Dimanche matin, en prenant mon petit-déjeuner, je les ai vues : ces photographies de femmes ukrainiennes – des civiles – de tous les âges, un fusil-mitrailleur en bandoulière, et ces articles des magazines féminins expliquant comment utiliser une arme sans abîmer ses ongles et rester féminine en toute circonstance.
Au lendemain de la journée internationale des Droits des femmes, j’ai, du coup, du mal à m’imaginer ce que c’est que d’être une femme en temps de guerre. Est-ce vraiment le rôle d’une femme que de manipuler une arme ? Je pense aux femmes kurdes, aux aviatrices russes pendant la Seconde Guerre mondiale, aux Amazones… et à la répartition des tâches quotidiennes remontant à l’âge de pierre. Une répartition des rôles tellement bien gravée dans nos ADN que la vision d’une femme avec une arme interpelle.
Je ne parle pas des photos de filles légères en minishort brandissant fièrement des fusils-mitrailleurs phalliques, qui ornent les cabines des routiers et les WC de mâles lubriques. J’évoque celles autrement honteuses de filles, de mamans, de babusyas ukrainiennes. Ces femmes ont-elles eu le choix ?
Tenir une arme, ces choses froides et lourdes, c’est potentiellement donner la mort et ôter la vie. Je n’y vois rien d’existant ou de réjouissant à moins qu’il ne s’agisse d’une partie de paintball entre potes. Les hommes non plus n’ont pas eu l’embarras du choix : liberté, famille, patrie, économie, virilité. Dans cet ordre ou un autre. Dans toutes les guerres de l’Histoire, les hommes tombent et les femmes pleurent. À la guerre comme à la guerre ! Les hommes donnent leur vie et les femmes donnent la vie. C’est d’un réducteur dans une époque où les filles n’osent plus croire au prince charmant et où même James Bond est une femme !
Alors pourquoi ai-je été choquée de voir ces images ? Parce qu’elles me poussent à m’interroger sur mes choix si je vivais dans un pays en guerre. Ce choix de devoir combattre pour la paix, personne ne devrait avoir à le faire. Ce n’est pas une candidate à une élection de miss ou législative qui le dit, ni une femme qui est convaincue que sa place est devant une cuisinière.