Le week-end dernier, quelque 200 citoyens venus de toute l’Europe se sont réunis à Maastricht pour débattre d’un sujet qui figure plus que jamais en bonne place parmi les priorités politiques de tous les pays européens, à savoir le rôle de l’Union européenne dans le monde.
Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, le panel de Maastricht a donné aux citoyens européens la possibilité de faire part de leurs préoccupations et de formuler des recommandations concrètes sur la manière dont l’Union peut relever les nombreux défis qui se présentent sur la scène internationale. Pas moins de 40 recommandations ont ainsi été formulées autour de cinq grands thèmes : autonomie et stabilité, l’Union en tant que partenaire international fort, la dimension humaine de la migration ainsi que la responsabilité et solidarité au sein de l’Europe.
Lors de la session plénière de la conférence sur l’avenir de l’Europe qui se tiendra du 11 au 12 mars à Strasbourg, une vingtaine de citoyens présenteront leurs propositions et en débattront avec les députés européens, les responsables politiques nationaux, les Commissaires européens et d’autres organes de l’UE et la société civile.
« La conférence est l’effort commun des institutions européennes de mettre en place un exercice démocratique paneuropéen unique »
La conférence est l’effort commun des institutions européennes de mettre en place un exercice démocratique paneuropéen unique. La plus grande valeur ajoutée et l’innovation de cette conférence consistent à réunir des citoyens sélectionnés de manière aléatoire et issus de toute l’Union européenne. Le Luxembourg y est représenté par 7 citoyens. Représentant des générations et de milieux différents, ils mettent en avant l’Union européenne dans laquelle ils souhaitent vivre et travailler. Ils ont la chance de présenter leurs idées aux ministres, aux parlementaires nationaux et européens, aux syndicalistes, aux organisations non gouvernementales, aux représentants des entreprises et aux principales parties prenantes de toute l’Europe et en débattent avec eux. Ils participent concrètement à configurer l’Europe de demain.
Cette méthode de délibération participative est au cœur de ce que l’UE est et représente : la volonté de décider de notre avenir et de résoudre les problèmes par la discussion, et non par la confrontation, la rivalité ou le conflit. Quelques jours seulement après les 30 ans de la signature du traité de Maastricht, le panel de Maastricht revêt à mon sens une valeur hautement symbolique et, à bien des égards, incarne un modèle de démocratie exemplaire — malheureusement menacé dans de nombreuses régions du monde et parfois même au sein de l’Europe.
Les travaux de la conférence avancent à grands pas et les premiers résultats concrets deviennent visibles. Deux des quatre panels de citoyens européens réunis par la conférence ont déjà achevé leurs travaux. Le panel sur la démocratie européenne, les valeurs, les droits, l’état de droit et la sécurité a adopté 39 recommandations regroupant des idées inspirantes sur le renforcement de l’état de droit dans les États membres de l’Union, la lutte contre la désinformation ou encore la garantie de l’indépendance des médias. Le panel sur le changement climatique, l’environnement et la santé a formulé 51 recommandations invitant l’UE à investir dans des technologies et des transports respectueux du climat et à améliorer le bien-être animal. Les mesures visant à maintenir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée ont été mises en avant et une attention particulière a été accordée aux besoins des personnes vivant dans les zones rurales de l’UE.
Les résultats de ces panels ont été présentés et examinés lors de la session plénière de la conférence des 21 et 22 janvier. Les deux autres panels finaliseront leurs travaux ce mois-ci — celui de Maastricht s’est tenu le week-end dernier —celui de Dublin sur l’économie de l’UE, la justice sociale et l’emploi, l’éducation, la culture, la jeunesse et le sport, et la transformation numérique aura lieu du 25 au 27 février. D’ici cet été, la conférence arrêtera ses conclusions et nous présentera des orientations sur l’avenir de l’Europe, issues de cet exercice de démocratie active et engagée.
C’est particulièrement dans le contexte de l’année européenne de la jeunesse, que la Conférence sur l’avenir de l’Europe revêt toute son importance. Depuis que j’ai entamé mon mandat de Représentante de la Commission européenne au Luxembourg, le contact avec la jeunesse figure tout en haut sur ma liste de priorités. Comment envisager l’Europe de demain sans écouter et impliquer ceux qui en sont concernés le plus? Comment s’identifier à l’Europe sans se faire entendre? Nous avons beaucoup à apprendre des jeunes, particulièrement affectés par la crise sanitaire et par les conséquences du changement climatique si nous ne nous engageons pas corps et âme dans sa protection.
« Il appartient aux dirigeants et aux institutions de l’UE, comme ils l’ont promis, de donner des suites concrètes aux idées des citoyens européens »
J’invite ceux qui lisent ces mots à se rendre sur futureu.europa.eu et de partager leurs idées sur l’avenir de l’Europe. La voix de tout un chacun compte. Les contributions apportées sur la plateforme digitale d’ici le 20 février seront prises en compte dans un nouveau rapport intermédiaire qui sera publié le 17 mars et sera traduit dans toutes les langues officielles de l’UE. Mais même après le 20 février, le débat se poursuivra — la possibilité de contribuer à la plateforme restera ouverte et un rapport final résumant ces contributions sera préparé après le 9 mai.
La conférence est une occasion unique et historique. Nous devons la saisir fermement pour, ensemble, façonner l’Europe que nos concitoyens veulent, aujourd’hui et pour les générations futures. Il appartient ensuite aux dirigeants et aux institutions de l’UE, comme ils l’ont promis, de donner des suites concrètes aux idées des citoyens européens pour mieux façonner notre avenir commun, basé sur les valeurs et principes si chers au modèle européen. Vive l’Europe!
Anne Calteux,
Représentante de la Commission européenne au Luxembourg