Beaucoup de personnes se demandent si elles pourraient endiguer la hausse de leur facture d’électricité avec le photovoltaïque. Attention aux déconvenues.
L’expérience a été réalisée mardi soir par un couple de Messins. Un commercial d’une société régionale s’est déplacé à leur domicile. En vingt minutes, sans avoir jeté un œil à la toiture, il leur annonce une baisse de 75 % du montant de leur facture d’électricité annuelle. En plus, la revente de l’électricité non consommée, quand ils sont en vacances ou au travail, se chiffrera à 900 euros par an. L’investissement global est de 28 900 euros, avec des panneaux garantis sur vingt ans. Leur maison est orientée est-ouest ? Ils se chauffent à l’électrique ? Ils sont principalement chez eux le soir (donc quand les panneaux ne produisent plus) ? C’est pas grave. Mais il faut se décider rapidement, car si l’énergie augmente, le coût de production des panneaux aussi…
Sites internet ou prospectus glissés dans les boîtes à lettres l’assurent : l’installation de panneaux photovoltaïques peut permettre de réaliser des économies substantielles et d’acquérir une autonomie totale rapidement. En quelques clics, Google et ses cookies ensevelissent les curieux sous des dizaines de propositions. Beaucoup se questionnent, à l’heure où le prix de l’électricité augmente. Alors, bonne affaire ou pas ? En 2016, Denis et Nicole ont installé des panneaux photovoltaïques sur le toit de leur maison à Marly.
Six ans plus tard, le constat est sans appel : «On est loin des bénéfices que l’on nous avait annoncés», détaille Denis, un œil sur ses factures. La société parisienne qui lui a installé ses panneaux avait pronostiqué un amortissement des 24 000 euros investis en douze ans. Soit 2 000 euros de revente d’électricité par an, car ces panneaux ne lui permettent pas de consommer l’électricité qu’ils produisent. En 2020, année très ensoleillée, il a touché 634,89 euros. «Et en 2021 : 566,48 euros. Alors que l’on sait que la durée de vie des panneaux est environ de vingt ans. Je devais avoir huit années de bénéfices. On en est loin.»
«Ce n’est pas rentable dans mon cas»
Lorsqu’il s’est lancé dans ses recherches, Denis a fait confiance à cette société, «la première à répondre» et à lui proposer un rendez-vous à son domicile après «un clic sur internet». Chiffres à l’appui, le commercial le convainc. «Il m’a vendu aussi un chauffe-eau thermodynamique, qui ouvrait droit à des crédits d’impôt. Parce que pour les panneaux seuls, il n’y a pas de crédit. Mais ça, ça marche bien», reconnaît-il.
Pour financer son investissement, le couple fait un prêt. «Il voulait me vendre un crédit à la consommation. J’ai refusé.» Le commercial lui demande un acompte de 18 000 euros et un second chèque de 6 000 euros qui serait encaissé après les travaux. «J’ai refusé aussi. Je lui ai dit qu’il aurait le solde à la fin. J’ai bien fait… La société a fait faillite. Du coup, je ne l’ai pas payé. Mais même avec ces 6 000 euros en moins, ce n’est pas rentable.»
Les panneaux ont été installés en août 2016. Mais l’installation ne sera raccordée qu’en septembre 2017. Pendant une année, Denis composait de tête, régulièrement, le numéro de téléphone de la société qui traînait à engager les travaux, avant qu’UEM (le fournisseur messin) ne puisse prendre le relais. «Je les ai harcelés. Un de mes amis, qui avait le double de panneaux, n’a jamais été branché avant la faillite de la boîte.»
Demander conseil pour se rassurer
Pour les propriétaires qui auraient un projet d’installation de panneaux photovoltaïques, il existe plusieurs portes auxquelles frapper pour se rassurer. Les agences locales de l’énergie et du climat (ALEC), comme d’autres associations indépendantes, proposent d’étudier gratuitement les projets et de jeter un œil sur des devis. Les fournisseurs d’électricité, surtout les fournisseurs historiques, ont également un devoir de service public. «Tous les jours, on reçoit des appels de nos clients pour savoir ce que l’on pense de devis qu’ils ont reçus», assure Stéphane Kilbertus, directeur général UEM, qui couvre 138 communes mosellanes.
Rappelons que ces fournisseurs ont une obligation de rachat de la surproduction (quand les habitants sont absents, pendant leurs vacances par exemple), même si le système est implanté en autoconsommation. Les usagers ne peuvent être totalement autonomes : il faut forcément maintenir un abonnement pour les heures de nuit. La technologie ne permet pas de stocker. Or, la nuit, les panneaux ne peuvent pas fonctionner.
D’abord et avant tout source de profits pour les fabricants chinois.
Pour les européens, le profit est plus que discutable.