À deux jours d’intervalle, l’Insee et la Banque de France ont fait part de prévisions de faible croissance de l’économie française au deuxième trimestre, conséquence des perturbations et de l’inflation engendrées par la guerre en Ukraine et l’épidémie de Covid en Chine.
La banque centrale française a annoncé mercredi qu’elle tablait sur une croissance « modérée » de 0,2% au deuxième trimestre, un niveau proche de la prévision de 0,25% communiquée par l’Institut national de la statistique lundi. « Ce n’est pas brillant mais après un choc comme (la guerre en Ukraine) c’est résilient », a commenté mercredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau sur France Inter, soulignant que « l’activité et l’emploi résistent mais l’inflation augmente fortement ».
Après un premier trimestre atone, avec une croissance zéro, le ralentissement de l’économie française se confirmerait donc, principalement sous l’effet de l’inflation, qui augmente les coûts des entreprises et réduit la confiance des ménages, qui hésitent à consommer.
Selon la Banque de France, dont la prévision s’appuie sur une enquête auprès d’environ 8.500 entreprises, l’activité serait surtout soutenue dans les prochains mois par le secteur des services, comme l’hôtellerie-restauration, qui se remettent des restrictions sanitaires du début d’année pendant la vague Omicron.
À l’inverse, l’industrie et le bâtiment seraient moins dynamiques, car frappés de plein fouet par les difficultés d’approvisionnement en matières premières et énergie qui gonflent sensiblement leurs coûts, ce qui les poussent à augmenter leurs prix de vente. Sur la même ligne, l’Insee estime qu’après un recul surprise de 1,3%, la consommation des ménages devrait « légèrement rebondir » au deuxième trimestre.
Mais la principale inquiétude reste toutefois leur réaction face à l’inflation, qui pourrait atteindre 5,4% en juin selon l’institut. Car après l’énergie, ce sont désormais les prix alimentaires et ceux des services qui prennent une pente ascendante.
« Le plus dur » à venir
L’inflation devrait ainsi grever le pouvoir d’achat des ménages, l’Insee tablant sur une baisse de 1,5% au premier trimestre, puis de 0,5% au deuxième. La forte reprise de 2021, avec une croissance de 7% au moment où la France se remettait de l’épidémie de Covid-19 et une hausse de 1,9% du pouvoir d’achat, semble donc bien de l’histoire ancienne, l’économie étant frappée par de nouveaux chocs internationaux.
Face à ces difficultés, « le plus dur est devant nous », a d’ailleurs prévenu la semaine dernière le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, estimant que « l’inflation nouvelle est le premier sujet de préoccupation économique » actuellement.
Avant même la nomination du prochain gouvernement, Bercy prépare et budgète d’ailleurs les dispositifs d’aide promis par Emmanuel Macron, comme un chèque alimentaire, une aide pour les personnes qui utilisent beaucoup leur voiture pour travailler, ou encore les augmentations des pensions de retraite, du traitement des fonctionnaires et des minimas sociaux.
Au total, et si les élections législatives confirment la majorité actuelle, ce seront encore plusieurs milliards d’euros qui devraient être mobilisés par les pouvoirs publics d’ici la fin de l’année, après les 26 milliards d’euros déjà mis sur la table pour le « bouclier tarifaire » sur l’énergie et le plan de résilience face à la guerre en Ukraine.
Les nouvelles mesures doivent être intégrées dans une loi votée dès le nouveau Parlement élu. En attendant, Bruno Le Maire doit faire mercredi en conseil des ministres, le probable dernier du gouvernement Castex, une communication sur « la protection du pouvoir d’achat des Français ».