Après Etzella et l’Amicale, coup de projecteur sur l’opposition entre le Basket Esch et le T71 au travers du regard de leurs coachs respectifs.
Franck Mériguet : «On oublie les matches d’avant»
Vous affrontez le T71 que vous avez battu deux fois en saison régulière. Faut-il y penser?
Franck Mériguet : Pas du tout. On les a certes battus deux fois. Mais la première, ce n’était pas le même coach, la deuxième pas les mêmes Américains même s’ils avaient déjà Jimmie Taylor. Pour nous, le ressenti, c’est : on oublie les deux matches. On s’est surtout basé sur leurs deux derniers matches face au Sparta.
Et alors, qu’avez-vous pensé de votre futur adversaire?
Ils ont produit du beau jeu. C’est un peu comme s’il y avait eu une prise de conscience de leur part. Certes, ils ne terminent que huitième à l’issue de la saison régulière mais ils ont dans leurs rangs des joueurs Luxembourgeois qui font tout simplement partie des meilleurs du pays. On voit qu’ils ont trouvé un équilibre, qu’ils ont pris confiance et conscience de leurs capacités. C’était déjà le cas lors de leur dernier match pour se qualifier en play-offs. C’était un peu le déclic pour eux. Et depuis, ils sont sur une dynamique intéressante.
Malgré tout, vous restez les favoris?
C’est sûr que c’est ce que tout le monde pense et peut-être qu’eux vont jouer la carte du « on n’a rien à perdre« . Mais Dudelange joue bien. Ils mettent dedans. Ils sont très agressifs des deux côtés du terrain. Quand ils commencent à rentrer leurs tirs, ça peut vite devenir compliqué. Pour nous, on ne joue pas contre le huitième du championnat. On joue une demi-finale de championnat contre Dudelange, qui est toujours là.
Le fait d’être mieux classé ne veut rien dire alors?
Non. On a bien vu ce qui s’est passé pour la Résidence face à l’Amicale et le Sparta contre Dudelange. Maintenant, c’est toujours pareil. En play-offs, si tu veux être champion, tu dois battre l’équipe qui s’est qualifiée au tour précédent. Qui a mérité sa place. Et qui est donc, normalement, meilleure que l’autre adversaire. C’est aussi simple que cela.
On doit éviter qu’ils prennent confiance
Vous alignerez Clancy Rugg et Steven Green?
Oui. Pas de surprise. Steven s’adapte de mieux en mieux, il commence à trouver ses repères dans le groupe. Au début, avant les demi-finales et la finale à la Coque, on travaillait sur son intégration. Maintenant, il fait vraiment partie de l’équipe. Quant à Jordan (Hicks), il attend le feu vert des médecins pour voir s’il peut reprendre l’entraînement avec nous. Mais cela fait trois mois qu’il n’a pas joué, on ne va pas prendre le moindre risque.
Quelles seront les clefs du succès pour vous?
Comme d’habitude, notre capacité à défendre. Chaque fois qu’on a eu des gros matches, qu’on a remporté des rencontres importantes, on l’a fait grâce à notre défense. Pour nous, l’objectif est toujours de limiter l’adversaire sous les 70 pts. On ne peut pas les laisser prendre confiance comme c’était le cas lors du premier quart du match 1 contre le Sparta, où le T71 avait marqué 27 ou 28 pts (NDLR : 27). Dans ces conditions, tout le monde prend feu et c’est exactement ce que l’on doit éviter.
On sent que vous vous méfiez d’eux?
Bien sûr. Ils ont de bons éléments. Greenwood leur apporte une dimension physique. C’est un gros défenseur, un fort rebondeur, un joueur vraiment intéressant. Jimmie Taylor a passé un cap, lui aussi peut faire la différence. Et derrière, tous ont élevé leur niveau à l’image d’un Kevin Moura qui a pris une nouvelle dimension. Franchement, ce n’est plus du tout l’équipe de la saison régulière.
Physiquement, comment vont vos joueurs?
Ces deux semaines nous ont fait du bien. Ça se passe mieux pour tout le monde, hormis Alex (Rodenbourg), qui ne s’entraîne pratiquement pas à cause de son tendon d’Achille.
Vous voyez la série aller en trois matches?
On va commencer par le premier match. C’est à la maison et on doit absolument le gagner. Après, on espère que ça n’ira pas en trois matches. Mais ce serait une erreur de penser aux deux rencontres de saison régulière. Ce sera très difficile.
Tom Schumacher : «On est encore les champions»
Dans quel état d’esprit abordez-vous cette demi-finale?
Tom Schumacher : Je crois qu’on est prêts pour jouer samedi. Pour les joueurs, ça peut être un désavantage d’avoir une petite pause pendant deux semaines, c’est parfois mieux d’enchaîner les rencontres. Mais pour un entraîneur, c’est mieux. Ça permet d’avoir une semaine de plus pour préparer l’adversaire, car le scouting est, selon moi, beaucoup plus important en play-offs qu’en saison régulière. J’ai vu beaucoup de matches d’Esch. Mais le plus important, c’est de nous concentrer d’abord sur nous.
Avec trois pros à l’entraînement. Mais c’était une assurance en vue de play-downs et non de play-offs?
Jusqu’à mercredi, oui. Mais George (Blagojevic) a demandé à pouvoir rentrer chez lui pour raisons familiales. Il est parti mercredi soir. En effet, on avait décidé de prendre un troisième pro (NDLR : Moses Greenwood) en cas de problème avec l’un des deux lors des play-downs. Il n’y a que six matches et il fallait pouvoir réagir dans l’urgence, car on voulait absolument éviter la relégation. Ça a permis d’équilibrer les entraînements. Maintenant on a deux pros, ça facilite aussi le choix car ce n’est jamais évident d’expliquer à un joueur qu’il ne jouera pas.
Quelles sont les qualités de Moses Greenwood?
C’est un joueur qui apporte beaucoup d’énergie. Il est très actif pendant 40 minutes. Je pense qu’il a encore de la marge notamment sur le plan de son jeu offensif. Il peut vraiment dominer dans la raquette. J’espère qu’il va le montrer dans cette série.
Une série contre Esch. Franck Mériguet dit qu’il faut oublier les deux rencontres de saison régulière. Quel est votre sentiment?
Franck a raison. Maintenant, il s’agit d’une tout autre situation. On a désormais deux équipes qui jouent avec beaucoup de confiance. Lors du dernier match contre eux, on avait largement perdu mais cela fait maintenant cinq ou six semaines, on joue beaucoup mieux.
Il faudra faire attention aux petits détails
L’air de rien, vous êtes toujours en lice pour conserver votre titre. Quel est votre discours par rapport à cela?
Absolument. On a gagné le championnat l’an passé et pour l’instant, on est encore champions. Même si la situation est très différente de la saison dernière, on a malgré tout beaucoup de talent et d’expérience. Kevin (Moura), Joe (Kalmes), Jo (Hoeser) ont tous participé à des finales.
Diriez-vous que vous n’avez rien à perdre?
Non! On ne va pas dire cela. On est en demi-finale et à ce stade, toutes les équipes ont quelque chose à perdre. Bien sûr, Esch reste favori, ils l’étaient d’ailleurs avant le début de la saison. Maintenant, on va se donner à fond, si, au bout du compte Esch est meilleur, on doit l’accepter. Mais si on a une chance, on va la saisir!
Quelles seront les clefs?
Déjà, il faut être à son maximum. Avec plus d’énergie qu’Esch. Il faudra rendre la vie difficile à Clancy, qui est certainement le meilleur pro de la ligue. Mais avec Moses, il y aura un bon matchup. Même chose face à Steven Green. Jimmie (Taylor) est, selon moi, le meilleur joueur du championnat en défense, ça va être intéressant. Esch a l’avantage de jouer ensemble depuis plusieurs années mais de notre côté, on joue vraiment en équipe comme le démontrent les cinq joueurs à plus de dix points lors du dernier match. Enfin, il faudra faire attention à ce que j’appelle les 50-50 balls. Tous les petits détails qui ne se voient pas forcément sur les stats mais qui apportent de l’énergie. Et qui peuvent faire la différence.
Cette expérience sur le banc vous donne-t-elle envie de poursuivre l’aventure?
Je suis venu pour une mission play-offs. Maintenant la mission, c’est de gagner le titre. Mais il faut développer les jeunes. Je vais retourner chez les jeunes la saison prochaine. Je suis d’ailleurs en train de passer mon diplôme d’entraîneur.