Après le succès de son premier spectacle, Dépendance affective, Tristan Lopin confirme son talent avec Irréprochable. Dans ce nouveau stand-up, qu’il présentera sur la scène de l’Aalt Stadhaus, à Differdange, ce vendredi 11 février, il se confie plus que jamais et parvient à nous faire rire de tout, mais aussi à nous faire réfléchir sans être moralisateur sur le monde qui nous entoure. Rencontre.
Vous êtes de retour au Luxembourg, après y avoir déjà joué votre premier spectacle en 2018. Nous allons devenir une étape de chacune de vos tournées ?
Tristan Lopin : J’espère bien. Je garde sincèrement un bon souvenir de mon précédent passage donc je suis très content de revenir. J’attendais simplement et cela depuis un bon moment, que l’on puisse vraiment passer les frontières (il rit).
Le lendemain du spectacle, je partagerai une master class avec des stand-uppers pour les écouter, leur donner un retour, et je pense que ce sera aussi un moment intéressant.
Vous avez écrit ce nouveau spectacle, Irréprochable, en plein confinement. C’était particulier de le faire dans ces conditions ?
C’était particulier pour tout le monde, mais c’était aussi une période propice à l’introspection. Du coup, cela m’a plutôt servi. J’ai pu faire le point sur pas mal de choses et cela m’a permis d’écrire un spectacle un peu plus intime, qui parlerait aux gens de manière différente que le précédent.
Vous parlez donc beaucoup de vous et des questionnements qu’un trentenaire peut avoir ?
Pas seulement. J’aborde aussi pas mal de sujets de société. Ce qui m’est plus intime, ce sont aussi des thématiques, et même des névroses, qui sont assez universelles. Des retours que j’ai pour le moment, je m’aperçois que beaucoup de monde est concerné par ce que je ressens, ce sur quoi je me questionne…
Vous observez notre monde et vous décriez les travers de la société de surconsommation. C’est une prise de conscience ?
J’y pense depuis un bon moment. L’écologie, la consommation à outrance, sont des sujets qui me touchent et qui, surtout, nous concernent tous. Tout en faisant rire les gens, j’essaie aussi de les faire réfléchir.
Est-ce qu’à 35 ans, on a aussi moins de pudeur pour aborder des choses avec plus de profondeur ?
Je pense surtout qu’avec l’expérience, celle de la scène en particulier, on se permet plus de choses, on écrit certainement mieux et on connaît « mieux » comment fonctionne le public. Un premier spectacle, c’est toujours particulier, on est peut-être plus sur la réserve.
Pourquoi avoir appelé ce spectacle Irréprochable ?
Je pense que pendant très longtemps, j’avais très envie de l’être. Je faisais toujours en sorte d’être le garçon bien comme il faut, qui arrondissait les angles et le jour où je me suis aperçu que je ne l’étais pas, je l’ai assumé. Je l’ai accepté et je suis devenu plus heureux. De manière générale, les gens sont dans cette dynamique de vouloir être irréprochable et cela leur pèse.
Parmi les sujets intimes que vous abordez, il y en a de graves, tel que le viol que vous avez subi à l’âge de 13 ans. Comment avez-vous réussi à l’évoquer dans un spectacle d’humour ?
Je crois que c’est surtout en prenant du recul par rapport à mon histoire et par rapport aux faits, et c’est d’autant plus important quand on a vécu des choses difficiles. C’est un peu compliqué, mais j’essaie de prendre de la distance et de voir ce qui peut être risible de cette situation.
Votre producteur n’a rien entendu, ou vu, du spectacle avant la première. C’était une pression supplémentaire ?
Je lui ai proposé de lui lire des choses, mais il voulait vraiment voir le spectacle fini. Cela m’aurait peut-être même rassuré de lui faire découvrir des textes avant mais il a refusé donc cela m’a aussi donné une grande liberté.
Vous communiquez beaucoup via les réseaux sociaux, et en particulier sur Instagram. Quel est votre regard sur la frontière entre la scène et les réseaux ?
J’ai commencé l’humour avant les réseaux sociaux ; pour moi, c’était un moyen de faire la promotion de mon spectacle. Je n’ai pas été comme pas mal d’humoristes qui se font d’abord connaître sur ces outils puis qui vont sur scène. Pour ma part, cela m’a juste permis de gagner en visibilité.
Votre tournée se passe bien, et vous avez notamment rempli plusieurs soirs consécutifs La Cigale, à Paris. Comment vivez-vous ce soutien du public ?
Je suis très flatté, déjà. Cela me montre aussi que le spectacle plaît. Et, pour en revenir aux réseaux sociaux, je crois que d’avoir été ainsi très présent pendant les confinements, et des moments compliqués pour tous, cela a créé ou renforcé un lien. Les gens me suivaient car ils avaient le temps (il rit)! Quand on a ensuite annoncé le spectacle, il y a ensuite eu une bonne dynamique car le public était je crois impatient de le découvrir.
Vous êtes un fan de Britney Spears. Comment regardez-vous ses vidéos souvent très peu habillées depuis que sa tutelle a été levée ?
Elle se lâche et elle a bien raison de faire ce qu’elle veut. Elle a tellement été contrainte que si maintenant, elle a envie de vriller un peu, et que cela lui fait du bien, qu’elle le fasse.
Parmi les vidéos que vous faites récemment sur Instagram, vous en avez mise une en ligne très drôle et dans laquelle vous arrivez dans une soirée où Éric Zemmour se la joue troisième mi-temps. Comment avez-vous eu cette idée?
Je regarde les « stories » de tout le monde, tout simplement pour me tenir au courant. J’ai vu cette vidéo d’Éric Zemmour en mode « je bois des coups avec des gens », dans une ambiance très joviale, et je me suis dit que si je débarquais dans ce genre de soirées, je serais hyper gêné (il rit)… J’ai ensuite cherché un moyen de mettre en avant le malaise. J’ai eu l’idée puis j’ai fait la vidéo en cinq minutes. C’était très spontané.
Entretien avec notre collaborateur Nikolas Lenoir
Irréprochable, de Tristan Lopin. Aalt Stadhaus – Differdange. Vendredi 11 février, 20 h.
Master class de Tristan Lopin. Aalt Stadhaus – Differdange. Samedi 12 février, 14 h.