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De la laine pour retisser sa vie à Mersch


Le public peut retrouver à l’Atelier Licorne de Mersch une boutique d’exposition et de vente des produits artisanaux et écoresponsables réalisés par les collaborateurs. (photo ASBL ATP)

Depuis plus de 30 ans, l’ASBL ATP aide les personnes vivant avec une maladie psychique à s’insérer socio-professionnellement. Un nouvel atelier, baptisé Licorne, vient d’être inauguré à Mersch.

La semaine dernière, un nouvel atelier de l’association d’Aide par le travail thérapeutique pour personnes psychotiques (ATP) a été inauguré à Mersch. Baptisé Licorne, cet atelier de feutrage de laine peut accueillir quinze personnes et a pour but d’aider des adultes vivant avec une maladie psychique à se réhabiliter sur le plan psycho-social.

Ici, les participants de l’atelier, les «collaborateurs», sont d’abord chargés de démêler les fibres textiles brutes (c’est l’indispensable opération de cardage de la laine) avant de réaliser des feutrages à l’aiguille et à l’eau savonneuse. «Le feutrage de laine, c’est juste un moyen pour parvenir à retrouver des compétences sociales et cognitives et à se réadapter, les gens participant à cet atelier ayant été hospitalisés pendant très longtemps», explique Sandrine Bem, chargée des relations presse chez l’ASBL. «Cela aurait pu être une autre activité, mais à Mersch, il fallait une activité qui ne fasse pas de bruit.»

En effet, au sein des autres ateliers de l’ATP (l’ASBL en compte désormais six au total, répartis à travers le pays), d’autres activités sont mises en place : couture, vannerie, cuisine, restauration de meubles, fabrication d’objets de décoration… Et même la maintenance de caddies. Les équipes d’ATP entretiennent ainsi les chariots d’une enseigne de supermarchés et chaque année, ce sont plus de 10 000 caddies qui sont ainsi révisés et réparés par les collaborateurs.

«Le feutrage de laine, c’est juste un moyen pour parvenir à retrouver des compétences sociales et cognitives», explique Sandrine Bem. Photo : asbl atp

En sus des créations en feutrine de laine, le public peut d’ailleurs retrouver à l’Atelier Licorne de Mersch une boutique d’exposition et de vente des produits artisanaux et écoresponsables réalisés par les collaborateurs de tous les ateliers. Cette boutique est aussi l’occasion pour les patients de découvrir de nouvelles compétences, comme la vente au comptoir et le contact avec la clientèle.

Un rythme adapté à chacun

Voilà plus de 30 ans déjà que l’ASBL ATP accompagne des personnes souffrant d’une maladie psychique pour leur permettre de se réhabiliter sur le plan psychosocial en leur offrant petit à petit accès à l’emploi dans des conditions de travail adapté. Fragilisées par une maladie psychique, il peut être en effet difficile pour ces personnes d’accéder à des emplois en milieu ordinaire, de manière temporaire ou permanente.

Les collaborateurs des ateliers, tous majeurs, sont envoyés dans ces structures de travail par le Centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP/ Rehaklinik) et des médecins sur critères de diagnostic. Dépression, schizophrénie… Les patients admis aux ateliers souffrent de maladies psychiatriques diverses et variées. «Si la personne est stable et n’est pas actuellement dépendante aux drogues, elle peut suivre l’atelier», indique Sandrine Bem.

Dans la limite des places disponibles évidemment… Les places y sont en effet limitées et il existe une liste d’attente. «Actuellement, environ 60 personnes attendent qu’une place se libère», fait savoir sur son site internet l’ATP, qui peut encadrer dans ce contexte jusqu’à 240 personnes au total.

Manque de logements encadrés

Sandrine Bem, chargée des relations presse chez l’ASBL ATP, alerte sur le manque de logements encadrés au Luxembourg pour les personnes ayant été hospitalisées pour une maladie psychique. «Il y a un manque de structures d’hébergement pour la suite. L’hébergement, c’est déjà un problème au Luxembourg, et ces personnes n’ont pas de revenus. Où vont-elles habiter à leur sortie de l’hôpital ? C’est le plus gros problème rencontré. On pourrait les sortir beaucoup plus tôt de l’hôpital s’il y avait plus de logements encadrés.»

Les collaborateurs de ces structures de travail ne sont pas rémunérés. «Les ateliers sont transitoires», comme l’explique Sandrine Bem : «Une fois que nous avons travaillé certaines compétences avec le collaborateur et qu’il y a un projet, soit il va travailler dans un autre atelier, soit ailleurs. Sur d’autres sites que celui de Mersch, il peut y avoir, à terme, une possibilité de contrat de travail.»

La durée de participation à un atelier n’est pas définie à l’avance : elle est propre à chaque patient. «L’arrêt de l’atelier dépend si la personne est prête ou non. On a des gens qui sont là depuis un an, qui ont commencé à venir deux jours par semaine, puis qui ont augmenté le rythme. C’est vraiment adapté à chacun et dépend de ses priorités», insiste Sandrine Bem. «Par exemple, nous accueillons en ce moment un homme qui n’est pas en capacité de venir plus de deux demi-journées par semaine. Ce qu’on souhaite dans ce cas-là, c’est d’abord stabiliser son état de santé.»

Stabiliser son état de santé, récupérer des capacités cognitives et sociales, mais aussi parvenir à se sentir à l’aise et à retrouver suffisamment confiance en soi font partie des objectifs que s’est fixée l’ASBL ATP vis-à-vis de ses collaborateurs. «Quand vous avez été hospitalisé longtemps, la perte d’estime de soi prend beaucoup de place, parfois plus que la maladie», note Sandrine Bem.

 

Six sites

Reconnue d’utilité publique, l’association ATP est conventionnée avec le ministère de la Santé et le ministère du Travail, et possède un agrément du ministère de la Famille. Les ateliers d’ATP sont répartis sur six sites à travers le pays :

> Kielener Atelier à Kehlen (convention pour 55 personnes encadrées)
> Schierener Atelier à Schieren (40 personnes encadrées)
> Haff Dietgesbaach à Ettelbruck (50 personnes encadrées)
> Eilenger KonschtWierk à Ehlange-sur-Mess (40 personnes encadrées)
> Atelier Licorne à Mersch (15 personnes encadrées)
> Atelier Hondsburren à Wiltz (40 personnes encadrées)