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Report de l’index : l’OGBL fustige des «cadeaux» offerts au patronat


L’OGBL a remis des chèques symboliques aux employeurs. Y étaient inscrits les montants du «cadeau» qui leur a été offert par l’État grâce au report de l’index.

Le premier syndicat du pays, non signataire de l’accord tripartite, a organisé une tournée pour dénoncer le report de l’index, tombé vendredi, à avril 2023. Le salariat payerait la note offerte au patronat.

Banques et assurances : 59 millions d’euros. État central : 54 millions d’euros. Groupe Post : 7,087 millions d’euros. ArcelorMittal : 4,5 millions d’euros. Goodyear : 4,088 millions d’euros.

Voici le top 5 des employeurs, choisis par l’OGBL, pour dénoncer les «donations», voire les «cadeaux», que l’État offre, grâce à la manipulation de l’index, aux entreprises. «Nous avons choisi des employeurs emblématiques du pays pour lesquels on juge que le versement d’une tranche indiciaire supplémentaire aurait été à supporter financièrement», avance Nora Back, la présidente de l’OGBL.

Vendredi, le Statec a confirmé que les salaires et pensions sont à revaloriser de 2,5 % en ce mois de juillet. Il s’agit de la seconde tranche indiciaire qui tombe après celle versée en avril. De trop pour le patronat, a clamé lors de la tripartite de fin mars l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).

En fin de compte, le gouvernement, le camp patronal, et deux des trois syndicats représentatifs (LCGB et CGFP) ont trouvé un accord qui acte le report de cet index de juillet 2022 à avril 2023, soit 12 mois après la dernière tranche versée par les employeurs.

«Banque d’État de donations»

Dans un premier temps, l’accord devait porter sur le report de 12 mois de toutes les tranches déclenchées avant ou après avril 2023. Le possible embouteillage de tranches, qui auraient été toutes dues en un seul coup, en avril 2024, a amené le gouvernement et la Chambre des députés à rectifier le tir.

La loi tripartite, votée le 15 juin (52 voix sur 60), se limite à la seule tranche de juillet. Un premier succès pour l’OGBL, qui avait refusé de signer l’accord tripartite en raison de l’«attaque frontale» menée contre l’index.

Le crédit d’impôt énergie (CIE), financé par l’État pour compenser la perte de pouvoir d’achat des ménages en raison du report de l’index de ce mois de juillet (lire ci-dessous), est aussi largement insuffisant aux yeux du premier syndicat du pays.

Le décalage de la tranche indiciaire qui vient de tomber ne serait rien d’autre qu’un «cadeau» offert par la «Banque d’État de donations aux entreprises du Luxembourg». Le calcul effectué par le syndicat eschois repose sur la masse salariale valorisée de 2,5 % sur une durée de 9 mois (juillet 2022-mars 2023).

Cette banque imaginaire, faisant allusion au budget de l’État, s’est retrouvée sur les chèques que l’OGBL a symboliquement distribués vendredi. Les militants ont entamé, vendredi dès 5 h, une tournée de dix employeurs. À chaque fois, des petits piquets ont été organisés.

«Ce 1er juillet est une date symbolique, car il s’agit du premier jour du premier mois où les salariés perdent en pouvoir d’achat», martèle Nora Back. Les calculs du syndicat et du Statec ne sont pas concordants.

«Soixante pour cent des salariés vont se faire voler», avait estimé la présidente de l’OGBL dans L’Interview du lundi qu’elle nous avait accordée le 4 avril. Le gouvernement et une large majorité à la Chambre soulignent que la priorité était de soutenir les plus petits salaires.

Piquet de déi Lénk, l’OGBL songe à manifester

Également vendredi, déi Lénk s’est postée devant le siège de l’UEL pour dénoncer, à son tour, le «cadeau/soulagement» offert au patronat. Le chèque du parti d’opposition portait sur 800 millions d’euros, soit le coût que représente pour les entreprises le versement d’une tranche indiciaire. Sur ce montant, 533 millions d’euros seraient «volés» au salariat.

En attendant la convocation d’une prochaine tripartite, l’OGBL ne compte pas baisser la garde. «Si une nouvelle tripartite porte uniquement sur l’index, sans évoquer d’autres mesures plus substantielles pour venir en aide aux salariés, on compte organiser une manifestation d’envergure», annonce d’ores et déjà Nora Back. Le bras de fer avec le gouvernement et le patronat est loin d’être terminé.

Qu’en adviendra-t-il de la prochaine tranche ?

L’accord tripartite et la loi qui en découle prévoient comme principe qu’une seule tranche indiciaire est versée par intervalle de 12 mois. Après celle tombée en avril dernier, la tranche de ce mois de juillet va être reportée à avril 2023.

La grande inconnue demeure la suivante : quand un prochain index va-t-il tomber ? Le Statec mise pour le moment sur une tranche qui sera due entre le premier et troisième trimestre 2023, donc entre janvier et septembre. L’inflation galopante va décider du sort de l’index.

Actuellement, l’inflation pointe à 7,4 %. Début mai, le Statec misait sur une inflation de 5,8 % pour 2022 et de 2,8 % pour 2023. Quoi qu’il en soit, la loi tripartite se prononce uniquement sur cette tranche de juillet, reportée donc à avril 2023.

Pour toute autre tranche à venir, la tripartite devra à nouveau se réunir. A priori, l’index dû courant 2023 sera reporté à avril 2024, avec à la clé un nouveau crédit d’impôt. Les choses vont néanmoins se corser si des tranches supplémentaires vont tomber courant 2022 ou 2023.