Une «absurdité». Le mot employé par le vice-Premier ministre François Bausch est fort. Dans un entretien accordé à nos confrères de Reporter.lu, le chef de file de déi gréng au gouvernement ne cache pas que la ristourne étatique de 7,5 centimes d’euro sur les carburants le déroute. La mesure ne serait qu’un acte «symbolique» qui ne permettrait pas de soulager les petits et moyens salaires, lourdement frappés par la flambée des prix. Pire : ce seraient bien les mieux lotis, roulant souvent à bord de grosses cylindrées, qui profiteraient le plus de cette remise.
Il faut souligner que François Bausch, qui promeut encore et toujours la mobilité verte, dit avoir pu avaler cette mesure parce qu’elle est limitée dans le temps. Dans un gouvernement, et plus encore dans le cadre d’une tripartite, il faudrait être prêt à signer des compromis. L’accord finalement ficelé serait, dans son ensemble, acceptable. Cela ne change rien au fait que la cohérence et la solidarité, les fils conducteurs du paquet proposé par le gouvernement, ne cessent de prendre des coups.
En fin de compte, on pourrait même affirmer que les 75 millions d’euros débloqués pour financer la ristourne sur les carburants resteront sans effet majeur. Pour ce qui est de l’essence et du diesel – avec une réduction en vigueur jusqu’au 31 juillet – la forte volatilité des prix a déjà «bouffé» les 7,5 centimes d’euro accordés depuis à peine deux semaines.
Le constat est encore plus déroutant pour les ménages qui se chauffent au mazout. Une lectrice nous informe avoir été contrainte de débourser «l’équivalent d’un mois de pension au moins» pour se faire livrer 1 000 litres de mazout. Bon nombre d’autres personnes ont décidé de remplir préventivement leurs cuves, les uns par crainte que la guerre en Ukraine provoque une pénurie, les autres craignant de voir les prix encore augmenter.
La loi nécessaire à valider cette ristourne, certes valable jusqu’au 31 décembre, sera votée au mieux courant mai. Elle risque de venir trop tard pour de nombreuses personnes dans le besoin. La même remarque vaut pour la prise en charge par l’État du coût d’exploitation du réseau de gaz. La mesure ne sera votée que mardi prochain, deux mois après avoir été annoncée.