André a été contaminé en novembre dernier. Depuis, ce jeune coach sportif doit composer avec des capacités cognitives altérées qui le diminuent et paralysent tous ses projets professionnels.
C’est arrivé comme ça, en novembre, après un conveniat au lycée de son fils. Le covid a frappé André, trentenaire athlétique, coach fitness professionnel, alors qu’il était vacciné et appliquait scrupuleusement les gestes barrières. Il s’attendait à une bonne grippe, mais dès les premières heures, ce colosse est à terre.
«J’avais l’impression qu’un camion m’était passé dessus», décrit-il avec un flot de paroles ralenti. Pour autant, il ne s’inquiète pas : «J’avais de la fièvre, des douleurs articulaires, des nausées, des vertiges. Rien d’extraordinaire, je me disais que ça allait passer.» Au bout d’une semaine, la fièvre tombe, laissant place à une fatigue qui l’écrase comme jamais : «Je dormais 20 heures par jour. Descendre l’escalier ressemblait à une marche de 10 kilomètres en montagne», se souvient-il.
Trois semaines plus tard, il pense en avoir fini avec le virus, mais les visites chez le médecin et les arrêts maladie se succèdent. Plus de goût, plus d’odorat, des douleurs musculaires, de la sensibilité à la lumière, au bruit – il ne quitte plus ses protections auditives – et des troubles neurologiques qui s’installent : André est atteint d’un covid long. Même s’il avait entendu parler de ce syndrome, il ne se sentait pas menacé, vu son excellent état de santé.
Quatre mois plus tard, il lutte au quotidien pour retrouver un semblant de vie normale. Mais c’est toujours impossible : «J’ai des problèmes pour voir le visage des gens, ça me fatigue trop. Je ne peux pas parler plus de 90 minutes dans la journée», raconte-t-il. «Chaque matin, je dois décider si je veux prendre une douche ou pas, sachant que ça va vider la moitié de mes forces disponibles. Tout ça ne me ressemble pas du tout», soupire le jeune homme, au bord des larmes.
Miné par des problèmes de concentration
Depuis peu, il est sous traitement pour dépression tant cette situation le pèse. Heureusement, il peut compter sur le soutien de sa compagne et de sa famille dans cette épreuve qui le prive de son activité professionnelle qu’il aime tant et qui est désormais au point mort. «J’avais démarré une formation à distance en nutrition, mais je ne suis plus capable de suivre. Ce qui me demandait une heure de travail auparavant me prend maintenant trois voire quatre heures, et je dois couper les cours en visio au bout de dix minutes», regrette-t-il. Un crève-cœur pour ce passionné qui comptait ainsi développer son activité.
Après avoir patienté un mois pour un rendez-vous au CHL, il a été orienté vers la Rehaklinik du CHNP où il démarrera une thérapie à la fin du mois d’avril dans l’unité covid long dirigée par Charles Benoy. Des tests sont aussi au programme pour intégrer le Rehazenter si besoin. «Jamais je n’aurais pu imaginer ça. Aujourd’hui, c’est un pas après l’autre, ma vie est totalement différente. Malgré tout, je garde l’espoir que ça change», confie-t-il, éprouvé par ces quelques minutes d’entretien.