblement, ce n’est pas le seul. Comment vivez-vous le fait que votre boulot soit reconnu, ce qui n’a pas forcément été toujours le cas?
Je pense que ça vient doucement. Le peloton reconnaît ma valeur. Maintenant, cela vient aussi avec un coureur qui gagne. On parle beaucoup de Morkov et Van Poppel mais d’autres font les mêmes choses et n’ont pas le coureur derrière eux. Le grand public ne voit pas que le poisson-pilote est presque plus important que le sprinteur.
Je préfère être l’un des meilleurs poissons-pilotes que de terminer neuvième ou dixième
Vous semblez vous éclater dans ce rôle, en tout cas?
Le métier de coureur cycliste est un job normal. Si tu veux progresser, tu dois essayer de devenir indispensable. Et de trouver des niches où tu peux faire la différence. Et je me suis dit qu’avec mes compétences physiques et intellectuelles, ce serait ma niche. Que, peut-être, je serais capable de faire cela mieux que d’autres coureurs. Si je sprinte, je peux faire une place autour des dix, mais il y a beaucoup de coureurs dans le même cas. J’ai compris que si je voulais faire une bonne carrière, il me fallait une niche où on trouvera peu de coureurs. Donc, je me suis lancé là-dedans. Et quand tu vois que tu progresses et qu’il y a de moins en moins de concurrence directe pour ton boulot, ça te motive. À mon âge, il faut trouver une motivation. Et j’en ai plus en tentant d’être l’un des meilleurs poissons-pilotes que de terminer neuvième ou dixième.
Y a-t-il une course où vous avez eu le déclic?
Oui. Comme je suis passé par des petites équipes et que j’ai fait quelques places d’honneur, j’ai compris que je serais limité pour gagner des grandes courses. Donc, si j’avais la chance d’intégrer une World Tour, je devais trouver cette fameuse niche. Dès ma première saison chez Trek (NDLR : en 2019), j’étais à la recherche de cette niche. Et lors du Binckbank Tour 2019, Edward Theuns m’a dit que je pouvais bien marcher dans ce rôle. Alors, je suis allé dans cette direction. Et quand Mads Pedersen a voulu se lancer dans les sprints, on a vu que ça fonctionnait bien tous les deux.
On l’a vu sur ce début de Vuelta. Comment voyez-vous la suite et notamment cette quatrième étape?
On a en tête le maillot des points pour Mads. On sait qu’il grimpe très bien. Mardi, ça sera dur avec une montée de 7 km à 5 % qui se termine à 15 km de l’arrivée. Ça va faire des dégâts, ça devrait monter très vite pour éviter la loterie. Et si Mads peut passer, il y a une belle opportunité pour lui. Normalement, Bennett grimpe beaucoup moins bien. En tout cas, c’est un beau challenge à relever. Mentalement, on doit se préparer à une course très difficile.