Me Lutgen et un juge d’instruction se retrouvent devant la Cour d’appel. L’avocat conteste la décision de première instance.
Il est plutôt rare qu’un avocat endosse le rôle de prévenu. C’est pourtant ce qui s’était passé en décembre dernier : Me André Lutgen avait été condamné à 2 000 euros d’amende pour outrage à un juge d’instruction. La défense avait assuré qu’elle interjetterait appel en cas de condamnation à la moindre amende. «Notre but est que Me Lutgen soit acquitté des deux infractions à sa charge. Le tribunal n’a pas été de cet avis. Pour nous, il n’y a pas eu outrage à magistrat», avait indiqué Me Prum, l’avocat de Me Lutgen, à l’époque. Et voici que débute cette semaine son procès en appel.
L’avocat est accusé d’avoir voulu exercer une pression sur le juge d’instruction Felipe Rodrigues avec lequel il a déjà eu maille à partir par le passé. Il souhaitait la levée des scellés apposés sur un transformateur après un accident du travail à l’usine ArcelorMittal de Differdange. Me Lutgen, qui dit avoir travaillé dans l’intérêt de son client, a écrit un courrier aux ministres Félix Braz et Étienne Schneider ainsi qu’au procureur général d’État, Martine Solovieff, pour débloquer la situation. Initiative perçue comme de l’intimidation par la partie civile.
Les parties campent sur leurs positions dans ce deuxième acte de l’affaire. Les deux hommes ont fait leur travail en mai 2019 et n’ont rien à se reprocher. La défense dit œuvrer dans l’intérêt de la profession d’avocat. «Un avocat doit être indépendant et se donner au maximum pour son client. S’il risque d’être condamné pénalement pour avoir exercé sa profession, il pourrait à l’avenir se sentir restreint et ne plus s’acquitter de son devoir comme il le devrait», a expliqué Me Prum. «Cela reviendrait à nous laisser dicter notre manière de travailler par le parquet.»
Cet après-midi, ce sera au tour du procureur général adjoint de prendre la parole.