L’Office européen de lutte antifraude (OLAF) qui enquêtait sur l’agence Frontex et ses agissements en mer Égée a rendu des conclusions accablantes. Que va faire le Luxembourg ?
La guerre en Ukraine entraîne un dramatique exode de la population qui vient se réfugier dans les pays frontaliers de l’Union européenne, Hongrie et Pologne en tête. L’Europe les accueille chaleureusement, les citoyens ouvrent leur maison pour les loger et d’autres apportent leur assistance sous de multiples formes.
Ce généreux élan de solidarité ne profite pas à tous les réfugiés qui fuient des guerres et des persécutions. Il ne doit pas faire oublier le sort d’autres demandeurs de protection internationale qui sont encore trop nombreux à périr en mer, tentant des traversées à bord d’embarcation de fortune et qui se heurtent, qui plus est, à l’hostilité des garde-côtes de l’opération Poséidon dirigée par l’agence européenne Frontex, censée participer aux opérations de sauvetage en mer et à l’enregistrement des migrants arrivant sur le sol grec.
Un rapport de l’OLAF (Office européen de lutte antifraude), qui n’a pas encore été rendu public, mais dont le journal allemand Der Spiegel révèle les conclusions, accuse des hauts responsables de l’agence d’avoir couvert le refoulement de migrants en Méditerranée. Cette technique du «push back» n’est pas nouvelle et a contribué à ternir l’image de Frontex, mais la question ne semble pas être d’actualité, comme l’a prouvé la prestation du commissaire européen, Margaritis Schinas, lors de sa visite aux députés la semaine dernière.
Quand le député chrétien-social, Paul Galles, lui a demandé comment il comptait s’y prendre pour redresser la réputation «désastreuse» de Frontex, le commissaire grec a soigneusement éludé la question.
Alors, il revient à la charge par le biais d’une question parlementaire, dans l’espoir d’obtenir une réponse claire du ministre Jean Asselborn. Paul Galles a pris connaissance, entretemps, de l’article du Spiegel et des révélations sur les graves dysfonctionnements de l’agence. Le conseil d’administration de Frontex doit se réunir le 7 mars pour décider d’éventuelles sanctions disciplinaires. «Le Luxembourg y est représenté et j’aimerais savoir quelle est la position du gouvernement par rapport à ces agissements et ce qu’il décidera de faire», nous indique Paul Galles.
Frontex offrait dans ses campagnes médiatiques une image de militaires actifs dans leurs différentes missions de gardes-frontières, les montrant humains et accueillants aussi, se souvient Paul Galles alors que «la réalité est tout autre» qui montre «une approche sévère et absolument pas accueillante», observe le député.
Paul Galles voit aussi ce grand élan de solidarité envers les réfugiés ukrainiens qui lui fait penser «qu’à la base, les gens sont sensibles aux valeurs européennes d’accueil si les règles sont respectées, à commencer par celles édictées dans la convention de Genève». Pour lui, Frontex ne représente pas ces valeurs que partagent les citoyens européens.
Migrants mis en danger
L’Office européen de lutte antifraude, OLAF, avait ouvert une enquête fin 2020 contre l’agence de surveillance des frontières de l’UE, Frontex, à la suite des accusations de refoulements illégaux de migrants en mer Égée. Une perquisition avait été menée en décembre 2020 à Varsovie dans les bureaux du directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, et de son directeur de cabinet.
L’Agence européenne de surveillance des frontières est accusée de pratiques illégales qui ont mis en danger des réfugiés en Méditerranée. Filmées par les naufragés, authentifiées par des ONG et des médias, des vidéos ont montré des navires filant à toute vitesse pour couper la route des bateaux de fortune, au risque de les faire chavirer. D’autres images montrent carrément des navires bloquant les réfugiés et les ramenant dans les eaux turques.