Un défilé examiné avec attention, une tribune scrutée à la loupe et un discours décrypté au mot près. Ce lundi, le président russe, Vladimir Poutine, a assisté au traditionnel défilé du 9 mai marquant les festivités de la victoire sur l’Allemagne nazie. Le maître du Kremlin a voulu renouer avec le faste de ces célébrations dès son arrivée au pouvoir. La nostalgie de l’Union soviétique. Toujours. Hier, le bond dans le passé a été encore plus frappant. Avec la guerre en Ukraine, le rendez-vous du 9 mai n’a plus rien d’un simple rite permettant de renouer avec un passé glorieux. Comme au temps de l’Union soviétique, le moment, qui était autrefois brièvement évoqué par les médias occidentaux, était désormais attendu et craint par les chancelleries.
Hier, les analystes occidentaux ont regardé de près les personnes qui se trouvaient dans la tribune officielle. Quels généraux sont absents et tombés en disgrâce? Quels proches du pouvoir ont disparu subitement? Qui sont ceux qui ont reçu de l’avancement et pris la place des absents? Sur la place Rouge, les équipements militaires ont aussi défilé devant Poutine les uns après les autres. Là encore, les observateurs se sont concentrés pour reconnaître quels types de missiles, quels types de blindés étaient dévoilés devant les Moscovites. Les réflexes de la guerre froide sont revenus. Petite déception néanmoins : le tant attendu avion de l’apocalypse, un avion transformé en bunker volant destiné au leader russe en cas de guerre nucléaire, n’a pas pointé le bout de son fuselage. Les nuages étaient trop présents pour un passage en toute sécurité. Oui, même les équipements les plus terrifiants ont leurs petites faiblesses.
Autre moment fort : le discours de Poutine. Quel mot allait-il choisir? Quel message allait-il faire passer? Allait-il annoncer une guerre totale à l’Ukraine, ce petit pays qui lui donne tant de mal? Non, le président a juste répété qu’il fallait «se battre pour sa patrie» et détruire les «nazis» ukrainiens. Quelques heures plus tard, après la parade, le président américain, Joe Biden a, de son côté, réactivé pour aider l’Ukraine une loi d’assistance militaire datant de la Seconde Guerre mondiale. Vous avez dit bond dans le passé?