Kevin Geniets va découvrir l’Amstel Gold Race, dimanche, au sein de son équipe Groupama-FDJ en réussite collective.
Dimanche, au soir du Tour des Flandres, Kevin Geniets n’a pas traîné. Il est reparti chez lui en Savoie et, après deux jours de repos total, il s’est accordé une sortie d’entraînement de quatre heures, mercredi. Mais il a repris la route des Pays-Bas dès hier, afin de participer à sa première Amstel Gold Race, dimanche.
Cela a déjà été évoqué, mais comment qualifiez-vous le bilan des classiques flandriennes jusqu’ici ?
Kevin Geniets : C’est un très bon bilan, le podium au Grand Prix E3 (3e place de Stefan Küng) et le podium dimanche dernier dans le Tour des Flandres (3e place de Valentin Madouas), c’est quelque chose d’immense. Personnellement, j’étais très content de mon Tour des Flandres.
Cela avait été plus compliqué neuf jours plus tôt au Grand Prix E3 où je souffrais des suites d’une grippe. Il me fallait quelques jours pour arriver au top. Mais le jour J, j’étais bien et c’est déjà pas mal.
Pour revenir au Tour des Flandres et à cette troisième place de Valentin Madouas qui n’était pas forcément prévisible, comment avez-vous préparé la course tactiquement et comment vous êtes-vous adaptés sur le terrain aux mouvements de course un peu fous ?
On a suivi le mouvement, chacun à tour de rôle, avec Valentin (Madouas), Olivier (Le Gac), Stefan (Küng) et moi-même. Sur le final, ce fut d’abord à mon tour et à Olivier. On était dans les échappées qui sont parties à environ 80 kilomètres de l’arrivée. Comme ça, on est restés omniprésents sur cette course. Nos directeurs sportifs avaient défini cette stratégie. Nous étions tous les quatre protégés pour le final. Et une fois le final atteint, nous y sommes allés à tour de rôle.
Votre directeur sportif, Frédéric Guesdon, rappelait qu’il s’agissait d’une sorte d’aboutissement pour votre équipe. Il évoquait deux décennies de travail pour l’équipe et de dix ans pour sa part. Il relevait que cette troisième place signifiait beaucoup. En vivant les choses de l’intérieur depuis 2021, c’est également votre sentiment ?
C’est sûr qu’un travail vraiment dur a été effectué. Nous avons pris de la confiance après chaque classique. La manière dont on a couru les dernières courses, c’est quelque chose d’impressionnant.
On a vu que sur le Tour des Flandres, j’étais l’un des 20-25 meilleurs. Alors si je progresse encore un peu, pourquoi ne pas aller dans le top 10
On sait que les classiques de pavés représentent beaucoup aux yeux de votre patron, Marc Madiot, lui-même double vainqueur de Paris-Roubaix…
Oui, c’est très important et ce n’est pas un détail, Marc est présent sur chacune de ces courses-là. Et notre directeur sportif (Frédéric Guesdon) est aussi un ancien vainqueur de Paris-Roubaix (1997).
Sur le scénario du dernier Tour des Flandres, c’est Tadej Pogacar qui a été le plus marquant à partir de son accélération dans le deuxième passage du Vieux Quaremont où, à côté de lui, tout le peloton a semblé à l’arrêt. Quelle fut votre impression ?
Il fallait s’accrocher. Quand Pogacar a attaqué, tout le monde était à bloc et a fait de son mieux. Moi, j’ai réussi à basculer bien mieux que les années précédentes, du coup je suis allé plus loin dans le final alors que j’avais bossé avant. Pour le futur, c’est important. Moi, je bosse pour ça. On a vu que, sur cette course, j’étais l’un des 20-25 meilleurs. Alors si je progresse encore un peu, pourquoi pas aller dans le top 10.
Si on reprend ce Tour des Flandres, on s’aperçoit que derrière Mathieu Van der Poel et Tadej Pogacar, qui n’ont, à vrai dire, pas besoin d’une grosse équipe autour d’eux pour émerger en force, vous étiez la première formation organisée…
Oui, c’est vrai, en restant à quatre coureurs devant à seulement 25 kilomètres de l’arrivée, nous étions l’une des équipes les plus représentées. Nous n’avons pas Pogacar, mais à quatre dans un final, on peut faire pas mal de choses également.
Finalement, avec l’avènement de coureurs comme Julian Alaphilippe, Wout van Aert, Mathieu Van der Poel et désormais Tadej Pogacar, la façon dont se déroule les grandes classiques a été bouleversée. Dans la mesure où ces classiques sont devenues imprévisibles dans le final, les tactiques préétablies peuvent tomber à l’eau. Qu’en pensez-vous ?
C’est un peu ça, en effet. Sur toutes les classiques, le final commence très tôt. Cela dure environ deux heures, voire un peu plus. À la fin ne restent que les plus costauds, la course est extrêmement dure. Et on ne peut plus rien prévoir.
On peut se préparer à ça ?
Ce qui était bien pour moi, c’est que lorsque je suis passé professionnel, il s’agissait déjà de ce format de course. Pour les coureurs de 35 ans et plus, c’est devenu plus compliqué. Beaucoup de choses ont changé en peu de temps dans le cyclisme. Depuis que je suis pro, c’est devenu un peu habituel, donc cela ne me pose pas de grands problèmes.
Dimanche, vous serez au départ de l’Amstel Gold Race (l’ordonnancement habituel qui voulait qu’une semaine après le Tour des Flandres se déroule Paris-Roubaix, puis une semaine plus tard encore l’Amstel Gold Race, a été changé pour cause d’élection présidentielle en France). Vous pensez que vous aurez assez de fraîcheur ?
Oui, je pense. Avec mon affection au Covid-19 à la fin février, je n’ai pas couru quelques jours. Idem avec ma chute sur la fin de Paris-Nice, puis ma maladie. C’est maintenant où je suis vraiment en forme. Mon meilleur jour jusqu’ici, c’était au Tour des Flandres. Il faut garder cette forme et je pense que je peux rajouter deux ou trois courses derrière.
Comme je ne l’ai encore jamais disputée, je pars dans l’inconnu. Apparemment, l’Amstel est la plus facile des ardennaises, mais je verrai sur place
Donc votre programme est appelé à évoluer ?
Oui, je vais disputer dimanche l’Amstel, puis la semaine suivante, je vais m’aligner sur la Classic Grand Besançon Doubs (15 avril) et le Tour du Jura (16 avril) avec David Gaudu et Thibaut Pinot. Après, on va voir si on y ajoute la Flèche Wallonne (20 avril) et Liège-Bastogne-Liège (24 avril). Je pense que les jours de course qui m’ont manqué feront que je serai encore un peu frais.
L’Amstel devrait assez bien vous convenir…
Oui, je n’y ai encore jamais participé. Si j’ai les mêmes jambes qu’au Tour des Flandres, ça ira. Il faut essayer. Dans tous les cas, mon équipe va compter sur moi pour le final. Après, les jambes vont décider. Quoi qu’il en soit, je vais tout donner. Valentin (Madouas) sera sans doute bien sur ce parcours, alors que Stefan (Küng) sera davantage dans la préparation de Paris-Roubaix.
Justement, avec ce calendrier remanié, on constate que le plateau est assez différent des autres années. Avant, c’est au sortir du Tour du Pays basque que les favoris des classiques ardennaises se présentaient au départ de l’Amstel. Cette fois, c’est différent, puisque l’épreuve espagnole se termine dimanche. Du coup, la densité paraît à première vue bien moins forte…
Oui, c’est vrai. Avant, on retrouvait tous les coureurs des ardennaises qui pensaient surtout à Liège-Bastogne-Liège. Mais cette fois, on retrouve beaucoup de Flandriens qui préparent Paris-Roubaix. La liste des engagés est assez différente des autres années. On verra ce que ça donne.
Cela ouvre des possibilités ?
Oui, pourquoi pas, on verra. Comme je ne l’ai encore jamais disputée, je pars dans l’inconnu. Apparemment, c’est la plus facile des ardennaises, mais je verrai sur place.