En offrant un cadre et une formation, la nouvelle pépinière éco-solidaire permet à des personnes éloignées de l’emploi de retrouver un travail.
Nichée au fond de la rue de l’Hôpital, à Dudelange, la pépinière éco-solidaire grouille déjà d’activité en ce jeudi matin. La venue des élus pour l’inauguration de la nouvelle serre ne semblent pas troubler la quiétude du site qui a trouvé son rythme de croisière depuis déjà deux ans.
Élaboré dans le cadre de l’Initiative sociale, ce projet d’insertion professionnelle, dont la construction représente un investissement de 190 000 euros, emploie trois personnes sous la direction d’une cheffe d’équipe. «Depuis 2004, l’Initiative sociale nous permet, en collaboration avec l’Adem, d’engager des demandeurs d’emploi en CDD de deux ans maximum», rappelle le bourgmesrre de Dudelange, Dan Biancalana. «Cela offre une formation, mais aussi un accompagnement spécifique à des personnes éloignées du premier marché de l’emploi.»
Donner un rythme de travail
L’Initiative sociale permet d’accueillir l’équivalent de 21 postes à temps plein, répartis dans les différents services de la Ville. Selon le projet professionnel de la personne concernée, des formations lui sont proposées afin de l’aider à trouver un emploi (souvent le premier) ou à l’orienter vers un projet alternatif comme l’apprentissage.
À la pépinière, c’est évidemment dans le domaine des espaces verts que sont formés les demandeurs d’emploi. Ils peuvent aussi intégrer d’autres équipes du service quand le travail à la serre, selon les saisons, se fait plus rare. «Tous ne deviendront pas jardiniers, mais cela permet de leur donner un rythme de travail», précise Dan Biancalana.
Grâce à la nouvelle serre construite en deux zones, chaude et froide, ils apprennent à cultiver différents types de plantes et de légumes. «La zone chaude sert essentiellement pour les semis ainsi que pour des cultures habituées aux régions chaudes comme le paprika ou l’aubergine», détaille Christiane Kauffmann, cheffe d’équipe au sein de la pépinière. «Aprés les semis, nous passons au repiquage dans la zone chaude.» Les plantations peuvent également aller dans le jardin extérieur. «Nous essayons de les habituer au froid.»
La serre cultive 50 % de légumes et 50 % de plantes, le tout en développement durable (voir encadré). «Les légumes sont mis à disposition sur les petits îlots dispersés dans la ville où tout le public peut venir se servir dans le cadre du projet Dudel’mange», indique la responsable.
Le reste des cultures est réparti selon les différents besoins de la commune : pour les massifs de fleurs des espaces verts, pour les jardins éducatifs des différentes écoles ainsi que le Mäerchebësch derrière l’hôtel de ville et pour le jardin pédagogique de la cité jardinière.
Un dispositif unique
«Dudelange est aujourd’hui la seule ville à posséder un dispositif en faveur des personnes vulnérables comme l’Initiative sociale», explique Dan Biancalana. S’il permet aux demandeurs d’emploi d’améliorer leurs compétences professionnelles et de les accompagner, il leur fournit également un cadre stable.
Une approche d’autant plus importante que, si le chômage est au plus bas depuis 2009 avec un taux à 4,7 %, près d’un demandeur d’emploi sur deux est inscrit à l’Adem depuis plus d’un an. «Il y a environ 7 000 chômeurs de longue durée», confirme Georges Engel, le ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, présent pour l’inauguration.
Ce public éloigné de l’emploi a parfois besoin de retrouver un environnement structuré pour se réinsérer sur le marché du travail. «Nous soutenons ce genre de projets et avons investis 11 millions d’euros pour les salaires des travailleurs et de l’encadrant. Nous participons aussi aux frais de fonctionnement.» De nouveaux germes qui devraient porter leurs fruits : de nombreuses personnes passées par l’Initiative solidaire ont depuis retrouvé un emploi. Certaines ont même intégré définitivement les services de la Ville.
Une production durable
En plus de l’insertion professionnelle, la pépinière met l’accent sur le développement durable. Aucun engrais, ni pesticides ne sont utilisés dans les cultures de la serre. Les semences sont achetées dans des productions locales et responsables tandis que l’arrosage fonctionne grâce à un système de récupération des eaux de pluie. «Nous utilisons aussi des pots organiques pour limiter l’utilisation du plastique», ajoute Christiane Kauffmann.