L’entente paraît impossible entre Lino et sa belle-sœur, qui serait devenue au fil du temps, des menaces et des coups, son souffre-douleur et son défouloir, selon les témoins.
La cohabitation n’était pas simple entre Lino, son frère Paolo et Paola, la compagne de ce dernier. Des disputes éclataient régulièrement et Paola en faisait souvent les frais. Lino a déjà été condamné pour avoir tenté d’étrangler Paola en février 2018, selon l’avocate de cette dernière. Jusqu’à présent, l’homme âgé de 44 ans n’aurait pas rempli les conditions de son sursis probatoire ni payé l’amende à laquelle il a été condamné. «Il est en situation de récidive», affirme l’avocate en se constituant partie civile pour sa mandante. «Les coups et blessures de mai et juin 2018 n’ont pas encore été jugés.» Elle a demandé la somme de 10 000 euros pour sa cliente à titre de dommages et intérêts.
Car si Lino comparaissait le mardi 29 mars face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, c’était pour des faits de coups et blessures et de menaces de mort ainsi que pour avoir craché sur la compagne de son frère les 23 et 24 juillet 2018 à leur domicile commun de Luxembourg. Le prévenu, blouson en cuir brun, crâne rasé, petite barbichette et anneau à l’oreille, scrute la salle d’audience d’un air sûr de lui et un brin provocateur.
Un voisin intervient
La victime présumée se souvient s’être rendue à la salle de bains le 23 juillet au soir en rentrant du travail et avoir croisé le prévenu qui se trouvait dans les escaliers. «Il a commencé à m’accuser de choses que je n’avais pas faites à la machine à laver le linge qui m’appartenait, contrairement à ce que sa compagne et lui prétendent. Ils s’en sont acheté une après les faits. Lino me reprochait d’enlever le tiroir pour qu’ils ne puissent pas l’utiliser», explique Paola. «Lino m’a craché dessus et m’a menacée.» Le ton est monté. Son compagnon a pris sa défense. «J’ai senti un coup. J’ai senti le sang qui coulait. Je ne sais pas avec quoi il a frappé», poursuit la femme de 50 ans. Son nez est cassé et elle doit alors être hospitalisée.
Un voisin, intervenu pour calmer les esprits, confirme cette version des faits. «J’ai entendu une dispute. Ce n’était pas la première fois», témoigne-t-il à la barre. Un cri de femme plus strident que les autres l’alerte. Il regarde par la fenêtre et voit ce qui ressemble à des gesticulations.
Il décide de se rendre sur les lieux. «Quand je suis entré dans la maison par la cuisine, j’ai vu que Paolo tenait un balai. Une jeune fille le retenait. La victime saignait du nez. Derrière elle se trouvait Lino. Paola, qui se trouvait entre les deux hommes, m’a sauté dessus en me demandant de l’aide», décrit le témoin comme s’il revivait la scène, «J’ai cru que Lino voulait la tuer. J’ai dit à Paola et Paolo de sortir de la maison et à Lino de monter à l’étage.»
Les protagonistes ont fini par se calmer d’eux-mêmes. La tension est retombée. «Je n’ai pas eu à désarmer Paolo», répond le témoin à une question du juge.
«Toujours le même genre de menaces»
Paola a passé la nuit à l’hôpital et est rentrée à son domicile le lendemain. C’est là que Lino en aurait remis une couche. Paola raconte que Lino l’a attrapée par un bras, puis par le cou et lui a dit : «Cette fois-ci, tu vas voir, je vais te tuer. Je vais vraiment te tuer !» «Il faisait toujours le même genre de menaces», affirme la quinquagénaire. Une amie qui était venue la récupérer à l’hôpital dit l’avoir entendu crier, «mais je n’ai pas vu Lino la prendre par le cou». Elle aussi confirme que «ce n’était pas la première fois que Lino tabassait Paola». «Il cherchait toujours la dispute», ajoute Paola.
Le prévenu, quant à lui, prétend avoir été au café avec sa compagne au moment des faits. Il profite du fait qu’il n’y ait pas de traces de la présence de la police au domicile des deux couples le 23 juillet 2018 au soir et que la victime présumée ne se souvient plus très bien de l’heure à laquelle les deuxièmes faits ont eu lieu. «Le parquet a fixé les faits à 9 h 30 du matin», précise le président de la 7e chambre correctionnelle. Paola, encouragée par son amie, s’est rendue à la police après les deuxièmes faits reprochés à Lino pour les dénoncer.
L’audience a été interrompue faute de temps. Le procès de Lino reprendra le mardi 26 avril dans l’après-midi. Lino pourra donner sa version des faits et expliquer pourquoi, à son avis, la cohabitation se passait si mal.