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France : Gérald Darmanin, le ministre au centre de la tempête


La ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, et Gérald Darmanin se sont expliqués mardi devant la presse au sujet des incidents au Stade de France. (photo AFP)

Gérald Darmanin, le ministre français de l’Intérieur au centre de la tourmente depuis le fiasco du Stade de France, est malgré son jeune âge un des poids lourds du gouvernement français, allié d’Emmanuel Macron, et pas à sa première polémique.

Le ministre, ainsi que sa collègue aux Sports, Amélie Oudéa-Castéra, devaient s’expliquer mercredi après-midi devant une commission sénatoriale sur les incidents qui ont émaillé samedi l’avant-match le plus important de la saison en Europe, remporté par le Real Madrid (1-0) face à Liverpool.

Vilipendé par l’opposition dont certains membres l’ont ouvertement traité de « menteur », ainsi qu’outre-Manche, le ministre conserve « toute la confiance du président » Macron, a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement français, Olivia Grégoire.

L’affaire intervient à un peu plus d’une semaine du premier tour des élections législatives en France, le 12 juin, et est une nouvelle mauvaise passe pour le gouvernement, tout juste formé le 20 mai dernier.

Gérald Darmanin a été propulsé plus jeune ministre de l’Intérieur (ministère chargé en France de la sécurité intérieure et de la police, ainsi que des cultes religieux) en 2020. Il a conservé son poste dans le nouveau gouvernement nommé après la réélection du président Macron en avril, et se présente aux législatives dans son fief dans le nord de la France. On prête à cet homme aux origines modestes les plus grandes ambitions, y compris l’Élysée, selon un haut fonctionnaire.

Formules chocs 

Âgé de 39 ans, Gérald Darmanin est un ancien ministre des Comptes publics et un transfuge du parti de l’opposition de droite Les Républicains (LR), proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Honni par la gauche, « opportuniste » sinon « traître » pour ses anciens amis LR, il a rejoint Emmanuel Macron en 2017 et s’est taillé un costume de « poids lourd » de l’exécutif. Sa nomination avait cependant fait polémique, alors qu’il faisait l’objet à l’époque d’accusations de viol. Cette épée de Damoclès judiciaire s’est depuis éloignée : début 2022, la justice française a requis un non-lieu dans cette affaire qu’il traîne depuis 2017.

« Ensauvagement » de la société, la drogue « c’est de la merde », « je m’étouffe » en entendant le mot « violences policières » : Gérald Darmanin a multiplié au ministère de l’Intérieur les formules chocs, tweets et visites de commissariats pour reconquérir la confiance des forces de l’ordre.

Un parcours fulgurant

Il a connu plusieurs revers politiques comme lors des discussions sur une loi de Sécurité globale où il voulait imposer le floutage des visages des forces de l’ordre filmées en intervention. Gérald Darmanin s’emploie à choyer les organisations syndicales, toutes puissantes dans la police, à coup de dîners au ministère après des séances de travail où il accède à nombre de leurs revendications.

Petit-fils de tirailleur algérien, né à Valenciennes (Nord) d’un père tenancier de bar et d’une mère femme de ménage à la Banque de France, Gérald Darmanin ne manque jamais l’occasion de rappeler ses origines modestes et son deuxième prénom, Moussa.

Malgré son jeune âge, son parcours est fulgurant. Militant à 16 ans, il est élu député du Nord à 29 ans, en 2012. En 2014, il enlève aux socialistes la mairie de Tourcoing, où il sera réélu en 2020. S’il a cédé officiellement sa place de maire à l’une de ses adjointes, Gérald Darmanin met régulièrement en scène sur Twitter ses retours, le week-end, auprès de ses administrés.

« Sa popularité locale est une légende bien entretenue, il est plus craint qu’apprécié », persifle un parlementaire de la majorité.