Le Basket Esch a décroché la première Coupe de Luxembourg de son histoire, après sa victoire (65-84), sur l’Arantia, samedi soir à l’Arena.
Que cela fait du bien! Après trois ans d’absence, le public retrouvait l’Arena pour la finale de la Coupe! Bien sûr l’enceinte est beaucoup trop grande pour l’événement mais les spectateurs n’ont pas mesuré leurs efforts pour mettre de l’ambiance. S’il y avait du spectacle dans les gradins, le show était également présent sur le parquet.
Pour cette finale, on avait droit à une affiche totalement inédite à ce stade de la compétition puisque l’Arantia défiait le Basket Esch. Les Nordistes de Larochette, vainqueurs plein de sang-froid de leurs voisins ettelbruckois en demi-finale, étaient opposés à des Eschois qui ont galéré pour dominer à l’arraché une épatante formation du Telstar.
«C’est du 50-50», expliquait dans nos colonnes Franck Mériguet, l’entraîneur eschois, quand on lui demandait un pronostic. En clair, les deux victoires des Lallangeois en championnat, dont une de près de 50 pts, ne comptaient pas au moment de ces retrouvailles sur le parquet si spécial de l’Arena : «Je crois que pratiquement personne n’a déjà shooté ici», ajoutait le technicien français. Effectivement, il faut savoir que les équipes n’ont pas la possibilité de s’entraîner dans la salle avant le jour de l’événement. Tout le monde part donc sur un pied d’égalité.
On se demandait si les équipes n’allaient pas être bouffées par l’enjeu. Si elles n’allaient pas être rattrapées par le contexte toujours spécial d’une finale de Coupe. Sur ce plan, on a rapidement été rassurés : d’entrée Pit Biever trouve la faille avant que Tyrell Sturdivant, victime d’une faute antisportive de Steven Green alors qu’il partait en contre-attaque ne remette les compteurs à égalité. Les shooteurs sont ensuite de sortie, Green, de loin, qui voit Duane Johnson lui répondre, toujours à longue distance. En ce début de match, les débats sont équilibrés et chacun parvient à trouver des solutions.
Mais rapidement, on se rend compte qu’un homme domine les autres. Sans surprise, Clancy Rugg effectue un chantier de tous les diables. L’international luxembourgeois, présent des deux côtés du parquet, gobe les rebonds comme d’autres avalent des bonbecs et comme il n’est pas non plus manchot sur le plan de l’adresse, le tableau d’affichage commence à prendre de l’ampleur pour les Eschois, qui virent en tête avec 8 pts d’avance grâce à Rugg et également un missile longue distance de Rodenbourg alors que l’Arantia était revenue à une longueur (17-18).
Avec 25 pts au compteur après le premier quart, la meilleure défense du pays démontrait qu’elle n’était pas mauvaise non plus sur le plan offensif. Le deuxième quart partira sur les mêmes bases, toujours grâce à l’inévitable Clancy Rugg. L’air de rien, Esch se détache. Et contre une équipe aussi expérimentée, il ne fait jamais bon être trop loin à la marque. Les joueurs de Christophe Ney ne lâchent rien. Soutenus comme un seul homme par leur admirable public, les hommes de Larochette intensifient la pression en défense. Ils font des prises à deux sur les Eschois, les obligeant à sortir de leur confort habituel. Et ça marche! L’équipe la plus forte du pays au niveau des balles perdues provoquées se met en action. Esch subit la marée blanche et voit l’Arantia revenir à 4 petits points (33-37) grâce à Dylan Rocha, qui venait de faire son entrée.
Esch, conscient du danger que représente Larochette, ne relâche pas sa concentration et termine en boulet de canon pour s’offrir un petit matelas de 13 pts à la pause (33-46). Clancy Rugg est alors déjà en double double.
L’Arantia y croit… un peu
Il restait alors vingt minutes à Larochette pour renverser une situation qui apparaissait, avouns-le, comme assez compromise. D’autant plus que Pit Biever ajustait la mire dès le retour des vestiaires sur un missile longue distance. Seize points, ça commence à faire beaucoup. Et même si l’Arantia réduira un peu l’écart grâce à l’adresse de loin de Johnson et Rocha, Esch paraît maîtriser son sujet, à l’image de cette passe laser de Joé Biever à destination de Jeffry Monteiro Neves, pour un panier plus la faute (46-62, 27e). Beaucoup plus adroit, de près comme de loin, les Eschois semblent se diriger vers leur premier « vrai » titre, eux qui avaient été désignés champions il y a deux saisons, quand le covid était venu tout stopper.
Seulement, Larochette n’a rien à perdre. Duane Johnson se bat comme un lion et se crée à son tour une action à trois points qui permet de réduire l’écart à onze longueurs… puis neuf, suite à une interception du même Duane Johnson. Larochette allait-elle revenir? Une bonne connexion Rugg – Monteiro et deux lancers de Green plus tard et les treize points d’écart étaient de retour.
Treize points. Et dix minutes à jouer. Vous avez dit tâche immense? A l’impossible, nul n’est tenu. L’envie est là, bien sûr mais Esch sent qu’il tient le bon bout. Et il n’a pas l’intention de céder. Larochette a beau se démener, à l’image de son capitaine DJ Wilson. Mais l’international passe une sale soirée : peu en réussite au niveau de l’adresse, il n’est pas épargné par les décisions arbitrales et Steven Green réalise une série de dribbles avant de signer un magnifique panier de loin pour sceller pratiquement le sort de la rencontre. Il ne terminera pas la rencontre puisque, comme son frère Malik, il sortira pour cinq fautes.
Les dernières minutes permettent aux deux coaches de faire tourner. Histoire que tout le monde participe à la fête. Car en ce samedi soir, peu importe le vainqueur, on a passé une bonne soirée, assisté à un bon match de basket. Trois ans après, cela fait du bien!
Romain Haas