Une équipe de chirurgie cardiaque de la clinique Claude-Bernard a implanté une bioprothèse mitrale par cathéter à une personne de 75 ans qui n’aurait pu supporter une chirurgie cardiaque classique. Cette technique de pointe n’est encore que très peu développée en France.
Géraud Delesalle retient bien cette date : l’intervention a eu lieu le 17 novembre 2021. Autour du cardiologue-échographiste de la clinique Claude-Bernard, Nicolas Laurent et Maxime Bertram, chirurgiens cardiologues confirment. Ils s’en souviendront probablement encore longtemps de « cette première dans le Grand Est de la France».
«Nous avons implanté une bioprothèse mitrale transcathétée à une patiente de 75 ans.» Ce qui signifie que l’équipe de cardiologie a posé une valve mitrale sans procéder à un protocole classique supposant d’arrêter le cœur et d’ouvrir la cage thoracique.
«La patiente n’avait plus de ressources thérapeutiques, précise Nicolas Laurent. Elle était à bout de souffle, elle parvenait difficilement à achever ses phrases. Il fallait agir vite.»
Une nouvelle procédure
Cette valve mitrale Tendyne® est un procédé très peu utilisé en France. «Quelque 500 patients dans le monde ont bénéficié de cette technique.» En France, seuls quelques centres hospitaliers y ont eu recours à l’instar de Lyon, Rennes et Bordeaux, pour la simple raison que ce dispositif coûte quelque 35 000 € et n’est pas pris en charge, pour l’heure, par la Sécurité sociale.
«Le procédé est accepté en Europe, en France nous pouvons l’utiliser, mais à charge de l’établissement. Il faut attendre des étapes supplémentaires pour que la Haute Autorité de santé valide le projet», détaille Maxime Bertram. «Il s’agit néanmoins d’une avancée importante. Cette nouvelle technologie de remplacement de la valve mitrale native offre une option de traitement sûre et efficace lorsque d’autres ne sont pas disponibles», complète Nicolas Laurent.
Un entraînement préalable
Avant de se rendre au bloc opératoire, l’équipe de chirurgiens et d’anesthésistes s’est retrouvée pour des séances d’entraînement. Auparavant, Géraud Delesalle, le spécialiste de l’échographie cardiaque, avait préparé le terrain. «Il faut avoir si l’anatomie du patient est compatible, scanner pour savoir précisément où passer.» Les échographies en trois dimensions des valves cardiaques sont analysées, scrutées, décortiquées par les spécialistes.
«Pendant deux jours, nous avons fait des simulations, rappelle Nicolas Laurent. Nous avons réalisé neuf fois la procédure. Mercredi, jour de l’intervention, c’était la dixième fois qu’on répétait les mêmes gestes.»
Les chirurgiens ont réalisé une entaille de trois-quatre centimètres sous les côtes de la patiente pour glisser le cathéter dans le cœur par l’apex du ventricule gauche. «L’opération s’est déroulée en une heure. Tout était bien huilé», apprécient les spécialistes.
Et la patiente? «Elle a mis un peu de temps à reprendre son souffle, mais à la dernière visite, elle est venue à pied», sourit Nicolas Laurent.
Anne Rimlinger
(Le Républicain lorrain)