Les prix des carburants à la pompe baissent un peu à partir de ce samedi. Depuis plusieurs jours, les cours du pétrole descendent, la faute à un risque de récession. Une crise après l’autre…
Bonne nouvelle à la pompe dès ce samedi au Luxembourg. Les prix des carburants baissent. Bon, ne nous réjouissons pas trop vite, la somme à débourser pour faire le plein fait encore (très) mal au portefeuille. Le sans plomb 98 passe sous les deux euros et coûte 1,955 euro le litre (-5,1 centimes), le sans plomb 95 perd 3,8 centimes (1,724 euro le litre) et le diesel, 1,5 centime (1,828 euro le litre).
Les prix du pétrole, et donc des carburants, ont explosé avec la reprise postcovid et surtout après l’invasion russe en Ukraine. Les sanctions contre le pétrole russe ont fait grimper le prix d’un produit devenu plus difficile à obtenir et toujours aussi demandé. Mais, ces derniers jours, nous avons connu des baisses successives. En effet, les envolées historiques du prix de l’or noir semblent, pour l’instant, derrière nous. Les cours du baril présentent une tendance baissière. Que se passe-t-il ?
Vendredi, sur les marchés mondiaux, les prix du pétrole repartaient légèrement vers le haut, sans toutefois compenser les chutes de la semaine. Dans l’après-midi, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, prenait 2,38 % à 101,42 dollars et le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en août, 2,4 % à 98,04 dollars.
Ce frémissement intervenait après une journée de jeudi où les cours ont encore fait des montagnes russes. Les cours du pétrole avaient ainsi limité leurs pertes après un nouveau plongeon initial, grâce à des prises de bénéfice et des achats à bon compte. Mais le marché garde la récession en tête et reste orienté à la baisse, selon les analystes. Jeudi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s’était effrité de 0,47 %, pour clôturer à 99,10 dollars. Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en août, il avait reculé de 0,53 %, à 95,78 dollars.
Lors de cette journée de jeudi, l’or noir avait même brièvement décroché, le WTI frôlant même le seuil de 90 dollars, en dessous duquel il n’est plus descendu depuis début février, avant l’invasion de l’Ukraine, selon l’agence France-Presse.
La récession dans toutes les têtes
«Les banques centrales remontent leurs taux comme des folles pour contenir l’inflation. Les négociants en matières premières ont l’air de penser qu’elles vont y parvenir, mais au prix d’une récession mondiale», a commenté, dans une note, Carl Weinberg, de High Frequency Economics, pour tenter d’expliquer cette baisse. Une récession entraînerait une contraction de la demande de pétrole, ce qui ferait baisser les prix.
Pour Michael Lynch, de Strategic Energy & Economic Research, les opérateurs digéraient aussi le rapport hebdomadaire sur les stocks américains de pétrole, qui a fait ressortir une hausse inattendue des réserves d’essence et une chute de la demande. L’alerte de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), également mercredi, sur les premiers signes d’essoufflement de la demande du fait des prix élevés, ajoutait à cette appréhension. Le brut était aussi mis sous pression par l’escalade du dollar, monnaie dans laquelle est libellé l’essentiel des transactions sur ce marché (lire par ailleurs).
Le rebond de fin de séance est largement dû, selon Michael Lynch, à des prises de bénéfices d’opérateurs qui avaient spéculé sur la baisse des cours. Le WTI a ainsi perdu plus de 15 dollars le baril en dix jours, l’occasion pour ces traders de solder leurs positions et de racheter du pétrole, pour empocher la différence entre le cours actuel et celui, supérieur, auquel ils se sont engagés à vendre.
Pour Robert Yawger, de Mizuho, le mouvement a aussi été occasionné par des achats à bon compte. La stabilisation des prix autour de 95 dollars le baril pour le WTI est aussi liée, selon lui, à l’expiration, vendredi, d’une partie des contrats à terme pour livraison en août. Les plus grosses positions, à l’achat et à la vente, se situent à ce seuil, ce qui crée une incitation à se rapprocher de ce seuil, a expliqué l’analyste.
Au-delà, malgré les contraintes sur l’offre, «la tendance est à la baisse», estime Robert Yawger. «C’est difficile de voir un scénario positif qui entraînerait un rebond.»
L’euro s’affaiblit
Le pétrole est certes moins cher, mais une autre donne ralentit l’impact de cette situation aux prix à la pompe : la faiblesse de l’euro face au dollar. Et comme il faut payer l’or noir en dollar… Jeudi, le dollar a freiné son avancée face à la monnaie européenne, après l’avoir poussée plus tôt au-delà de la parité.
Jeudi soir, la monnaie unique restait en baisse de 0,44 %, à 1,0014 dollar pour un euro, mais au-dessus de la parité. Plus tôt, la devise commune à 19 pays européens était tombée à 0,9952 dollar, pour la première fois depuis près de 20 ans! L’euro avait déjà atteint les 1,6 dollar lors de la crise des subprimes. La crise avait coupé l’appétit des investisseurs pour le billet vert, qui a vu son prix dégringoler en 2007. Alors que la banque centrale américaine (Fed) avait inondé le marché de liquidités pour renflouer Wall Street, l’euro avait atteint un plus haut historique en juillet 2008, à 1,6038 dollar. C’était en 2007/2008. Une éternité…