Le tour de Corse à la nage en une semaine, soit 500 km en relais avec deux équipiers, est le nouveau défi du « Dauphin corse », Thierry Corbalan, policier retraité, sportif de haut niveau de 56 ans, amputé des bras après un accident, qui entamera jeudi sa nouvelle odyssée en se mettant à l’eau près d’Ajaccio.
« Ce n’est pas par ce que l’on a un handicap que l’on est handicapé », raconte en souriant ce quinquagénaire aussi déterminé que tranquille, avide de défis et d’aventures humaines. Et, avec Corbalan, tout semble simple puisque, comme il le dit, « invalide ou valide, on fait les mêmes choses, mais différemment ».
Alors, pour compenser la perte de ses bras, amputés après avoir été électrocuté en 1988 quand sa canne à pêche a touché une ligne à haute tension de 25.000 volts sur la Côte d’Azur, l’ancien policier d’une brigade anti-criminalité nage avec une monopalme de 70 cm de long et 50 cm de large à la seule force des jambes et du torse.
Avec cet équipement fabriqué à Fuveau (Bouches-du-Rhône) par le spécialiste russe Oleg Pudov, qui équipe plusieurs champions du monde, Corbalan, qui s’entraîne plusieurs heures par jour, a déjà relevé de nombreux défis.
Cet ancien champion de judo, passé à la course à pied après son accident, s’est mis à la natation en 2009 effectuant la traversée aller-retour (32 km) des bouches de Bonifacio entre Corse et Sardaigne.
Pour la création, en 2012, de son association « Le Dauphin corse » d’aide aux handicapés et aux malades, il relie le Cap corse à l’île italienne d’Elbe (60 km en moins de 16 heures). L’an dernier, il a traversé le lac Léman (19 km) pour aider les victimes de la sclérose en plaque. Il a aussi été champion vétéran de France de nage avec palmes avec les valides en 2014.
Le projet du tour de Corse, il l’a monté avec un autre nageur de longue distance, Jean-Luc Casini, pompier professionnel de 45 ans, rencontré en 2008 lors du tour des îles Sanguinaires, près d’Ajaccio. Les deux compères se sont adjoints la complicité d’un troisième nageur, un journaliste de France 3 Corse, Stéphane Usciati, 45 ans. Casini et Usciati nageront en bi palmes et Corbalan pourra aussi en chausser sur certaines portions du parcours pour soulager son dos.
Assisté par Méteo-France et par les sapeurs pompiers de Corse-du-Sud, les nageurs doivent partir vers le Nord en longeant la côte occidentale. Mais, en fonction des ultimes prévisions jeudi, ils pourraient s’orienter au Sud.
Le plan est de nager en relais par tranches de trois heures, suivies de six heures de repos. Chaque nageur est assisté d’un kayak qui le précède, trace la route, qu’il éclaire la nuit, et permet au nageur de boire et de s’alimenter. « Ce sera aussi difficile pour les kayakistes que pour nous et même plus dur s’il y a du vent et des vagues », explique Corbalan. La première crainte des nageurs, ajoute-t-il, « ce sont les méduses, même avec les combinaisons néoprène dont nous serons équipés ».
Le « vrai ennemi » sera toutefois « la fatigue, car nous partons un peu dans l’inconnu », notamment en termes de capacité de récupération, en prévoyant de nager aussi longtemps pendant une semaine, même en étant bien entraînés, souligne l’ancien policier.
AFP / S.A.