Les Français ont commencé à se rendre aux urnes dimanche pour le second tour des élections législatives dont l’issue dessinera la marge de manœuvre du président réélu Emmanuel Macron pour les cinq prochaines années face à une gauche unie et prête à en découdre.
Quelque 48 millions d’électeurs sont appelés à voter en pleine canicule sur la France, mais l’abstention devrait, comme au premier tour, être massive, selon les sondages. Plus d’un électeur sur deux avait boudé les urnes le 12 juin.
Les territoires français hors métropole, en Outre-mer et en Amérique du Nord notamment, ont ouvert le bal dès samedi.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06h et fermeront à 16h à l’exception des grandes villes où le délai est prolongé jusqu’à 18h, heure à laquelle seront connues les premières estimations.
Si le scrutin est très serré, la répartition précise en sièges à l’Assemblée nationale – et donc la majorité absolue ou pas pour le président Macron – pourrait n’être connue que tard dans la nuit.
Les derniers sondages autorisés vendredi suggèrent que la coalition centriste Ensemble! emmenée par le parti du chef de l’Etat devrait l’emporter mais sans la certitude d’obtenir cette majorité absolue de 289 députés (sur 577), seuil indispensable pour mener à bien sa politique et les réformes annoncées.
En cas de majorité relative, cela l’obligera à aller chercher le soutien d’autres groupes politiques pour approuver les projets de lois.
Au premier tour, la majorité sortante est arrivée au coude-à-coude autour de 26% des voix avec l’alliance de gauche Nupes du tribun Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci a réussi son pari de rassembler socialistes, écologistes, communistes et son propre mouvement de gauche radicale, la France insoumise.
Dans la dernière ligne droite, Emmanuel Macron, qui s’est rendu pour la première fois à Kiev jeudi, a dramatisé l’enjeu, disant que la guerre en Ukraine touchait le quotidien des Français et insistant sur le « besoin d’une France vraiment européenne qui puisse parler d’une voix claire et nette ».
Il a dans le même temps brandi l’épouvantail des « extrêmes » qui, si elles l’emportaient, viendraient semer le « désordre » en France, les accusant aussi de vouloir sortir de l’Europe.
Le poids de l’extrême droite
Le scrutin de dimanche met fin à un long cycle électoral en France qui aura confirmé une vaste recomposition politique du pays autour de trois blocs au détriment des partis traditionnels, entamée avec l’élection de M. Macron en 2017.
Les Français se seront rendus au total aux urnes pas moins de quatre fois en deux ans, dans un contexte tendu fait de crises successives, de la pandémie de Covid-19 à la guerre en Ukraine à la hausse de l’inflation et des menaces sur l’économie.
Pour la gauche unie — une première depuis des décennies –, l’enjeu est d’imposer une cohabitation au chef de l’État, mais elle dispose d’une réserve de voix moindre que la coalition présidentielle.
À défaut d’une majorité, la gauche est toutefois d’ores et déjà quasi assurée de constituer le principal bloc d’opposition à l’Assemblée, rôle jusque-là endossé par la droite.
L’autre enjeu du scrutin et, peut-être, le principal enseignement de cette longue séquence électorale, est la montée en puissance de l’extrême droite derrière Marine Le Pen, déjà finaliste à la présidentielle.
Son parti, le Rassemblement national (RN), espère atteindre la barre des 15 élus pour former un groupe dans l’Assemblée nationale. Ce serait seulement la deuxième fois dans l’histoire du parti, pour qui le mode de scrutin majoritaire à deux tours n’est pas favorable.
Et le RN est la seule formation prise individuellement à avoir progressé en termes de voix depuis les dernières législatives en 2017.
Quant à la droite classique, elle table sur une soixantaine de députés et pourrait, paradoxalement, se retrouver en position de jouer les arbitres dans la future Assemblée.
Plusieurs ministres dont Clément Beaune (Europe) ou Amélie de Montchalin (Transition écologique) jouent, par ailleurs, leur avenir politique dans des courses serrées en région parisienne.
Parmi les premiers résultats provenant d’Outre-mer, la secrétaire d’État chargée de la Mer, Justine Benin, a été battue en Guadeloupe par le candidat de gauche, Christian Baptiste, et son maintien au gouvernement est incertain.
Un remaniement gouvernemental, plus ou moins large, est attendu à l’issue du scrutin.