Le Luxembourg entend peser dans le secteur spatial et investit pour cela. Cette semaine, il organise pour la 4e fois la plus grande conférence consacrée à l’exploration et à l’utilisation des ressources de l’espace.
Pendant quelques jours, Luxexpo est le centre gravitationnel des ressources spatiales. Jusqu’au 5 mai se tient en effet la quatrième édition de la Semaine des ressources spatiales («Space resources week»). C’est la plus grande conférence mondiale exclusivement consacrée à l’exploration et à l’utilisation des ressources de l’espace. L’évènement, inauguré hier, est organisé par le Centre européen d’innovation en matière de ressources spatiales (Esric), en partenariat avec l’Agence spatiale européenne (ESA), l’Agence spatiale luxembourgeoise (LSA) et le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST).
Une centaine d’intervenants internationaux sont présents pour l’occasion et plus de 1 000 personnes originaires des quatre coins du monde se sont inscrites pour participer à la pléiade de séminaires programmée : utilisation concrète des ressources spatiales, cadre légal international, modes de financement pour la recherche et le développement des technologies, problématique de durabilité et de traitement des déchets, etc.
Un événement reconnu dans le mode entier
«Cet évènement, reconnu dans le monde entier, est essentiel pour rassembler la communauté internationale. Il souligne le rôle central du Luxembourg dans ce domaine», a déclaré le ministre de l’Économie, Franz Fayot, dans son discours d’ouverture.
Un rôle d’ailleurs vivement salué par le directeur général de l’Agence spatiale européenne, Josef Aschbacher, venu au Grand-Duché spécialement pour l’occasion : «Je suis très impressionné par la manière dont le secteur spatial est organisé et tourné vers l’avenir au Luxembourg : il y a une vision très claire, soutenue par les politiques et suivie par des investissements», a-t-il répété au cours de la conférence de presse organisée hier.
«Le Luxembourg est un petit pays, mais c’est une puissance spatiale en termes d’investissements. Il a le plus fort taux d’investissement spatial en Europe : 118 euros par tête, ce qui est bien plus que la plupart des autres pays européens. Comme l’investissement dans les télécommunications paie, l’investissement dans les ressources spatiales paiera avec certitude dans le futur. Nous nous attendons à une importante croissance de l’économie spatiale : elle vaut aujourd’hui 350 milliards de dollars, elle devrait atteindre 1 000 milliards d’ici les dix prochaines années, soit une croissance de 10 % par an. C’est un secteur très solide», a ajouté Josef Aschbacher.
Des start-up très actives
Le Luxembourg soutient en effet des start-up prêtes à se lancer dans le secteur des ressources spatiales, notamment par le biais du «Start-up support programm» (SSP) de l’Esric. Mais la participation très active du secteur privé dans l’aventure n’est pas sans poser question, au vu des écueils (et le terme est faible) qui ont vu le jour sur Terre avec l’exploitation minière.
«Il est indéniable qu’il faut établir un cadre légal, pour éviter que l’exploitation des ressources spatiales se transforme en eldorado, avec l’idée de « premier arrivé, premier servi« . Il faut apprendre de l’histoire. Le traité actuel est obsolète, nous travaillons actuellement à l’établissement d’un nouveau cadre. Mais il faut un équilibre entre public et privé», a répondu Franz Fayot.
Un plateforme de partage de connaissances
La journée d’hier a aussi marqué le lancement par l’Esric d’une plateforme de partage des connaissances à destination de la communauté des ressources spatiales. Cette base de données regroupe déjà plusieurs centaines de publications scientifiques accessibles gratuitement sur inscription, qui seront complétées au fur et à mesure par d’autres informations, des brevets, des livres, des articles de presse, des documents législatifs ou encore des posts de réseaux sociaux.
«L’une des principales attentes de la communauté des ressources spatiales est d’avoir accès à une base documentaire centralisée et facilement exploitable pour générer du savoir. La plateforme de partage des connaissances de l’Esric présente un intérêt certain pour les chercheurs, mais peut également mettre en lumière des opportunités commerciales», a commenté la nouvelle directrice de l’Esric, Kathryn Hadler.
L’impact de la guerre
La guerre en Ukraine a inévitablement eu un impact «significatif» sur le secteur spatial, a confirmé le patron de l’ESA : «Nous avons rapidement cessé nos activités avec la Russie, nous avons suspendu la coopération sur le projet ExoMars. Il y a aussi eu des répercussions sur nos lancements : nous ne pouvons lancer la fusée Soyouz à Kourou ou le lanceur Vega, dont le moteur est produit en Ukraine.»