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L’enfer jusqu’au 9 mai

Le 9 mai. Le jour de la célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie. Cela semble être la date que s’est fixée Vladimir Poutine pour une victoire en Ukraine. Depuis le 24 février, depuis le lancement de l’«opération spéciale», l’armée du maître du Kremlin s’est enlisée. Et elle a essuyé de lourdes pertes, même les autorités à Moscou l’admettent… mais sans avancer de chiffres concernant les morts et les blessés. La guerre s’est transformée en bourbier avec son cortège d’horreurs, de carnages, d’abus sur les populations civiles, de bombardements aveugles. L’armée russe, après avoir dévasté notamment le nord de la capitale Kiev, citadelle imprenable, a décidé un repli stratégique. Parlons franchement : une retraite devant l’obstination d’un pays, d’un peuple qui ne veut pas disparaître et qui refuse qu’on dise de lui qu’il n’est qu’une création de l’histoire, un simple malentendu.

Aujourd’hui, Vladimir Poutine a dû changer son fusil d’épaule et il martèle que son objectif est désormais uniquement l’est de l’Ukraine. Il veut juste sauver la face et s’habiller du costume de grand vainqueur après cette grande offensive qu’il prépare. Pour cela, il est prêt à sacrifier ses propres concitoyens et une partie du peuple ukrainien. Les troupes russes manœuvrent actuellement pour se ruer sur leur nouvelle proie. Vont-elles n’en faire qu’une bouchée avant le 9 mai? Les Ukrainiens s’attendent à des affrontements sanglants, mais ils ne semblent pas prêts à céder un pouce de terrain. Le délai très court fait craindre le pire. L’assaut risque d’être brutal. Nous savons tous ce que les troupes russes sont capables de faire dans les zones qu’elles contrôlent. Et pensons à Marioupol, ville martyre quasiment rasée par les Russes… même si le Kremlin raconte à longueur de temps que ce sont les Ukrainiens qui bombardent leur propre population et leurs propres villes.

En Europe, nous allons encore assister impuissant au fracas des armes. Vladimir Poutine ne s’arrêtera pas, les Ukrainiens résisteront toujours, le temps des négociations semble terminé. D’ailleurs, peut-on négocier avec Moscou? Le 9 mai, c’est dans 26 jours. Combien de morts d’ici là?