La mangaka Sabrina Kaufmann reprend du crayon et s’apprête à sortir le deuxième tome d’Illustrated Fairytales, dans lequel elle revisite des contes de notre enfance façon manga.
Son coup de crayon est désormais connu de tous les passionnés de manga et de cosplay au Luxembourg voire, à n’en pas douter, de la Grande Région : Sabrina Kaufmann, talentueuse mangaka – c’est-à-dire dessinatrice de manga – et autoentrepreneuse passionnée, a su se faire une place dans le milieu avec ses dessins féminins, romantiques et doux à souhait, souvent porteurs d’une touche de fantastique.
Les fans peuvent se réjouir : trois ans après le premier tome d’Illustrated Fairytales, sorti en juillet 2019, dans lequel Sabrina Kauffmann revisitait les contes des frères Grimm, la jeune illustratrice s’apprête aujourd’hui à sortir le volume deux, qui sera essentiellement axé sur les contes de l’écrivain danois Hans Christian Andersen. Parmi les récits revisités, on retrouvera bien sûr La Petite Sirène.
«Andersen est un auteur dont je trouve le vécu très intéressant», explique Sabrina Kaufmann. «On perçoit beaucoup de son vécu dans ses récits : il était pauvre, puis il est devenu très connu et a réussi à sortir de sa condition sociale. Mais cela a engendré énormément de contradictions en lui : il est parvenu à entrer dans le monde auquel il voulait appartenir, mais finalement sans pour autant jamais se sentir vraiment appartenir à ce milieu. C’est exactement ce qui se passe dans La Petite Sirène : elle veut faire partie d’un autre monde, mais en fin de compte, elle n’est pas heureuse.»
Histoires originelles
Car dans Illustrated Fairytales, ce n’est évidemment pas la version édulcorée de Walt Disney que l’artiste reprend à son compte, en y ajoutant comme toujours une touche psychanalytique, mais bien la tragique histoire originelle. L’âpreté du conte tranche d’autant plus avec ses dessins empreints de douceur, où l’artiste a à nouveau pris beaucoup de plaisir à dessiner décors et costumes regorgeant d’embellissements.
«Au début, je cherchais à illustrer les contes les plus horribles ! J’aime énormément jouer avec la dualité entre l’extrême beauté et l’apparence parfaite des personnages et les messages plus brutaux que les contes peuvent véhiculer, car je cherche à trouver comment représenter quelque chose d’horrible de la plus belle façon possible», explique Sabrina Kaufmann.
Mais au final, c’est à son instinct et à sa force de création qu’elle se fie pour sélectionner les histoires qu’elle mettra en images : «Ce que j’apprécie en lisant, c’est de pouvoir rêver, d’être transposée dans d’autres mondes. À chaque fois, j’essaie de trouver une image, et parfois une image spécifique me percute et j’imagine alors parfaitement la scène. C’est comme cela que je choisis les contes.»
Dessins à la main, encrage au stylet
Côté technique, la mangaka est sortie de sa zone de confort pour ce deuxième tome, en proposant des nouveaux cadrages et d’autres poses. Bien qu’elle réalise toujours tous ses dessins à la main, elle est également passée au digital pour l’encrage. «Cela permet d’aller encore plus loin dans les détails. Il y a des journées au cours desquelles j’ai dessiné pendant deux heures les traits des cheveux de mes personnages !»
Un travail fastidieux auquel la dessinatrice se consacre quasiment exclusivement depuis six mois. Si elle participe encore à quelques conventions et donne des cours de manga pour pouvoir payer son loyer, elle refuse des projets collaboratifs depuis le mois de décembre afin de préparer au mieux la sortie de son nouveau livre.
Un véritable sacrifice lorsqu’on sait que les auteurs ne perçoivent pas de rémunération quand ils n’ont pas d’éditeur et que leur statut reste très difficile à définir au Luxembourg. «Le premier tome est vendu à 14,50 euros. Cela a demandé six mois de création intensive, mais beaucoup de gens trouvent que c’est trop cher par rapport aux mangas dans le commerce. Mais nous n’avons pas les mêmes moyens… Il y a malheureusement encore beaucoup de travail qui n’est pas reconnu.»
Pour financer ce deuxième volume, elle lance du 2 au 30 avril une campagne Ulule afin de pouvoir atteindre les 3 000 euros nécessaires à l’impression du livre (en français) et aux frais postaux.
Un montant plus élevé que la première campagne qui avait permis de sortir la version imprimée du tome I d’Illustrated Fairytales (atteinte en 48 heures seulement !), en raison de la quantité d’ouvrages à imprimer plus importante, du plus grand nombre de pages de ce nouveau livre, mais aussi des frais de papier et de transports dont l’augmentation se fait particulièrement ressentir cette année.
En attendant la sortie papier prévue pour le mois de juillet, les amateurs peuvent se rendre sur le site de Sabrina Kaufmann pour découvrir la version digitale d’Illustrated Fairytales vol.2, disponible elle en français et en anglais.
Vêtements et accessoires
Depuis quelques mois, Sabrina Kaufmann est associée au graphiste français Loïc Artieri et développe sa propre marque de vêtements, disponible sur sa boutique en ligne Himesama.fr. Ses illustrations au dessin traditionnel se déclinent sur plusieurs pièces : sweats à capuches, tote bags, coques de téléphone…