Il y a bien sûr le vélodrome qui domine le projet et qui devient enfin palpable. Mais c’est aussi tout un complexe, intelligent et harmonieux.
C’est fini. Plus personne ne chambrera le bourgmestre Steve Reckel avec le dossier vélodrome. Dans sa localité, c’était la blague pour le faire enrager. «Alors, ce vélodrome, ça avance ?», lui lançait le badaud avec un clin d’œil.
Cette fois, Steve Reckel aura une réponse ferme et ne lèvera plus les yeux au ciel en l’implorant. Ce projet de vélodrome, qui lui a fait passer un paquet de nuits blanches, a été adopté à l’unanimité par le conseil communal de la cité thermale après la validation par le Conseil de gouvernement de l’avant-projet de loi du financement du complexe estimé à 55 millions d’euros. Le maire a poussé un grand ouf.
Ce projet est énorme, il offrira au pays une structure moderne, écolo et harmonieuse qui jouxtera le futur lycée, un autre cauchemar pour le maire, en prise avec des difficultés d’achat des terrains manquants. Pour l’heure, il faut se réjouir de toucher du concret avec le vélodrome. «Je suis le maire qui aura le plus endetté sa commune», se plaît-il à répéter depuis longtemps à ses administrés.
Ce qu’il se passe au lieu-dit «Op Gréimelter» est tout un package. Un vélodrome, une école internationale, qui fonctionne pour l’heure dans des bâtiments préfabriqués, et un complexe sportif municipal avec piscine couverte devront être livrés sur ces terres agricoles, entre le stade de foot et l’autoroute de la Sarre.
L’État qui devait à l’origine participer à hauteur de 70 % des frais de construction du vélodrome supportera en définitive 100 % des coûts. «Mais c’est la commune qui avance l’argent», précise Steve Reckel, soit 55 millions pour le vélodrome et 50 millions pour le complexe sportif en partie subventionné par l’État pour son usage mutualisé avec le futur lycée. Toute l’astuce est là.
La construction d’un vélodrome national dans le cadre d’un complexe sportif comprenant aussi un «infield» pouvant servir de terrains de jeu pour le sport scolaire, un hall sportif et une piscine, présente des synergies et, de ce fait, des économies d’échelle significatives. Le lycée et l’infrastructure sportive seront également chauffés par un système de chauffage central commun.
Les plans du vélodrome et du complexe sportif montrent à quel point les architectes (Metaform Architects, les auteurs du pavillon luxembourgeois du Dubai, entre autres, et Mecanoo) ont été sensibles à la nature environnante pour créer un ensemble harmonieux, partiellement enterré, posé sur un socle végétalisé.
Les travaux devront commencer d’ici à la fin de l’année si tout va bien et selon les prévisions de Steve Reckel, le tout sera terminé dans quatre ans.
Une longue attente
Depuis le temps que les cyclistes attendaient ça. En fait, très exactement depuis la disparition en 1966 du vélodrome de Niederkorn. Il y a bien eu une tentative à Cessange qui réclamait avec insistance d’accueillir un vélodrome, mais le projet n’a pu se faire.
Durant toutes ces décennies, le pays aura offert à la scène internationale des grands champions dans la discipline sans disposer d’infrastructure dédiée. Après l’échec de Cessange dû à des problèmes liés à la nature du terrain, la seule commune ayant répondu à l’appel d’offres du gouvernement pour accueillir un vélodrome était Mondorf-les-Bains, en 2010.
Le vélodrome n’est pas seulement utile pour l’entraînement des sportifs accomplis, mais également et surtout pour la formation des jeunes coureurs. «La piste permet, en effet, au cycliste de travailler son placement face aux adversaires, sa vélocité, la maniabilité, son sens tactique, l’aérodynamisme sans oublier l’endurance», font remarquer les auteurs de la loi de financement dans leur exposé des motifs.
L’endurance, Steve Reckel connaît bien. Il lui en a fallu depuis ces quatre dernières années pour finaliser le projet. «J’ai appris à connaître du monde dans les ministères maintenant», dit-il en plaisantant.
Il a frappé à de nombreuses portes, remué ciel et terre pour avancer sur le dossier et quand le conseil a dit oui à l’unanimité la semaine dernière, il a enfin pu souffler.
Ce n’est que la première étape, mais la commune prend maintenant seule en charge les travaux. La silhouette de Steve Reckel se fera donc plus rare dans les ministères. Pour l’instant.
Il lui reste encore le projet du lycée qui tarde à démarrer. Il doit compléter les installations prévues sur le site. Des propriétaires récalcitrants bloquent encore le projet.
Piscine, restaurants, boutiques
Le futur complexe sportif qui comprend le vélodrome doit être construit sur un terrain de 6,2 hectares. Il aura une capacité d’accueil de 4 000 personnes. La piste cycliste sera construite en bois sur 250 mètres de long et de sept mètres de large. En son centre, un infield pouvant se transformer en trois terrains de sport que les élèves pourront utiliser.
Les tribunes sont prévues pour 1 000 places assises et 500 personnes pourront se tenir debout pour assister aux événements que le complexe pourra programmer. La fédération cycliste qui rêvait de ce vélodrome depuis des décennies va finalement l’investir pour y fixer son siège. Elle disposera de bureaux et de salles de réunion aménagés dans le bâtiment.
Cet ensemble ne sera pas exclusivement dédié au sport. Le côté récréatif n’a pas été mis de côté. La piscine disposera de plusieurs bassins de 25 mètres dont un sera équipé de toboggans pour en faire une piscine aventure. Le tout aura une capacité d’accueil de 1 200 visiteurs.
Et comme la natation ça creuse énormément, un restaurant est également prévu sur le site, deux en fait puisqu’il est prévu une brasserie principale avec vue sur le vélodrome et une cafétéria pour la piscine. Il y aura aussi deux cellules commerciales qui proposeront des articles de sport, comme peut l’imaginer le maire, Steve Reckel.
Le projet prévoit la création d’une place publique qui reliera le bâtiment de l’école au reste du complexe. Et un parking de 220 places de stationnement dans une première phase avec une zone kiss-and-ride de 50 places.