EUROPA LEAGUE (BARRAGES) Sensation de la phase de poules de Ligue des champions, le Sheriff Tiraspol peut-il passer l’obstacle Braga et continuer en C3? Le match aller a lieu ce jeudi soir en Moldavie.
Tout ce qu’on craignait pour Sébastien Thill et ses coéquipiers est arrivé cet hiver. Son titre de meilleur milieu de terrain du pays en 2021, reçu des mains du vice-président de la fédération moldave, était certes une jolie façon de revenir à la vie active. Mais le reste n’est pas si réjouissant. Une bonne partie de l’effectif (Arboleda, Cristiano, Kolovos, Costanza, Castaneda…) du si surprenant champion de Moldavie a levé le camp, la préparation a été individuellement compliquée et le rythme va manquer pour la double confrontation face à Braga, équipe solide de Primeira Liga même si elle est sortie difficilement de son groupe F en Europa League. Resté au Sheriff malgré quelques vagues sollicitations, l’ancien capitaine du Progrès veut y croire mais préfère prévenir : son équipe, même vainqueure du Real et du Shaktar Donetsk en phase de groupes de la C1, ne sera pas favorite, loin de là.
Comment allez-vous physiquement, après cette immense trêve qui fait que votre dernier match officiel date du 11 décembre?
Sébastien Thill : C’est un peu dur. J’ai quand même eu un mois sans rien faire du tout et en revenant, j’attrape le covid et je reste dix jours de plus sans pouvoir m’entraîner. J’ai du retard. Et en plus, cette préparation, on l’a faite essentiellement sur synthétique alors qu’on va se remettre à jouer sur herbe. Non, physiquement, je ne suis pas à 100 %.
Quand le serez-vous?
Je ne sais pas trop. Deux ou trois semaines.
Après le match retour contre Braga, en somme?
C’est un peu ça, oui, malheureusement. Les amicaux se sont bien passés, mais c’est normal : c’était contre de petites équipes locales.
Donc se qualifier contre l’actuel 4e de Primeira Liga…
Je pense que ce sera très compliqué, surtout parce qu’on n’aura fait qu’une semaine d’entraînements sur pelouse et qu’eux ont les jambes puisqu’ils sont en plein championnat. Pour nous, les vingt à trente dernières minutes, cela va être très dur dans les jambes… En plus, on a une toute nouvelle défense, on n’a plus vraiment d’arrière droit, mon binôme à la récupération est suspendu. Bref, entre tous les joueurs qui sont partis et les suspensions, six joueurs des habituels titulaires de la phase de groupe de Ligue des champions ne seront pas là. Et on ne peut pas inscrire plus de trois nouveaux joueurs sur la liste UEFA à cause de nos règles de transferts. Notre attaque est encore là mais sans les jambes, sans le rythme, cela va bien nous compliquer les choses. Oh il y aura toujours quelque chose à faire, mais ce sera plus difficile que l’année dernière.
Le style extrêmement direct du Sheriff a-t-il dû évoluer par la force des choses, après cette période hivernale? Va-t-il encore miser, entre autres, sur le nombre de kilomètres que vous pouvez parcourir dans l’entrejeu pour équilibrer l’ensemble?
Braga évolue avec une défense à cinq. Donc que va-t-on faire? Va-t-on conserver notre système? Je vous l’ai dit, je ne suis pas à 100 %. Mais je vais faire les efforts. Sans savoir si ce sera possible de refaire la même chose qu’en Ligue des champions. Mais les crampes vont venir plus vite que d’habitude. Plus vite qu’à l’automne en tout cas.
Nous ici, à Tiraspol, l’armée russe, on la voit tous les jours dans la rue!
Psychologiquement, cela a-t-il été difficile de passer sur le fait que, comme nombre de vos coéquipiers, vous auriez pu partir pour une autre destination, cet hiver?
Dans ma tête, oui, j’avais l’idée de partir. Mais rien de concret n’est arrivé sur la table. C’est toujours plus compliqué de trouver un club en hiver, alors je vais me concentrer sur les quatre prochains mois qu’il me reste. Et puis je dois bien reconnaître que le Sheriff m’a bien aidé à un moment où je n’avais pas de club (NDLR : au moment où Tambov connaissait des problèmes financiers). Alors oui, c’est peut-être mieux d’évoluer dans un grand championnat quitte à ne viser que la 7e ou la 8e place, mais aller chercher un titre ici, c’est bien aussi. Et faire un match de Ligue des champions, c’est comme faire toute une saison, en termes d’expérience.
Et il serait symboliquement très fort de retrouver deux Roud Léiwen en 8es de finale de la C3, si vous parvenez à passer et à rejoindre le Spartak Moscou de Christopher Martins…
(Il sourit) Oui c’est vrai ça, on n’a jamais eu ça, deux Luxembourgeois qui pourraient s’affronter pour une place en quarts de finale. Déjà, que deux ou trois d’entre nous la jouent, c’est beau, mais qu’en plus ils puissent s’affronter… Mais bon, avant d’en rêver, il faut passer Braga. Nos chances? Je dirais 40 pour nous, 60 pour eux. Parce que, eux, ils ont les jambes… Sinon, j’ai eu « Kiki » au téléphone, vite fait. Je lui ai conseillé d’aller doucement à Moscou (il rit). Mais en vrai, il a l’air très content.
Et vos frères, au Vorskla Poltava, comment appréhendent-ils la reprise du championnat ukrainien en pleine crise diplomatique de leur pays d’accueil avec la Russie?
« Oli » et « Vince » ne sont pas encore inquiets. Nous ici, à Tiraspol, l’armée russe, on la voit tous les jours dans la rue! On ne se fait vraiment pas de souci. Mes parents, nos copains, sont plus angoissés que nous. Mais ici, on n’en parle pas du tout. Bon, si on allume la télé et qu’on voit un discours de Poutine, forcément… Mais l’important, pour nous, c’est la reprise!