Des horaires à rallonge, un manque de considération, un nouveau système qui semble compliquer la tâche… Un chauffeur d’Adapto fait part d’un malaise partagé par ses collègues.
Affecté par les critiques formulées par l’Amicale des personnes retraitées, âgées ou solitaires (Amiperas) il y a quelques jours, un conducteur de bus de l’Adapto a souhaité réagir dans nos colonnes. S’il reconnaît que les usagers de ce service de transport pour handicapés peuvent certaines fois attendre de longues minutes, voire des heures les véhicules, pour lui c’est le système qui coince. Cela fait près de vingt ans que P. A. (qui a préféré rester anonyme) roule pour une société privée contre laquelle il n’a aucun grief, insiste-t-il. Par contre, il met en cause le nouveau système de centralisation des appels, la centrale de mobilité.
«Avant, il n’y avait pas de problème, les gens appelaient directement les sociétés. C’est seulement depuis l’année dernière, quand le ministère (NDLR : en l’occurrence celui de la Mobilité et des Travaux publics) a voulu prendre les choses en main avec le nouveau système des tablettes que ça s’est compliqué. Certaines fois les courses n’apparaissent pas sur l’écran pendant des heures et lorsque nous essayons d’appeler la centrale, il faut attendre très longtemps pour avoir quelqu’un au bout du fil.»
Un constat partagé selon lui par ses collègues et confrères, mais il regrette que «personne n’ose se plaindre. Les chauffeurs ont peur de perdre leur poste. Pourtant, ils ne devraient pas. Ce n’est pas dirigé contre les sociétés qui nous emploient, ils ont beaucoup de difficultés à trouver des chauffeurs et si personne ne parle de ce qui se passe cela ne pourra pas évoluer». Dans son entreprise, ils sont une petite quinzaine de salariés à assurer le roulement pour conduire la dizaine de véhicules consacrés à l’Adapto.
L’Amiperas qui se fait l’écho de ses membres reprochait aussi au service de transport de personnes handicapées de ne pas toujours les aider à monter et descendre. Là-dessus, le chauffeur est catégorique : «Moi, je demande toujours si la personne a besoin d’aide, car certains tiennent à faire les choses par elles-mêmes.» Bien sûr, P. A. ne peut pas connaître la façon dont ses collègues et confrères gèrent les passagers.
Lui et ses confrères ont reçu au départ une formation d’une journée pour apprendre à rouler et attacher une chaise roulante dans le véhicule. «Quand il s’agit d’une personne non voyante j’ai l’habitude, je lui donne le bras, mais certaines fois nous avons à faire à des personnes qui ont des handicaps trop lourds. Elles devraient alors avoir un accompagnateur. Je ne peux pas faire le travail d’infirmier. Par exemple une personne qui est incapable de soulever une jambe et que je dois totalement porter, ce n’est pas possible. Je ne connais pas les bons gestes et ce n’est pas mon rôle. Qu’est-ce qui se passe si je la laisse tomber? D’une part je suis responsable et d’autre part ce sont des gens déjà fragiles, une chute pourrait être terrible pour eux.»
Des flots d’insultes
Le père de famille raconte un quotidien pas évident. «Je me lève tous les matins vers 4 h 30 et je rentre le soir vers 19 h-20 h. Je travaille entre 12 et 13 heures, cinq jours par semaine, par jour pour un salaire aux alentours de 2 000 euros sans les heures supplémentaires.»
Autant dire que les critiques formulées par les habitués ont amplifié le malaise ressenti par notre témoin et, d’après lui, le reste de la profession. En retour, il a mis un commentaire sur Facebook et tient à réagir car le plus dur à supporter pour cet homme, c’est l’arrogance de certains usagers, voire leur agressivité : «Les insultes ne sont pas rares, elles sont mêmes fréquentes. Plusieurs fois j’ai dû dire à des gens que s’ils ne cessaient pas maintenant de m’injurier, j’arrêterais la camionnette. Ça suffit, je ne fais pas ça pour me faire insulter. On reçoit pour certaines courses des notes avec des instructions précises. Une fois lorsque je me suis stationné à l’endroit exact précisé dans la note et que j’ai ouvert la rampe à un homme en chaise roulante électrique, celui-ci a voulu me montrer où il aurait voulu que je vienne le chercher. Il a insisté pour que je recule jusqu’à cet endroit, mais après lui une autre personne m’attendait et je n’avais donc pas le temps. Lorsque j’ai refusé, il a commencé à me traiter de tous les noms et notamment de « sale français de m… ». En plus, je ne suis même pas français et je suis né au Luxembourg. On nous dit aussi souvent que c’est grâce à eux que nous sommes payés, que nous devons donc faire ce qu’ils nous demandent, mais je rappelle que ce sont aussi mes impôts, nos impôts à tous qui payent ce service. Du coup, certains nous donnent des ordres par exemple : quand on sera arrivés, vous monterez mes valises. Je leur réponds que même si ce n’est pas dans mes attributions, je le ferai volontiers si c’est demandé sur un autre ton. Il arrive également que nous allions sur un rendez-vous et d’attendre la personne 25 minutes ou qu’elle ne vienne jamais. Car si le règlement explique que nous devons arriver dans les 15 minutes, il n’y a rien qui leur impose d’être ponctuel.»
Bien sûr, d’autres personnes au contraire se montrent compréhensives, comme une dame qui a récemment dû patienter très longtemps alors que le chauffeur déposait quelqu’un à Ettelbruck et revenait en pleine heure de pointe dans les embouteillages.
P. A. regrette aussi que certaines courses ne puissent pas être anticipées : «Certains jours, il ne se passe rien pendant 7 heures. L’attente est longue et soudain tout le monde appelle en même temps pour une course de dernière minute avant la fin de mon service. Pourquoi moi je ne peux pas organiser d’emmener mes enfants en fin de journée chez le médecin parce que les gens n’ont pas pu prévoir leur rendez-vous plus tôt? Tout ce que je demande, c’est un peu de respect du ministère en charge de l’organisation de ce service et des usagers.»
Comment ça fonctionne ?
Adapto est un transport spécialisé qui fonctionne comme un transport collectif individualisé. Il est destiné aux citoyens avec un handicap irréversible et uniquement si ce handicap réduit fortement la mobilité. C’est un service occasionnel de transport à la demande, de «trottoir à trottoir» et fonctionne sur commande.
Les enfants peuvent en bénéficier dès l’âge de 12 ans. Pour pouvoir utiliser le transport, une demande doit être introduite via un formulaire, accompagné d’un certificat médical datant de moins de 3 mois. Celui-ci est téléchargeable sur guichet.lu. Si toutes les conditions sont remplies, une carte d’utilisateur est envoyée à l’ayant droit.
Le service fonctionne les dimanches (et jours de fête), les lundis, mardis, mercredis et jeudis de 7 h à 22 h. Les vendredis et samedis de 7 h à 24 h et le 24 décembre de 7 h à 20 h. Les trajets ne peuvent se faire qu’à l’intérieur du Grand-Duché.
Audrey Libiez
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moi j’ai appris à mes 3 enfants de tj dire bonjour poliment aux chauffeurs de bus normaux, sauf que ils ne leur répondent même pas !!!
Les clients adapto coutent 1 fortune a l’etat et aux citoyens payant avec leur impots pour leur transport gratuit 24h/24, 7/7 nonstop. Au lieu de dire merci, ils crient haut et fort et n’ont jamais assez !
Les clients adapto ralent tj, depuis tj et pour tout. Cf les innombrables articles avec leurs réclamations d’ingrats. Meme en limousine dorée payée par les contribuables, ils ralereont encore !!!