La visite de la Turquie a déjà les apparences d’une finale, mais Luc Holtz jure que ce n’en est pas une. Ils seront 9 000 au stade, ce samedi soir, à espérer que si.
Un peu crispé, Luc Holtz n’est pas venu en conférence de presse pour amuser la galerie ce vendredi. Et n’a même pas cherché à rentrer dans un débat qu’il avait dû anticiper : la Turquie est totalement favorite et «celui qui ne veut pas le réaliser ne voit pas clair». On a pourtant tenté de hasarder une théorie qui vaut ce qu’elle vaut. À savoir que si la Turquie a elle aussi fait un six sur six lors des deux premières journées de Nations League, mais en inscrivant carrément dix buts aux Féroé puis à la Lituanie, contre trois seulement marqués par le Luxembourg, c’était peut-être plus une question de réalisme que de différence écrasante de niveau entre elle et les Roud Léiwen. Le sélectionneur n’a rien voulu entendre. «Non, c’est une différence de niveau! Ils nous sont supérieurs. Si j’ai besoin d’expliquer les qualités des joueurs de l’équipe adverse…». Sous-entendu, c’est à désespérer des médias et des doux rêveurs qui pensent qu’il peut y avoir match.
C’est là qu’on a lâché l’affaire d’avoir à survendre un choc déséquilibré. Avec ce devoir impérieux d’avertir les 9 000 spectateurs qui vont garnir les tribunes du stade de Luxembourg, ce samedi soir : le sélectionneur pronostique qu’il faudra un exploit pour rester dans le sillage du favori du groupe 1 et presque un miracle pour le battre. Bon, il n’a pas dit ça précisément, mais c’est comme ça qu’on a voulu l’entendre. Au micro, cela donnait plutôt : «On ne montera ni en ayant peur ni en ayant un trop grand respect». Les précautions de langage habituelles.
Le synthétique n’est plus le souci, mais la fraîcheur…
Elles ne rendent pas hommage aux prestations de la première semaine internationale des Roud Léiwen, qui se sont montrés efficaces dans les deux surfaces, assez cohérents dans le jeu et dotés de patrons qui ont pris leurs responsabilités. Notamment Danel Sinani, qui se sent toujours «disponible» physiquement au bout de cette saison ultra-exigeante et qui, titillé par les médias turcs sur son manque de réalisme aux Îles Féroé, a répliqué du tac au tac : «Si tout rentrait toujours pour un joueur offensif, ce serait trop facile. Oui, il y a parfois des occasions ratées mais l’important, c’est comment on réagit, si on se relève ou pas. Et en ce moment, au Luxembourg, on se relève bien. Mais on sait aussi que la Turquie est une grande nation. Il faudra aborder ce match différemment des deux derniers». D’autant qu’après avoir averti à Vilnius puis à Torshavn qu’il fallait se méfier de l’impact physique et de ces terrains synthétiques qui sont un anachronisme gênant, Luc Holtz s’est trouvé un nouveau cheval de bataille : la fraîcheur. Les Turcs ont fait tourner la moitié de leur effectif entre le premier match et le second. «Bien sûr, cela jouera un rôle, mais eux ont les moyens de faire tourner alors que les plus petites équipes ne les ont pas.»
Le discours, mesuré, est assez diamétralement différent de la situation comptable, excellente. C’est que le mot «finale» semble hérisser le poil de Luc Holtz. Mais le public qui se bousculera pour ce choc (appelons-le comme ça) va rappeler cette sélection aux espoirs qu’elle suscite et ils sont tout aussi énormes que lors des deux dernières campagnes de Nations League. À chaque fois, les Luxembourgeois avaient calé. Et les adversaires qui avaient fini par passer devant (Bélarus, Monténégro) n’étaient pas aussi costauds que cette Turquie, 43e mondiale et dont la place devrait être en Ligue B…