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Le tourisme est sauf

Pour la première fois depuis longtemps, des discordes au sein de la coalition gouvernementale éclatent au grand jour. Au vu de leur très courte majorité à la Chambre, le trio DP-LSAP-déi gréng s’est toujours efforcé de conclure des compromis sans laisser filtrer vers l’extérieur des dissonances qui, au vu du profil politique des trois partis, n’ont rien d’étonnant. La prolongation d’un mois du rabais à la pompe est venue changer la donne.

Déi Gréng sont passés à l’offensive. On se souvient que le vice-Premier ministre François Bausch avait parlé d’une mesure «absurde». Encore aujourd’hui, les hauts représentants du parti écolo qualifient le rabais d’«inutile», le jugeant dépourvu de toute sélectivité sociale, contrairement aux autres aides visant à atténuer l’impact de l’inflation galopante. Les verts ont donc validé à contrecœur le maintien jusqu’à fin août de la remise de 7,5 centimes d’euro par litre de carburant.

On peut comprendre le caractère populaire du rabais accordé. Les automobilistes, riches ou pauvres, applaudissent. Mais dans les faits, il n’y a plus aucune raison objective de maintenir la ristourne de 7,5 centimes. Lundi, le prix du litre de diesel (1,83 euro) ou de super 95 (1,72 euro) était bien inférieur à ceux de nos pays voisins. Même sans le rabais étatique (1,905 et 1,795 euro), les prix restent – selon des chiffres livrés par la Commission européenne – inférieurs à ceux affichés en Belgique (2,03 et 1,91 euro), Allemagne (1,98 et 1,86 euro) et France (1,97 euro et 2 euros).

Seul gain de cette mesure qui coûte la «bagatelle» de 11,5 millions d’euros par mois à l’État : le tourisme à la pompe, défendu bec et ongles par le CSV et l’ADR, est sauf. Il est vrai que les accises représentent une manne financière majeure pour les finances publiques. Au lieu d’encourager la vente de carburant, il serait plus judicieux de miser sur de nouvelles mesures ciblées aidant à la fois les automobilistes et les ménages sans voiture. Et puis, contrairement à ce qui a été fait avec la fin annoncée pour 2015 des recettes générées par la TVA sur le commerce électronique, il faut dès à présent commencer à chercher des solutions alternatives, moins nuisibles pour l’environnement.