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Roland-Garros : «M’endormir le pied était le seul moyen», révèle Nadal


Rafael Nadal a remporté pour la 14e fois, dimanche, la finale de la porte d'Auteuil. (photo AFP)

« M’endormir le pied était le seul moyen » : Rafael Nadal a révélé dimanche après son 14e sacre à Roland-Garros avoir joué avec un pied gauche insensibilisé pour ne pas souffrir de la douleur qui le handicape de plus en plus.

La suite de sa carrière dépend désormais de la réussite d’un autre traitement moins extrême qu’il prévoit de tenter « la semaine prochaine ».

Comment êtes-vous parvenu à maîtriser la douleur pendant le tournoi ?

Rafael Nadal : « La seule chose qu’on pouvait faire pour me donner une chance ici, c’était de m’endormir le pied. C’est ce qu’on a fait. On a bloqué (la douleur) en faisant des injections d’anesthésiant avant chaque match. Du coup, j’ai joué sans douleur, mais sans aucune sensation ni sensibilité, comme des dents endormies par le dentiste. C’est aussi simple que ça. »

Comment envisagez-vous la suite ?

« Il est évident que je ne peux pas et que je ne veux pas continuer à jouer dans ces circonstances. Roland-Garros est Roland-Garros, tout le monde sait ce que représente ce tournoi pour moi. Je voulais me donner une chance ici, c’était le seul moyen, donc je l’ai fait. Mais je ne peux pas continuer à jouer avec le pied endormi. Sachant que les injections ont bien fonctionné, la semaine prochaine on va faire un traitement sur les deux mêmes nerfs. L’intervention consiste en des injections par radiofréquence pulsée (NDLR : appliquer un courant électrique sur le nerf) qui pourraient aider à diminuer la sensation de douleur permanente dans le pied. L’objectif, c’est de +désactiver+ le nerf, pas de manière aussi exagérée que maintenant où c’est complètement endormi, mais disons à moitié, de façon plus durable. Il faut avoir confiance. »

Et si ça ne fonctionne pas ?

« Ce sera une autre histoire. Il y a différentes options, dont une opération, mais c’est un choix de vie que je ne suis pas encore prêt à faire. Il faut voir si ça vaut le coup ou si ça n’a plus de sens. Pour envisager une opération qui pourrait améliorer la situation, mais qui ne me garantirait pas du tout de pouvoir continuer, il faudra que je comprenne tout (…) Mais je regarde vers l’avenir avec optimisme, j’espère que les choses qu’on va faire vont fonctionner, et à partir de là, j’espère continuer, parce que je vis une belle période, inattendue à ce stade de ma carrière. Je profite du cadeau que c’est de toujours jouer à mon âge, ce que je n’aurais jamais imaginé il y a dix ans. »

Quelle place occupent vos deux derniers titres à l’Open d’Australie et Roland-Garros parmi vos 22 trophées du Grand Chelem ?

« Avoir de nouveau ce trophée auprès de moi, ça vaut tout l’or du monde. Ces deux victoires ont été très émouvantes, sans aucun doute, parce qu’elles étaient assez inattendues. Alors oui, je suis très heureux. J’ai passé deux grandes semaines (à Roland-Garros), en m’améliorant jour après jour jusqu’à jouer une bonne finale. Surtout que j’ai eu un tableau vraiment compliqué. Mais j’ai réussi à battre quatre joueurs du Top 10 (Auger-Aliasssime, Djokovic, Zverev et Ruud).

C’est un tournoi qui a une grande valeur en termes de niveau tennistique. C’est dur de décrire mes émotions. Soulever le trophée, c’est déjà quelque chose de grand. Mais si en plus on tient compte des mois précédents, mentalement ce sont des coups que j’ai pris… Après six mois sans compétition, j’ai commencé l’année de façon phénoménale et quand tout semblait aller extraordinairement bien, je me suis retrouvé avec une fracture aux côtes qui m’a écarté d’une bonne partie de la saison sur terre et m’a fait manquer autant d’entraînement. Et quand je suis revenu, c’est le problème du pied qui a réapparu. »

Qu’est-ce qui vous motive encore ?

« Il ne s’agit pas d’être le meilleur de l’histoire. Ce n’est pas une question de records. J’aime ce que je fais. J’aime jouer au tennis et j’aime la compétition. Nous avons atteint nos rêves Roger, Novak et moi. Nous avons réussi des choses que nous n’avions sans doute jamais espérées. Ce qui me pousse à continuer, ce n’est pas la course à celui qui est le meilleur ou celui qui a gagné le plus de tournois du Grand Chelem. Ce qui me pousse, c’est la passion pour ce sport, ces moments que je vis et que je vais conserver toute ma vie, ces matches devant les meilleurs publics et dans les meilleurs stades du monde. Bien sûr, si je ne me sentais pas compétitif, je n’apprécierais pas. »