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[Football] Euro féminin : l’Islande et ses mères footballeuses, une rareté


Sara Björk Gunnarsdottir (n° 7) a accouché il y a huit mois. (photo AFP)

L’équipe d’Islande, adversaire de la France lundi (21 h), dispute l’Euro avec cinq mères de famille dans ses rangs, dont Sara Björk Gunnarsdottir qui a accouché il y a huit mois, une rareté dans un milieu qui tarde à établir un cadre protecteur.

Contre l’Italie (1-1), jeudi, la capitaine était alignée d’entrée au milieu de terrain avec Dagny Brynjarsdottir à ses côtés. Sandra Sigurdardottir gardait le but, Elisa Vidarsdottir occupait le poste d’arrière droite et seule Sif Atladottir, sa concurrente, est restée sur le banc.

Gunnarsdottir, ex-Lyonnaise partie cet été à la Juventus Turin, est la dernière à avoir donné naissance à un enfant, Ragnar, né en novembre 2021.

« Fonder une famille en tant que sportive professionnelle est difficile. Je veux vraiment prouver qu’il est possible de revenir d’une grossesse et jouer au plus haut niveau », a lancé début octobre la capitaine et plus capée des Islandaises.

La milieu de 31 ans, star en Islande, n’a pas voulu choisir entre sa carrière de sportive et sa vie personnelle. « Je veux montrer aux gens que je peux faire les deux », dit-elle dans un documentaire de Puma, son sponsor, sorti en mai.

« Je vais leur montrer » 

« Vous entendez toutes ces voix qui disent que vous ne pouvez pas le faire. Parfois j’ai douté de moi et j’ai pensé : ‘Peut-être qu’ils ont raison’. Mais en même temps ça m’a motivé et je me suis dit : ‘Je vais leur montrer' », a raconté Brynjarsdottir sur le site de la FIFA. L’Islande a un des taux de fécondité les plus élevés d’Europe et la pression y est assez forte autour des couples n’ayant pas d’enfant.

Être enceinte n’en reste pas moins « un challenge », ne serait-ce que physiquement, pour toute sportive de haut niveau. « J’ai toujours été en forme, j’ai toujours contrôlé mon corps, comment je m’entraîne et me repose, ce que je mange. Maintenant, c’est tellement plus que moi seule », racontait Gunnarsdottir dans une interview à Forbes en novembre.

Son conjoint Arni Vilhjalmsson, également footballeur, s’est déplacé en Angleterre avec leur fils au début de l’Euro. Atladottir a également posté une photo sur Instagram avec ses deux enfants après le premier match.

Deux autres footballeuses célèbres ont manqué de leur côté le tournoi : l’Allemande Melanie Leupolz, enceinte, et la Française Amel Majri, gravement blessée cette saison et devenue mère d’une petite Maryam récemment. « Les mentalités évoluent. Auparavant, aucune joueuse en France ne l’aurait fait », a commenté sa coéquipière lyonnaise Selma Bacha, interrogée avant l’Euro.

Congés maternité pour les pro 

À l’OL, la maternité de Gunnarsdottir puis celle de Majri a obligé le club à se pencher sur un sujet autrefois délaissé, en France et dans les instances de gouvernance du football.

Il a fallu attendre janvier 2021 pour que la FIFA n’impose aux fédérations un congé maternité, le définissant comme « une période minimale de 14 semaines de congés payés, dont au moins huit doivent être prises après la naissance de l’enfant ». Ce cadre réglementaire, assorti d’une obligation de rémunérer la joueuse « au deux tiers » de son salaire, a minima, concerne cependant uniquement les professionnelles. Or, certains championnats restent amateurs, en intégralité ou pour partie.

La notoriété offerte aux femmes évoluant à Lyon ou à Paris, par exemple, peut fournir une sécurité que n’ont pas des joueuses moins exposées médiatiquement. « On donne la vie, c’est important qu’on puisse être protégée à ce niveau-là, que les clubs ne nous mettent pas à la porte parce qu’on est enceinte », affirme Kadidiatou Diani. « C’est un sujet qu’il faudrait plus aborder, que la joueuse concernée soit davantage protégée », a dit l’attaquante du PSG et des Bleues, membre du syndicat UNFP.

Bacha se voulait optimiste : « il y a des choses à améliorer mais il faut prendre son mal en patience, ça arrivera. »