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Mario Mutsch sur l’Euro-2022 U17 : «Il faut aller chercher la chance»


Mario Mutsch (à g.) travaille ses gamins à coups de valeurs d’humilité. (Photo : Gerry Schmit/sportspress.lu)

Mario Mutsch reste un sélectionneur très prudent avant de s’élancer dans l’inconnu, lundi, contre Israël.

Les U17 de la FLF, 16 ans après leur toute première phase finale d’un championnat d’Europe U17 et une génération emmenée par un certain Miralem Pjanic, ont réussi l’énorme exploit de se qualifier en franchissant deux tours.

Certes, au tour de qualification, l’Azerbaïdjan a fait défection en raison d’infections au covid dans son effectif, tandis qu’au tour élite, c’est la Russie qui avait été boutée hors de la compétition sur décision de l’UEFA à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Il n’en demeure pas moins que cette génération a éliminé la Norvège et l’Angleterre pour en arriver là. Ils ont atterri en Israël ce samedi pour une expérience qui s’annonce folle. Et de nouveaux exploits?

Quand on bat la Belgique ou l’Angleterre ou qu’on accroche la Norvège pour en arriver là, avec quelles ambitions peut-on bien partir en Israël?

Mario Mutsch : On reste sur notre ligne. On ne doit pas devenir arrogants, surtout qu’on n’a jamais joué ce genre de compétitions et qu’au début de la campagne, même moi je ne savais pas à quel niveau on était. Déjà, pour battre la Belgique (NDLR : victoire 0-1), il nous a fallu un petit peu de chance. Après, contre la Norvège, quand j’ai vu qu’on était capables de basculer le match de 2-0 à 2-2, je me suis dit qu’on avait au moins des qualités pour revenir.

Après il y a eu la France (NDLR : 2-0) et on a vu qu’aux niveaux technique et athlétique, on avait déjà quasiment affaire à des pros. On a vu leurs gabarits et nos joueurs ont eu peur. Ils me l’ont confirmé après le match. Cette peur, on l’a laissée aux vestiaires contre l’Angleterre (NDLR : 2-0) et alors que personne ne misait sur nous, avec du caractère, de la discipline et encore un peu de chance…

Mais la chance, elle ne t’attend pas derrière la porte, il faut aller la chercher. Et c’est encore ce qu’on va essayer de faire en Israël. Mais je sais que nos adversaires vont nous respecter après ce qu’on vient de faire.

Vous héritez d’un groupe avec l’Allemagne, l’Italie et le pays hôte, Israël. Extrêmement compliqué…

L’Allemagne, je les rangerais plus dans le même tiroir que la France que dans celui de l’Angleterre : beaucoup de qualités athlétiques et physiques. Italie, la même chose, mais avec un côté technique et tactique en plus. Non, il ne faut pas croire, nous, qu’on est devenus quelqu’un parce qu’on est là… On est plutôt sur une logique de développement.

Les U17 luxembourgeois n’ont joué qu’une autre phase finale de championnat d’Europe, c’est quand le pays l’a accueillie en 2006 et cela avait débuté sur un violent 7-1 contre l’Espagne. L’évolution de la formation au CFN et ce que vous nous avez montré depuis le début de la campagne garantit-il de ne pas revivre ce genre de mésaventure?

Je partage avec Luc Holtz la certitude que quand on joue de telles équipes, représentant des nations de plus de 60 millions d’habitants, c’est un risque. Nous, si on a deux ou trois joueurs qui ne peuvent pas participer, on ne peut pas les remplacer. Eux, ils peuvent. On sait donc que ça peut arriver.

Avec trois matches à disputer en six jours, il y aura nécessairement une rotation, pourtant…

Depuis le début de la campagne, on n’a jamais dû jouer trois matches. À chaque fois, on s’est contentés de deux. On sait donc que cela va être dur et on sait d’avance qu’il faudra une rotation.

En même temps, ce qui m’a manqué lors du tour élite, lors duquel j’ai peu changé les joueurs, c’est que ceux qui ont moins joué ne m’ont pas non plus convaincu qu’ils voulaient absolument jouer. Et ce côté « je veux absolument être sur le terrain«  m’a manqué. Je les voyais décompresser avant les matches et ce n’est pas bien. Ils doivent tous comprendre ce message.

Ce tournoi peut-il accélérer l’arrivée de certains de vos garçons en sélection A?

Bien sûr! Si Luc voit que nos U17 sont capables de se qualifier pour ce genre de tournoi, il va forcément se poser des questions. N’y en a-t-il pas certains qui sont proches du groupe A? La qualité est plus grande qu’elle l’était à mon époque alors pourquoi pas intégrer un jeune pour lui montrer tout ce qu’il lui reste à accomplir pour être au niveau? C’est le message qu’on leur passe en tout cas : ils doivent se battre, sans se permettre de respirer un seul jour. Parce qu’il n’y a pas un seul jour à perdre.

Cela a-t-il été dur d’annoncer à certains garçons qu’ils ne participeraient pas à cette aventure unique?

Ça, c’est sûr! Mais on a donné sa chance à chacun et chacun connaît les règles du jeu. Les expatriés partaient avec un avantage, mais ceux qui m’ont montré qu’ils pouvaient et voulaient jouer, comme Ronaldo (NDLR : Machado, de Pétange) contre l’Angleterre, sont là.