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Espoirs de désescalade en Ukraine


Au tour d'Olaf Scholz, ici, mardi, entre le président français, Emmanuel Macron, et le président polonais, Andrzej Duda, d'essayer de peser dans la résolution de la crise en Ukraine. (Photo : AFP)

Le chancelier allemand Olaf Scholz intensifie ses efforts pour désamorcer la crise autour de l’Ukraine, prenant le relais d’Emmanuel Macron dont l’engagement diplomatique semble ce mercredi porter de premiers résultats, Kiev et Moscou évoquant des signaux positifs.

L’Ukraine a salué mercredi de « vraies chances » de désescalade de la crise avec la Russie après les efforts récents des Européens qui ont envoyé, de l’aveu du Kremlin, des « signaux » positifs ».

« Aujourd’hui il existe de vraies chances pour un règlement diplomatique », s’est félicité à Kiev le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, pour qui la situation reste « tendue, mais sous contrôle ».

Les menaces de sanction « sans précédent » en cas d’attaque de la Russie ainsi que l’intense dialogue ces derniers jours pourraient éloigner le spectre d’une guerre en Europe, veut croire le gouvernement ukrainien.

« Signaux positifs »

« Il y a eu des signaux positifs quant à la décision de l’Ukraine d’agir uniquement sur la base des accords de Minsk, c’est un plus », a de son côté confié le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, évoquant les accords signés en 2015 par Kiev et les séparatistes sous l’égide de Paris, Berlin et Moscou. « Mais nous n’avons pas entendu le président (ukrainien Volodymyr) Zelensky dire qu’il était prêt à s’en occuper rapidement », a-t-il cependant tempéré.

La Russie, qui a accueilli Emmanuel Macron lundi, s’apprête à recevoir à Moscou la cheffe de la diplomatie Liz Truss, pour un voyage de deux jours.

C’est dans ce contexte qu’Olaf Scholz accentue aussi son implication, en réponse aux critiques ces dernières semaines sur sa discrétion et une supposée complaisance à l’égard de Moscou. Après la cheffe du gouvernement danois Mette Frederiksen mercredi après-midi, le successeur d’Angela Merkel recevra jeudi les dirigeants des pays baltes, voisins d’une Russie qui inquiète.

Malgré l’annonce de l’envoi de 350 soldats allemands supplémentaires en Lituanie dans le cadre d’une mission de l’OTAN, les réticences de Berlin à la livraison par l’Estonie d’armes allemandes à Kiev ont créé des crispations ces dernières semaines.

Olaf Scholz le 15 février à Moscou

Après sa visite à Washington lundi, destinée à rassurer les Américains, puis la réunion à Berlin mardi du Triangle de Weimar, formé avec la France et la Pologne, Olaf Scholz avance sur un fil, entre les attentes de ses partenaires occidentaux et la dépendance de l’Allemagne au gaz russe.

Point d’orgue de cette activité diplomatique : une visite très attendue le 15 février d’Olaf Scholz à Vladimir Poutine, la première depuis son élection à la chancellerie début décembre.

L’ombre du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie et l’Allemagne et attend toujours sa certification continue de planer sur les relations entre les deux pays. Le chancelier allemand a ainsi assuré à un groupe de sénateurs américains que le gazoduc « n’irait pas de l’avant » si la Russie envahissait l’Ukraine, a rapporté un élu après la rencontre.

Olaf Scholz, dont le Parti social-démocrate soutient ce chantier pharaonique et dont le mentor, l’ex-chancelier Gerhard Schröder, est candidat au conseil d’administration du géant gazier russe Gazprom, n’avait pas été aussi explicite lors d’une conférence de presse avec Joe Biden. Il s’était contenté d’assurer que Washington et Berlin prendraient « les mêmes mesures » en cas d’invasion russe.

Implication « tardive »

Emmanuel Macron, dont le pays préside actuellement le conseil de l’Union européenne, a assuré mardi avoir obtenu « un double engagement » de l’Ukraine et de la Russie à respecter les accords de Minsk, disant croire en « des solutions concrètes pratiques » pour aboutir à une désescalade.

Une inconnue subsiste cependant quant aux réelles intentions de Vladimir Poutine, qui n’a dit mot lundi des troupes russes massées aux frontières de l’Ukraine, qui alimentent la crainte des Occidentaux d’une invasion du pays.

Le dialogue n’est pas rompu, mais la partie s’annonce ardue pour Olaf Scholz, qui s’est impliqué trop « tardivement » dans la crise alors que son pays exerce la présidence du G7, critique mercredi le quotidien Süddeutsche Zeitung.