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Ukraine: près de 300 combattants évacuent l’aciérie Azovstal à Marioupol


Les autorités ukrainiennes avaient affirmé la semaine dernière que plus de 1.000 soldats ukrainiens - dont 600 blessés - se trouvaient dans ce complexe industriel (Photo : AFP)

Une opération de sauvetage des combattants ukrainiens de l’immense aciérie Azovstal – ultime poche de résistance face à l’armée russe dans le port stratégique de Marioupol – était en cours mardi selon Kiev, qui considère désormais que ces hommes ont « rempli » leur mission.

Les soldats de la garnison stationnée à Azovstal, dont plus de 260 ont déjà été évacués lundi, ont « rempli leur mission de combat », a salué l’état-major de l’armée ukrainienne dans un communiqué, et ordre a été donné à leurs commandants de « sauver la vie » de ceux qui restent. « Malheureusement, aujourd’hui, l’Ukraine ne peut pas débloquer Azovstal par des moyens militaires », a expliqué de son côté le ministère de la défense ukrainien sur Telegram.

Les autorités ukrainiennes avaient affirmé la semaine dernière que plus de 1.000 soldats ukrainiens – dont 600 blessés – se trouvaient dans ce complexe industriel, véritable « ville dans la ville » avec ses kilomètres de galeries souterraines. Ils s’y étaient retranchés après avoir subi pendant plus d’un mois le siège de Marioupol, attaquée par l’armée russe dès le début de la guerre, déclenchée le 24 février, et aujourd’hui totalement ravagée.

Cette ville, au bord de la mer d’Azov, est stratégiquement située entre la Crimée annexée par Moscou en 2014 et la région minière du Donbass (est de l’Ukraine), où se trouvent deux « républiques » séparatistes pro-russes et où la Russie intensifie actuellement son offensive. Sa prise totale par les forces russes, qui semble désormais inéluctable après l’ordre donné aux derniers combattants d’Azovstal, permettrait à ces dernières de faciliter la jonction entre la Crimée et le Donbass.

« Procédure d’échange »

Quelque « 53 blessés graves ont été évacués d’Azovstal vers Novoazovsk pour assistance médicale et 211 autres ont été transportés à Olenivka par un couloir humanitaire », a annoncé la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Malyar, lundi soir dans une vidéo. Ces deux localités sont situées en territoire contrôlé par les forces russes et prorusses dans l’est de l’Ukraine, mais les combattants devaient être rapatriés en territoire contrôlé par l’Ukraine « dans le cadre d’une procédure d’échange », a-t-elle précisé.

L’état-major ukrainien a confirmé l’évacuation de ces 264 soldats et indiqué dans la nuit de lunid à mardi que « l’opération de sauvetage des défenseurs de l’Ukraine bloqués » sur le site d’Azovstal « se poursuit », sans préciser leur nombre.

Leur résistance acharnée a notamment empêché la prise rapide par l’armée russe de la gande ville ukrainienne de Zaporijjia, 200 km à l’ouest, selon l’état-major. Le ministère russe de la Défense avait annoncé lundi avoir instauré un cessez-le-feu autour d’Azovstal, pour permettre l’évacuation des soldats ukrainiens blessés.

« Soldats russes expulsés »

Dans l’Est de l’Ukraine, objectif prioritaire de Moscou, l’armée russe « ne cesse de mener des opérations offensives » et « concentre ses efforts principaux sur la direction de Donetsk », a indiqué l’état-major mardi matin dans un communiqué. La veille, « au moins 10 personnes ont été tuées » dans des bombardements russes à Severodonetsk, une ville devenue importante pour les Ukrainiens depuis que des forces séparatistes soutenues par Moscou se sont emparées d’une partie du Donbass en 2014, a annoncé lundi le gouverneur de la région. Cette cité est quasiment encerclée par les forces de Moscou.

Dans un précédent message lundi, Serguiï Gaïdaï avait fait état de frappes d’artillerie sur Severodonetsk et sur sa ville jumelle de Lyssytchank, ayant provoqué des incendies dans des quartiers d’habitation. « Severodonetsk a subi des frappes très puissantes », a-t-il ajouté, accompagnant son message de photographies des destructions.

Malgré les appels des autorités ukrainiennes à évacuer Lyssytchansk, qui n’est séparée de Severodonetsk que par un cours d’eau, le Siversky Donets, et qui est régulièrement bombardée, plus de 20.000 civils – contre 100.000 habitants avant la guerre – sont restés, selon des volontaires qui distribuent de l’aide dans la région.

Toujours dans cette zone, près de Sirotyne, « l’ennemi a subi des pertes pendant les combats et s’est replié », relève toutefois l’état-major ukrainien mardi, ajoutant qu’une frappe russe a détruit des bâtiments privés et touché des infrastructures civiles dans la région d’Odessa (sud-ouest). Dans le nord-est en revanche, les Ukrainiens ont repris le contrôle d’une partie de la frontière dans la région de Kharkiv, selon Kiev.

Diffusant sur son compte Facebook une vidéo montrant des soldats ukrainiens devant un poteau-frontière peint aux couleurs de l’Ukraine, jaune et bleu, le ministère de la Défense s’est félicité lundi que ses forces aient « expulsé les Russes ». Les Russes ont bombardé des semaines durant des quartiers nord et est de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, à partir de localités récemment reprises par les Ukrainiens.

Les autorités ukrainiennes s’attendent désormais à ce que les unités désengagées de la région de Kharkiv aillent renforcer les troupes russes dans le Donbass, où elles ne progressent que laborieusement, selon Oleksiï Arestovytch, un conseiller de la présidence ukrainienne.

« Réponse »

Autre front pour Moscou: l’élargissement probable de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) à la Finlande et la Suède, deux pays que l’invasion russe de l’Ukraine a poussés à renoncer à des décennies de non-alignement militaire. Le président russe Vladimir Poutine a estimé lundi que ces adhésions ne constituaient pas « une menace immédiate ». Mais, a-t-il poursuivi, « le déploiement d’infrastructures militaires sur les territoires de ces pays entraînera bien sûr une réponse ».

La Russie avait en particulier expliqué son attaque en Ukraine par le rapprochement de son voisin occidental avec l’Otan, estimant que cela constituait une menace « existentielle » pour sa sécurité.

Avec l’entrée probable de la Finlande dans l’Otan, c’est 1.300 km de frontières terrestres supplémentaires que la Russie partagera avec l’Alliance atlantique. Lundi soir, la France assurait qu’elle « se tiendrait aux côtés » des deux pays en cas d’agression, tandis que Londres appelait à ce qu’ils soient intégrés à l’Otan « dès que possible ».

A Bruxelles, l’UE a tenté quant à elle lundi de s’entendre sur un arrêt des achats de pétrole russe, refusé par la Hongrie, arguant du poids financier qu’une telle mesure ferait peser sur elle. « Toute l’Union est malheureusement prise en otage par un État membre qui ne peut pas nous aider à trouver un consensus », a déploré le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis.

Pour le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, « les Hongrois attendent légitimement une proposition de solution pour financer les investissements (de nouvelles infrastructures) et compenser des hausses de prix, un coût global de l’ordre de 15-18 milliards d’euros ». Au terme de la réunion, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a concédé que finaliser le 6e paquet de sanctions « prendra du temps ». Un sommet européen extraordinaire est prévu les 30 et 31 mai.