Les enquêteurs ont eu du flair en suivant un parfum de marijuana. Ils ont pu mettre la main sur «le plus grand dealer du coin» de Wasserbillig et sur le duo Loïc et Loïc.
Loïc et Loïc croyaient avoir trouvé le bon filon. Les deux Lorrains vendaient de la drogue devant la Fixerstuff, la salle de consommation de drogues supervisée de la route de Thionville à Luxembourg, comme le démontreront les images filmées par les caméras de vidéosurveillance du site au fil de l’enquête. «Sur les images des caméras de vidéosurveillance, on voit clairement les consommateurs s’agglutiner autour d’eux à leur arrivée», décrivait la représentante du parquet lundi matin. Le fait de vendre de la drogue aux personnes fréquentant la structure Abrigado qui aide ceux qui le souhaitent à sortir de la dépendance, constitue, selon elle, une circonstance aggravante au chef des deux prévenus. Une voiture les déposait le matin et récupérait le duo à Gasperich le soir.
La police les tient à l’œil, mais ce seront finalement les douaniers qui mettront la main sur Loïc et Loïc. Le 6 juin 2018, vers midi, lors d’un contrôle mis en place sur l’aire de Berchem sur l’A3. Une forte odeur de marijuana qui s’échappait du véhicule des deux jeunes Français, est venue titiller les narines des douaniers qui ont rapidement flairé le coup tordu. À trois dans la voiture, ils prétendent se rendre à Luxembourg pour faire du shopping et boire un coup en terrasse. Les douaniers contrôlent les papiers du véhicule. La carte grise est manquante. Dans le coffre, ils trouvent deux plaques d’immatriculation luxembourgeoises et dans la poche d’un des Loïc, un sachet comprenant 77 boules d’une substance blanche. Loïc qui se fait passer pour un gars naïf, prétend l’avoir ramassé au sol de la station-service de l’aire d’autoroute, se souvient l’inspecteur des douanes.
Un des Loïc craque et passe aux aveux
Ni une ni deux, les douaniers passent à la vitesse supérieure : fouille complète des trois automobilistes et du véhicule. Une douzaine de boulettes blanches sont trouvées dans la raie des fesses du deuxième Loïc. Après analyse, il s’agissait de cocaïne au taux de pureté élevé, précise le douanier. Les deux Loïc sont interpellés et présentés à un juge d’instruction. Sur les images de vidéosurveillance de la station-service, les douaniers ont vu Loïc prendre de l’essence, mais pas ramasser de sachet de boulettes tombé au sol.
Loïc et Loïc n’étaient pas en virée shopping. Ils allaient vendre de la drogue pour le compte d’un tiers. Au terme du quatrième interrogatoire mené par la police qui se doutait déjà un peu que leur histoire ne tenait pas la route, un des Loïc craque et passe aux aveux. «Les billets de banque et les boulettes échangées sont clairement visibles sur les enregistrements vidéo de la Fixerstuff», note la représentante du parquet. Loïc et Loïc ont agi de manière «professionnelle et régulière», selon le procureur pour qui les «éléments sont clairs» et qu’il n’y «a pas de doute» quant à l’implication des homonymes. Elle a demandé au tribunal de retenir les infractions telles que libellées à leur charge et elle a requis une peine de 36 mois de prison, une amende ainsi que la confiscation des stupéfiants et de l’argent saisi.
Loïc et Loïc seront ou pas fixés sur leur sort le 17 mars. Le duo ne s’est pas présenté face à la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg lundi. Leurs avocats ont déposé leur mandat.
Un dealer rangé des voitures
Trente-six mois de prison et une amende appropriée, c’est la peine requise par la représentante du ministère public dans une autre affaire de trafic de stupéfiants. Abdel-Nor ne s’est pas non plus présenté face aux juges et n’avait pas non plus mandaté d’avocat pour défendre ses intérêts. Le jeune homme est suspecté d’avoir écoulé de grandes quantités de marijuana dans la région de Wasserbillig et Mertert entre janvier 2015 et le 22 novembre 2018, date à laquelle il s’est fait pincer par la police sur le parking du Weckergronn.
Dans cette affaire aussi, les policiers n’ont pas été trompés par leur flair. L’odeur de cannabis qui s’échappait du véhicule d’Abdel-Nor ouvrait la voie à de nombreuses possibilités. Une perquisition au domicile familial permet aux policiers de mettre la main sur plusieurs centaines de grammes de marijuana, des ustensiles de conditionnement et 2 500 euros. Des clients réguliers du jeune homme indiqueront aux policiers qu’il ne vendait jamais que quelques grammes et serait «le plus grand dealer du coin», détaille un enquêteur. Son spot préféré pour vendre était la Maison des jeunes de la région, selon un de ses clients.
Mis devant les faits accomplis et les résultats de l’enquête par les policiers, le jeune homme est resté muet après avoir tenté de les mener en bateau, se souvient l’enquêteur. Son nom réapparaîtrait dans d’autres dossiers en lien avec des stupéfiants et son train de vie paraissait suspect pour quelqu’un qui ne travaillait pas, selon la représentante du parquet. Depuis le 22 novembre 2018 sur le parking du Weckergronn, Abdel-Nor semble, selon l’enquêteur qui n’a plus jamais entendu parler de lui, rangé des voitures.