Avec les citoyens, la Ville de Luxembourg dessine les contours de son futur plan Mobilité qui devra déterminer quelle place accorder à quel mode de transport sur la voie publique. Une réunion publique est prévue le 3 mars pour analyser les résultats d’une enquête.
Le collège échevinal espérait 30 000 réponses, mais finalement 8 500 personnes (46 % d’habitants et 54 % de «visiteurs») ont répondu au questionnaire en ligne lancé en octobre par la Ville de Luxembourg afin de mieux connaître les habitudes de chacun en matière de mobilité. «Un bon panorama tout de même», rassure l’échevin libéral en charge de la Mobilité, Patrick Goldschmidt.
Si les résultats sont sans grande surprise, certains chiffres viennent confirmer des tendances de fond, comme la montée de la mobilité douce : «Les gens attendent de nous qu’on fasse encore plus à ce niveau-là, mais on voit aussi que beaucoup d’habitants disposent de leur propre voiture (NDLR : 63 % des habitants sondés et 80 % des visiteurs) et que ce mode de transport reste incontournable pour certains trajets», remarque l’élu.
Ce qui demande des arbitrages en ce qui concerne la distribution de la voie publique, et la Ville affirme sa volonté d’avancer désormais davantage dans le sens d’un partage équitable : «Peu importe la couleur politique, dans un milieu urbain, on doit donner une place à chacun», tranche Patrick Goldschmidt, ajoutant que «sans enlever beaucoup aux voitures – quelques places de stationnement – on peut tout à fait construire un réseau cyclable sécurisé pour les usagers du vélo.»
Un discours nouveau, à l’image du récent apaisement entre la communauté des cyclistes et les autorités communales, alors que de vives tensions étaient apparues ces dernières années, les usagers du vélo ne parvenant pas à se faire entendre et reprochant régulièrement à la bourgmestre de privilégier les automobilistes.
«Si on veut que plus de gens utilisent le vélo, nous devons faire des efforts», renchérit l’échevin, heureux d’annoncer que les travaux pour une piste cyclable bidirectionnelle sur le boulevard Prince-Henri, une demande de longue date des cyclistes, pourraient démarrer cette année. Un maillon essentiel du réseau cyclable qui manque jusqu’ici, notamment parce qu’il nécessite de supprimer une bande de stationnement.
Et ce n’est pas le seul trou dans le gruyère. L’ingénieur Paul Hoffmann, à la tête de la direction Mobilité de la Ville, en est parfaitement conscient : «Le renforcement du maillage du réseau fait clairement partie des points à améliorer, tout comme les infrastructures. Les cyclistes souhaitent disposer de leurs propres voies, bien délimitées et hors du trafic motorisé. C’est ce qu’ils nous disent à travers cette enquête», constate-t-il.
Les habitués du vélo signalent en effet de nombreuses «situations conflictuelles» sur leur route, que ce soit avec les véhicules en mouvement (74 %) ou garés (68 %), les piétons (53 %), mais aussi avec les véhicules de livraison (51 %) et les descentes des passagers aux arrêts de bus (46 %).
15 millions de passagers dans le tram en 2021
Loin de pousser tout le monde à enfourcher un vélo, l’objectif de la Ville est plutôt d’amener les citoyens à se défaire du réflexe consistant à prendre systématiquement la voiture : «On veut qu’ils aient la possibilité de faire le meilleur choix en fonction du type de trajet. Pour cela, on doit encore travailler sur notre offre et nos infrastructures», souligne Paul Hoffmann, citant la récente hausse de la fréquentation dans les transports en commun. En 2021, avec la mise en service du tram jusqu’à la gare, 15 millions de passagers ont opté pour ce mode de transport gratuit et facilement accessible. De quoi convaincre de nouveaux usagers : «C’est aussi simple qu’un tapis roulant, il suffit de grimper dedans.»
Une offre très appréciée des usagers, l’enquête le montre, et on devine le portrait-robot de l’habitant de la ville aujourd’hui : «Quelqu’un qui prend les transports en commun et privilégie de plus en plus le vélo et la marche à pied. Même s’il a une voiture, il ne s’en sert pas tous les jours», précise l’ingénieur-directeur.
Idem pour ceux qui ne font que passer : même si une large majorité se déplacent en voiture, les visiteurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les transports en commun, notamment le train, ou les P&R en périphérie de la capitale, avec un service de navettes.
La prochaine étape sera la présentation des réponses au questionnaire au grand public, lors d’une réunion prévue le jeudi 3 mars à 18 h au Tramsschapp (49, rue Ermesinde). Et les citoyens pourraient de nouveau être sollicités lorsque les premières pistes du futur plan Mobilité seront tracées, mais la question n’est pas encore tranchée.
Les habitants préfèrent marcher
Parmi les chiffres issus de l’enquête, on apprend que la marche est privilégiée pour les déplacements du quotidien par 83 % des habitants sondés (et par 50 % des visiteurs), suivie des transports en commun (60 % des habitants, 45 % des visiteurs), de la voiture (47 % et 58 %) et enfin du vélo (31 % des habitants et seulement 9 % des visiteurs). 58 % des habitants déclarent en posséder un, mais 30 % affirment ne jamais en faire. Seuls 14 % des habitants interrogés circulent à vélo au quotidien pour toutes leurs activités (voir infographie).