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Corrosion : les yeux tournés vers Cattenom


La centrale nucléaire de Cattenom compte quatre réacteurs. Les installations de deux d’entre eux sont analysées à cause de ce problème de corrosion par contrainte». (Photo : archives editpress/fabrizio pizzolante)

Les analyses se poursuivent concernant les risques de corrosion de la tuyauterie liée au réacteur 3 de Cattenom. Le réacteur n° 4 est actuellement ausculté pour voir s’il est aussi touché.

De la corrosion qui peut, à terme, provoquer des fissures. L’entreprise Électricité de France (EDF) est actuellement empêtrée dans des opérations de vérifications de grande ampleur à propos d’un problème affectant les circuits de sécurité de certains de ses réacteurs en France. Et la centrale de Cattenom est aussi touchée par ce souci qui, s’il ne présente pas de risque pour le fonctionnement des unités de production d’électricité, peut s’avérer problématique en cas d’accident.

Greenpeace a diffusé, mercredi, une note d’information transmise par la Commission locale d’information (CLI) de Cattenom. Le document explique que le réacteur n° 4 de la centrale, à l’arrêt depuis le 19 février pour sa visite partielle, était aussi concerné par ces vérifications… en plus du réacteur n° 3 lui aussi stoppé . Comme nous l’évoquions également dans nos colonnes, le réacteur n° 1 sera quant à lui contrôlé pour les mêmes raisons l’année prochaine durant le deuxième trimestre.

Quelle est cette histoire de corrosion sous contrainte? Lors d’une vérification l’année dernière d’un de ses réacteurs, EDF a constaté que la tuyauterie d’un circuit auxiliaire était touchée par un phénomène de corrosion inattendu. Cette corrosion a été identifiée près de soudures de la tuyauterie du RIS (le circuit d’injection de sécurité) et du RRA (le circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt). Cette corrosion peut, à terme, provoquer des fissures.

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français, le RIS permet d’injecter de l’eau borée dans le cœur du réacteur afin de stopper la réaction nucléaire et de maintenir le volume d’eau dans le circuit primaire en cas d’accident de perte de réfrigérant primaire. Le RRA, quant à lui, a pour fonction, lors d’une mise à l’arrêt du réacteur, d’évacuer la chaleur résiduelle produite par le combustible dans la cuve du réacteur et d’éviter l’échauffement de l’eau du circuit primaire dû à la présence de combustible dans le cœur.

Des travaux de remplacement prévus

Électricité de France fait preuve de transparence, il faut le dire, concernant ce souci d’ordre technique de ces circuits auxiliaires et de sauvegarde. Le 19 mai, par voie de communiqué, l’entreprise a expliqué que douze réacteurs de son parc, actuellement à l’arrêt, sont concernés par les contrôles de corrosion sous contrainte.

Le résultat des expertises métallurgiques réalisées sur des échantillons prélevés sur des tuyauteries des circuits auxiliaires des réacteurs de Civaux 1, Chooz 1 et Penly 1 a confirmé la présence de cette corrosion à proximité de soudures des circuits RIS et RRA. Les contrôles et expertises réalisés sur Chinon B3 ont confirmé, quant à eux, l’absence de corrosion sur le circuit RIS.

La présence de corrosion a par contre été localisée sur une soudure du circuit RRA. Les contrôles et investigations se poursuivent sur huit autres réacteurs : Bugey 3, Bugey 4, Civaux 2, Chooz 2, Flamanville 1, Flamanville 2, Golfech 1… et Cattenom 3. Cattenom 4, déjà à l’arrêt pour raison de contrôle technique, aura donc aussi droit à sa petite analyse.

EDF précise qu’elle a réalisé des contrôles par ultrasons, des expertises sur des échantillons de tuyauteries, des simulations numériques de soudage ainsi que des études pour calculer la vitesse de propagation de la corrosion sous contrainte. À ce stade, ces analyses ont permis à EDF de confirmer un développement lent de la corrosion sous contrainte et d’observer l’existence d’une zone de compression qui bloque l’évolution du phénomène.

Les analyses ont dévoilé plusieurs éléments : la localisation du phénomène dans la zone affectée thermiquement par les soudures, l’influence a priori prépondérante de la géométrie des circuits, l’influence des procédés de soudage, l’existence d’une zone de compression dans le métal, qui limite l’évolution du phénomène de corrosion à quelques millimètres.

Parallèlement à ces travaux de diagnostic, EDF a réalisé et présenté à l’Autorité de sûreté nucléaire une première analyse de sûreté complétée de calculs, portant sur sa capacité à arrêter ses réacteurs en toute sûreté, y compris en cas de perte de 2 des 4 lignes des circuits d’injection de sécurité.

Le remplacement de ces tuyaux aux soudures problématiques est déjà prévu. La préparation des chantiers sur les réacteurs concernés est lancée et les premiers dossiers de réparation ont été présentés à l’Autorité de sûreté nucléaire, en vue de leur instruction.

EDF a lancé les approvisionnements en tubes et coudes avec des aciéristes européens. Les cadences de production ont été optimisées pour livrer les premières pièces de rechange avant cet été.

Un commentaire

  1. Je dors tranquillement, moi qui habite à côté de la centrale.
    Pourquoi toujours alimenter la peur?