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L’âge de la sagesse

D’aucuns affirment que les quinquagénaires arrivent à l’âge de la sagesse. On a alors tendance à se relâcher, prendre un peu plus de recul. Au Luxembourg, la problématique du logement n’a pas encore 50 ans, mais on a pourtant l’impression que c’est le cas. Depuis trop longtemps, les responsables politiques de toutes les couleurs tentent d’inverser la vapeur. Sans succès. Les prix pour l’acquisition d’un terrain constructible, l’achat d’une maison ou même la location d’un simple appartement ne cessent de grimper. Malgré tout, l’âge de la sagesse ne semble pas avoir encore été atteint.

Ce n’est certainement pas le moment de se relâcher. La prise de recul qui permettra de trouver de nouvelles solutions à la crise du logement semble toutefois faire défaut. Du moins dans le camp de certains. Mercredi, l’ADR s’est insurgé contre les propos tenus dans nos colonnes par la ministre de l’Intérieur. «Il faut s’attaquer à cette vache sacrée qu’est le droit absolu à la propriété», a martelé Taina Bofferding. Inconcevable pour le parti réformateur, qui propose un modèle plus «libéral».

Même si elles arrivent trop tardivement, les mesures contraignantes préparées par le gouvernement afin de mobiliser davantage de terrains constructibles et réduire le phénomène des logements vides ont le mérite d’exister. Il est en effet incompréhensible que l’impôt foncier repose toujours sur des valeurs datant de… 1941. Trop longtemps, la mainmise sur le logement a été laissée au secteur privé. Le fait que des logements sociaux ont pu être revendus à prix d’or à des magnats de l’immobilier est effarant. Mais la coalition tricolore pourra-t-elle vraiment mettre en œuvre la nouvelle taxe sur la spéculation foncière ou le Baulandvertrag, qui impose un délai aux propriétaires pour viabiliser leur terrain, faute de quoi l’autorisation de construire sera retirée ?

Le Conseil d’État a déjà émis des veto. D’autres devraient suivre. Tout comme l’ADR, la Haute Corporation renvoie vers le droit constitutionnel de la propriété. Le défi majeur sera de trouver des issues juridiques qui pourront convaincre les Sages. La volonté d’une large majorité politique d’aller de l’avant semble enfin acquise. Le bras de fer constitutionnel s’annonce néanmoins très rude.