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Bob Jungels : «J’ai toutes les libertés pour me projeter devant»


«Je parlerai de mon futur quand tout sera mis en ordre»., explique Bob Jungels.

Bob Jungels fait le point avant d’attaquer la troisième semaine du Tour sans pression et avec quelques belles perspectives…

Bob Jungels a passé une journée de repos classique. «On a fait une petite sortie d’une heure trente avec quelques accélérations pour les jambes. J’ai dormi un peu, je suis passé au massage, j’ai fait une séance d’ostéopathie et ce soir (NDLR : lundi soir), mes parents me rendent visite», explique le coureur luxembourgeois vainqueur le 10 juillet dernier de la neuvième étape, sur les hauteurs de Châtel.

Quand vous avez retrouvé le peloton après votre succès à Châtel la semaine dernière, on imagine que vous avez reçu des messages de félicitations…

Oui, honnêtement, j’ai vécu l’un des plus beaux moments de ma carrière, tous les bus étaient en convoi et devaient m’attendre pour le test covid. Lorsque je suis arrivé, ils ont klaxonné, cela m’a fait plaisir que tout le monde soit content pour moi. Cela veut dire aussi que j’ai une bonne image. Cela m’a fait plaisir.

Physiquement et mentalement, ce succès vous a apporté quoi ?

Pas mal de sérénité. On a perdu Ben (O’Connor), alors pour l’équipe, le classement général reste important. Quand on a abordé l’Alpe d’Huez, par exemple, je n’avais aucune pression, je savais que j’allais faire une belle montée avec mes jambes. Je n’avais aucune pression et l’impression d’être effectivement de retour avec les meilleurs. Faire partie du top 15, cela fait du bien.

Dans ce Tour de France, justement, vous êtes 14e alors que vous avez passé la première partie à ne pas être leader…

Je suis désormais dans cette situation où je me retrouve au classement général dans une position où cela vaut la peine d’insister. C’est important pour l’équipe de rester concentrée sur le classement général. Cela génère de la motivation pour toute l’équipe. Je suis quand même dans une situation où le mec devant moi (Neilson Powless) est à cinq minutes. Le mec derrière moi (Valentin Madouas), pareil. Si on regarde le classement général, j’ai toutes les libertés pour me projeter devant, prendre une échappée et essayer de gagner une deuxième étape. Ce serait bien sûr le scénario idéal.

Ce que vous avez tenté samedi sur l’étape de Mende…

Oui, c’est ça. Malheureusement, cela n’a pas fonctionné.

Comment vous sentez-vous physiquement?

Je suis bien, je suis toujours assez frais, je ne souffre pas de douleurs particulières. Je n’ai plus la fraîcheur de la première semaine mais je n’ai pas de grands soucis, je suis en bonne santé. Bien sûr, les jambes font mal quand on roule vite, mais c’est normal.

Je pense que Pogacar va attaquer et ce sera encore une grande bataille. Je vais essayer d’en profiter un peu et d’anticiper un grand coup de derrière

Comment appréhendez-vous la semaine qui vient?

Je pense que ce sera encore de la folie. Comme presque chaque jour depuis le début du Tour. C’est clair, (Tadej) Pogacar est à trois minutes et il reste trois belles étapes de montagne pour reprendre du temps. Au chrono, Pogacar, je le vois juste un peu plus fort que (Jonas) Vingegaard. Je pense que Pogacar va attaquer et ce sera encore une grande bataille. Je vais essayer d’en profiter un peu et d’anticiper un grand coup de derrière. On a vu que Pogacar, déjà à Mende, a participé, même si ça restait un jeu pour lui (il rit). L’offensive reste sa seule possibilité de gagner le Tour, encore.

On assiste à une course totale un peu inédite dans le Tour de ces dernières décennies…

Oui, si on parle à tous les coureurs, ce Tour est fou. On dit ça chaque année, mais à part les deux premières étapes au Danemark où on était à peu près tranquilles, cela a roulé à fond tous les jours. Encore dimanche, c’était une étape incroyable. En début d’étape, il y a eu la chasse pour rattraper Wout Van Aert. Avec la chaleur, c’est éprouvant. Je prédis que beaucoup de coureurs seront en difficulté en troisième semaine.

Des quatre Tours que vous avez effectués, c’est le plus dur ?

Oui, je le pense. Au niveau de la course, physiquement et mentalement, c’était particulier pour moi, car c’est à partir de là que je pense avoir souffert d’endofibrose. Physiquement, je n’étais pas à 100 % et mentalement, le fait de faire le général dans ces conditions, c’est usant. Mais le niveau global du peloton, c’est quelque chose qui est extraordinaire. C’est celui qui récupèrera le mieux qui va gagner le Tour. C’est la récupération qui fait la différence.

La récupération a toujours été un de mes points forts. Maintenant, est-ce que je vais aborder une nouvelle fois cette mission de préparer le classement général d’un grand tour, c’est à voir…

C’est justement encourageant pour vous de vous voir revenir dans le jeu avec les meilleurs alors que le niveau s’est élevé…

Oui et la récupération a toujours été un de mes points forts. Maintenant, est-ce que je vais aborder une nouvelle fois cette mission de préparer le classement général d’un grand tour, c’est à voir…

Du coup, on peut se dire aussi rétroactivement que vos limites observées en montagne étaient dues à votre pathologie désormais traitée…

Oui, je suis presque sûr de ça. Tout a changé. Je ne vais pas dire que je suis un autre coureur. Mais les possibilités pour le futur, même pour les chronos, seront plus grandes!

Mais vous n’êtes pas plus avancé…

(Il rit) Les choix seront compliqués, c’est sûr. Toute ma vie, ça a été comme ça.

Vous êtes devenu philosophe du coup?

Oui, un peu…

Vous semblez avoir pris du recul…

Quand tu passes des années difficiles, cela te permet d’avoir une autre perspective, de moins s’énerver, de rester plus calme, plus équilibré. C’est ce que je retiens de ces dernières années.

Pour cette dernière semaine de Tour, vous vous sentez bien dans cette équipe?

C’est dur, car on a déjà perdu trois coureurs (Geoffrey Bouchard, Oliver Naesen et Ben O’Connor). On se bat et l’atmosphère est très bonne. Pour l’instant, je suis très content. J’ai aussi prévenu tout le monde que je ne voulais pas parler de l’année prochaine avant la fin du Tour. Ensuite, je partirai en vacances. Je parlerai de mon futur quand tout sera mis en ordre.

Julien Jurdie, votre directeur sportif, nous disait la semaine dernière qu’il aimerait vous voir aligné sur la Vuelta…

Moi, j’aimerais bien, car cela fait deux ans que je ne fais qu’une quarantaine de jours de course. Faire la Vuelta me permettrait de faire une saison à 80-85 jours, ce qui me servirait pour faire une très bonne saison 2023…