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L’effet domino

Les chiffres sont accablants. Un bon tiers de la population connaît des difficultés à boucler ses fins de mois. Plus d’un tiers des ménages monoparentaux (35,3 %) est exposé au risque de pauvreté. Le taux est encore plus élevé pour les familles avec trois enfants ou plus (39,6 %). Un peu plus de 10 % des personnes travaillant à temps plein risquent de tomber sous le seuil de pauvreté. Le Panorama social publié lundi par la Chambre des salariés souligne, encore une fois, l’urgence de contrebalancer cette tendance fatale pour la cohésion sociale.

Il se confirme de plus en plus que la politique du gouvernement en matière de lutte contre les inégalités sociales est défaillante à plus d’un titre. Miser davantage sur des prestations en nature (gratuité des transports publics, manuels scolaires, crèches, etc.) que sur une réforme plus globale du système d’imposition n’a pas produit les effets escomptés. Les hausses successives, mais assez marginales, du salaire minimum ou de l’allocation de vie chère n’ont également pas suffi à éteindre l’incendie. Certes, ni la pandémie ni la guerre en Ukraine n’étaient prévisibles au moment d’annoncer, fin 2019, une seconde réforme fiscale. Il est compréhensible qu’il manque aujourd’hui la marge financière nécessaire pour mener à bien cette promesse électorale. Or pourquoi ne pas avoir agi plus tôt, notamment en ce qui concerne l’adaptation du barème d’imposition à l’inflation?

Si on y ajoute l’explosion continue des prix sur le marché du logement, le Luxembourg doit faire face à une situation consternante. Les répercussions se font ressentir à tous les niveaux de la société. Un exemple parmi d’autres : les victimes et auteurs de violence domestique sont souvent contraints de continuer à cohabiter en raison de contraintes financières. Le conjoint ou parent violent peine en outre à trouver un nouveau logement. Du coup, le risque de récidive augmente. Dans près de 50 % des cas, l’auteur s’était déjà fait remarquer auparavant. En 2021, plus de 1 700 personnes, dont 389 mineurs, sont devenues victimes de violences perpétrées entre les quatre murs de leur logement.

L’effet domino provoqué par l’échec de la lutte contre les inégalités sociales doit être stoppé dans les meilleurs délais.