Une nouvelle nomenclature de la CNS élargit considérablement le champ d’activité des sages-femmes. Elles pourront désormais accompagner les femmes enceintes tout au long de leur grossesse et lors d’accouchements à domicile.
Des années que les sages-femmes du Luxembourg réclamaient davantage d’attributions pour pouvoir assurer le suivi des futures mamans de A à Z, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays, dont nos voisins belges, allemands et français. Voilà qui est fait : avec la nouvelle nomenclature publiée par la CNS ce 1er février, le champ d’activité des sages-femmes s’élargit considérablement.
Les femmes enceintes pourront faire appel à leurs services durant toute la période prénatale, pour la préparation à la naissance et à la parentalité, mais aussi pour la surveillance de la grossesse et les soins obstétricaux. L’accouchement à domicile avec le soutien d’une sage-femme est aussi prévu par le nouveau règlement, tout comme les consultations liées aux soins post-partum. Le tout, remboursé par la CNS.
Une évolution fondamentale pour Nadine Barthel, la présidente de l’Association luxembourgeoise des sages-femmes (ALSF) : «C’est avant tout une victoire pour les femmes», se réjouit-elle. «Jusqu’ici, leur choix se bornait à trouver un gynécologue et une maternité qui leur conviennent. Désormais, elles pourront bénéficier du suivi par une sage-femme et accoucher ailleurs qu’à l’hôpital si elles le souhaitent. Cette nouvelle nomenclature leur offre de nouvelles options», résume celle qui exerce ce métier depuis plus de 20 ans.
Davantage d’attractivité face à la pénurie
Si ces professionnelles de la naissance se voient confier le volet physiologique du suivi de la future mère, le volet pathologique reste l’apanage des gynécologues-obstétriciens. En clair, à la moindre alerte sur la santé du bébé ou de la maman, elles doivent obligatoirement passer le relais à un médecin.
Selon la présidente de l’ALSF, les atouts de l’accompagnement par une sage-femme sont une certaine proximité avec les patientes et surtout une approche qui les rend actives dans leur maternité : «Nous avons une meilleure compréhension de la transformation du corps des femmes et nous les aidons à trouver en elles leurs propres ressources. Ce qui réduit beaucoup leur stress», note Nadine Barthel.
Si cette nomenclature est une bonne nouvelle pour les mamans, c’en est une aussi pour la profession, qui peine à recruter et compte beaucoup sur ces nouvelles dispositions pour rendre le métier plus attractif : «Le Luxembourg compte environ 230 sages-femmes, dont deux tiers de frontalières. Sans cette main-d’œuvre des pays voisins, la situation serait critique», analyse-t-elle, ajoutant qu’elle aimerait voir plus d’élèves s’orienter vers cette filière alors que les chiffres de la formation stagnent ces dernières années.
Sans doute cela pourrait-il aussi inciter une partie des sages-femmes employées à se lancer en libéral, comme ce fut le cas lors de la dernière révision des tarifs applicables, il y a un an : les effectifs des indépendantes avaient alors doublé, passant de 20 à 40.
Bientôt une «maison de naissance» au Luxembourg ?
Dans les autres pays de la Grande Région, les femmes enceintes peuvent faire le choix d’accoucher au sein de «maisons de naissance» tenues exclusivement par des sages-femmes : à partir du moment où la grossesse ne présente aucun facteur de risque connu, ces structures sans blouse blanche et au décor familier accueillent les futures mères pour un accouchement moins «médicalisé». En général, ces maisons sont accolées à une maternité, pour garantir la sécurité des bébés et des mamans en cas de complication.
Alors que cette tendance n’a émergé que récemment en Belgique et en France, qui comptent respectivement quatre et huit maisons de naissance, il en existe 150 en Allemagne, où ce modèle existe depuis plus de 25 ans. Au Luxembourg, la nouvelle nomenclature en vigueur ouvre la voie à ce type de structure : une nouvelle bataille que les sages-femmes sont prêtes à mener, au service des femmes.