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Le débriefing du mardi – Retour sur un championnat trois étoiles


Après les championnats nationaux de cyclo-cross, dimanche à Brouch — Rarement le championnat n’a été aussi intéressant pour l’attribution du titre principal.

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On a longtemps cru que Gusty Bausch parviendrait à se payer le scalp de Christian Helmig. (Photos : Julien Garroy)

À quoi peut-on dire qu’un championnat de cyclo-cross a tenu toutes ses promesses ? Aux discussions qui rebondissent, longtemps après l’arrivée, aux abords du podium. Et quand ça discute autour d’un dernier vin chaud, c’est qu’il y a, forcément, matière à discussion. Dimanche, la foule avait presque du mal à quitter les lieux. Pas besoin de vous faire un dessin. Tenez, juste après l’arrivée, on a assisté à une discussion assez typique et loin d’être isolée.

Avec, à ma gauche, Justin Gloden, l’ancien champion d’athlétisme, copain d’enfance de Gust Bausch, qui est aussi un supporter de longue date de Gusty. Justin est un ami de la famille. À ma droite, Roger Thull, l’ancien entraîneur national, qui a vu passer Gusty en sélection chez les jeunes.

Une franche poignée de main et la conversation s’anima. « Dommage, indiqua Roger, à mon sens, Gusty aurait pu remporter ce championnat. Il aurait même dû le remporter. » Ce à quoi, Justin Gloden, qui était plutôt de notre avis, expliqua qu’au contraire, il avait tout donné et n’avait rien à se reprocher.

« Mais pourquoi n’a-t-il pas attendu le dernier tour et une éventuelle faute de Christian Helmig ? Je suis sûr, certain, qu’il aurait fini par commettre une faute. Et je pense que Gusty avait les moyens de le suivre. Mais son attaque à la mi-course, alors qu’il venait de revenir après son départ un peu raté, l’a mis dans le rouge pour la fin de course où tout s’est décidé », appuya encore Roger Thull. « Physiquement, rétorqua Justin, il était à bout et n’avait pas d’autre choix que de tenter ce pari. Il savait que s’il attendait, il serait cuit. Non, Gusty n’a pas à rougir de sa course, le plus fort s’est imposé, il faut le reconnaître… »

Tout le monde était bien d’accord là-dessus. En deux semaines, entre sa démonstration du 28 décembre sur ce même circuit enneigé et le championnat, Gusty Bausch, bien qu’il s’en défende après coup, est resté en parfaite condition. C’est surtout Christian Helmig qui est apparu littéralement transcendé. Un autre homme ! Le tenant du titre était parfaitement préparé. En pleine possession de ses moyens. Le duel fut si plaisant pour le nombreux public massé au bas du parcours, qu’il n’en perdit pas une miette. D’ailleurs, jamais dans le passé, un circuit n’avait offert une vue panoramique aussi large, un si joli spectacle.

> Le circuit à la loupe des observateurs

De circuit, il fut d’ailleurs aussi largement question dimanche. En gros, il y avait les contre et les pour. Au fil de la journée, par exemple, on rencontra un Lucien Didier, littéralement contre. « Trop dangereux, trop technique, pas assez physique », expliqua l’ancien professionnel, entraîneur de l’UC Dippach. Autre ex-pro, Marc Vanacker, se disait « littéralement pour. Lorsque j’étais jeune, j’aurais adoré courir sur ce circuit ». Pas loin de lui, on croisa Benoît Joachim, plus mitigé. « C’est un très beau circuit mais j’aurais davantage exploité la clairière. Et deux, trois zigzags dans la prairie, c’est assez… »

Franchement contre (« avec tous ces virages, ce n’est pas un bon circuit pour le championnat »), Gabriel Gatti redoutait le pire avant le départ. Il n’avait pas oublié que jusqu’ici, son poulain, Christian Helmig, avait toujours subi la loi de Gusty Bausch, nettement meilleur technicien. Mais avec le dégel, non seulement Christian Helmig a tiré profit d’un physique impeccable, mais ce vététiste de formation s’est aussi montré très habile. Finalement, la technique a fini par passer au second plan. C’est le physique qui a primé.

De son côté, Gusty Bausch, qui s’est dit diminué par une grippe survenue dans les dernières quarante-huit heures précédant la course, n’a pu que constater la supériorité de Christian Helmig le jour J. Même s’il avait fallu attendre l’amorce du dernier tour, presque au bout du bout, dans le dernier round, le combat s’acheva par ce coup de théâtre, puisque l’enfant du pays craqua littéralement. Au point de laisser son adversaire anéanti, terriblement déçu.

Voilà pour le quatrième acte d’un duel Bausch-Helmig qui va sans doute perdurer ces prochaines années. Si Christian Helmig a prévu d’arrêter sa carrière après les Mondiaux-2017 à Belval, des Mondiaux auxquels il rêve de participer, Gusty Bausch, dont le très net redressement récemment en avait épaté plus d’un, ne s’est rien fixé du tout. « Si je sais que notre club peut de nouveau organiser un championnat d’ici quatre ou cinq ans à Brouch, je pourrais bien prolonger jusque-là », nous avait-il glissé lorsque nous étions allés le rencontrer en milieu de semaine dernière. Pas sûr que les données aient changé après ce championnat trois étoiles.

De notre journaliste Denis Bastien

 

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