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De Kharkiv à Hettange-Grande, le long voyage d’Alexander et sa famille pour fuir la guerre


Monika, au centre, et son mari, Marc, accueille, au sein de leur maison, la famille Sereda pour une durée indéterminée. Photo RL

Depuis le 9 mars, une famille ukrainienne, arrivée en bus depuis la frontière ukraino-polonaise, a trouvé refuge à Hettange-Grande. Marc et Monika Duplantier lui ont ouvert la porte de leur maison, mettant à sa disposition deux chambres, vides depuis le départ de leurs deux garçons aux États-Unis.

Elena, 57 ans, Alexander, 68 ans, et leur fille Maria, 23 ans, ont découvert leur nouveau chez eux, après des jours de voyage marqués par beaucoup d’incertitude, de fatigue et de peur.

Ils sont arrivés à la salle Europa, à Hettange-Grande, le 9 mars, avec une trentaine d’autres réfugiés qui comme eux avaient fui leur pays en guerre, l’Ukraine, et pris place à bord d’un bus affrété par la Communauté de communes de Cattenom et environs (CCCE).

Il faut parvenir à se comprendre. Rapidement, grâce à la technologie, on apprend les surnoms de chacun : Sascha, pour Alexander, Mascha, pour Maria, et Olena, pour Elena. Cela crée des liens.

Sascha et sa famille ont fui Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine. Leur vie a basculé lors des premiers bombardements. Ils ont quitté leur appartement, leur famille, leurs amis. Le fiancé de Mascha, pompier professionnel, est toujours sur place.

Les deux femmes travaillaient dans la vente : Olena dans une entreprise turque qui commercialisait des produits de beauté et de santé bio via internet, et Mascha, en tant que représentante commerciale. Sascha, pensionné, continuait d’œuvrer dans une entreprise de transformation métallique comme tourneur.

Les deux couples communiquent essentiellement via Google Translate. Photo RL

Un match de handball au profit de l’Ukraine

Après un dernier voyage en bus de seize heures, ils sont désormais en sécurité à Hettange-Grande. Ils sont épuisés. Accueillis par Marc et Monika Duplantier, Sascha et sa famille ont pu prendre une douche chaude et dormir, puis nettoyer le peu d’affaires qu’ils ont emportées avec eux, intégrer le code wifi pour entrer en contact avec leur famille et leurs amis, restés en Ukraine ou réfugiés dans d’autres pays d’Europe.

«Les deux premiers jours, ils ne sont pas sortis du tout. Ils passaient beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, à parler avec d’autres réfugiés, avec leurs proches. Depuis, nous nous sommes promenés un peu. Nous avons fait des courses, pour acheter les ingrédients nécessaires à la préparation du fameux bortsch, leur plat traditionnel, une sorte de soupe à base de choux, avec beaucoup de légumes et de la viande. Nous nous sommes baladés à Hettange, avec Olena et Mascha, pour leur permettre de se repérer dans le village.»

Sascha a du mal à marcher et reste à la maison. «Le samedi soir, nous sommes sortis avec Mascha et Sascha, nous avons assisté au match de handball organisé par le club de Thionville au profit de l’Ukraine. C’était touchant, Mascha m’a demandé quelles étaient les couleurs de notre équipe. Jaune et bleu, évidemment. Et les jaune et bleu ont gagné !»

«Repartir au plus vite»

Olena aide beaucoup à la maison. «On se partage les tâches ménagères, elle aime bien faire la cuisine. Nous avons commencé à leur donner des cours de français, puis un logiciel pour travailler l’anglais. Tous les moyens sont bons pour augmenter nos chances de communiquer… Déjà, maintenant, nous parlons beaucoup, toujours via Google Translate. C’est long, ça nous apprend à être clair et précis. Mais, malgré tout, nous parvenons à avoir des conversations assez profondes, ça fait chaud au cœur… On sent qu’ils veulent repartir au plus vite. Mascha a dit que l’Ukraine lui manquait, qu’elle veut retourner à la maison. Je ne suis pas sûre qu’ils réalisent que leur séjour en France pourrait durer. Nous n’avons pas encore directement abordé le sujet.»

(Le Républicain Lorrain)