Le Parlement européen a ouvert la voie, hier, à un changement du système de vote pour les élections européennes. L’unanimité des États membres est cependant requise pour réaliser cette réforme.
Alors que le Luxembourg se prépare à une plus large ouverture du droit de vote pour les résidents étrangers aux élections communales, un autre changement de paradigme se prépare à l’échelle de l’Union européenne.
Jusqu’à présent, les électeurs avaient uniquement le choix des candidats nationaux pour aller représenter leur pays au Parlement européen. Dans le cas du Grand-Duché, six sièges sont à répartir entre les partis. Avec le vote, hier, à Strasbourg, la voie est ouverte à un nouveau système électoral. Les électeurs auront à la fois la possibilité d’élire leurs députés européens nationaux, mais aussi de choisir entre des listes transnationales.
Ce nouveau modèle, soutenu notamment par la France et l’Allemagne, a obtenu une majorité serrée au Parlement européen : 323 voix pour, 262 voix contre et 48 abstentions. Les eurodéputés ont adopté un «projet d’acte législatif» pour mettre en place un «véritable scrutin unique européen avec des normes minimales communes».
Le texte vise à «résoudre le problème de 27 élections parallèles» dans autant d’États membres, a fait valoir l’eurodéputé espagnol socialiste Domènec Ruiz Devesa, rapporteur du projet, longuement applaudi dans l’hémicycle à l’issue du vote.
Avec un bulletin de vote distinct de celui des circonscriptions nationales, ce système permettrait aux électeurs de désigner 28 élus supplémentaires, en plus des 705 sièges actuels du Parlement. Une possibilité ouverte par le départ des élus britanniques après le Brexit.
Il donnerait aussi aux électeurs, par le biais des têtes de liste, de peser sur le choix de la présidence de la Commission européenne, actuellement désignée à l’issue de tractations entre les États.
Rendez-vous le 9 mai 2024 ?
Les réformes votées par les eurodéputés concernent aussi la généralisation du vote par correspondance, un jour unique de vote dans l’UE fixé au 9 mai (fête de l’Europe), la possibilité pour tous les Européens d’être candidats dès l’âge de 18 ans dans tous les pays et l’obligation de listes paritaires ou de quotas pour assurer une égalité entre hommes et femmes parmi les candidats.
«Il est grand temps d’introduire des changements cette année, sinon le système sera le même en 2024», date du prochain scrutin, a plaidé Vera Jourova, vice-présidente de la Commission européenne.
Cette approbation en session plénière, qui suit un vote en commission parlementaire en mars, va ouvrir des négociations avec les 27 États membres, réunis au sein du Conseil européen, qui devront approuver ces réformes à l’unanimité. «Même si on envoie un message très clair, ça va être assez difficile pour obtenir une position unanime au Conseil», a reconnu l’eurodéputé allemand Martin Schirdewan, coprésident du groupe de gauche radicale The Left, lors d’un point presse. Il table plutôt sur une introduction des listes transnationales aux élections de 2029.
L’idée de listes transnationales avait échoué en 2018 en raison de l’opposition de la principale force politique au Parlement européen, le PPE (droite).